Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française
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C ÔTÉ
LIVRES
Par Jean-Louis Voisin, Michel De Jaeghere, Frédéric Valloire, Charles-
Edouard Couturier, Eric Mension-Rigau, Marie Peltier, Isabelle Schmitz,
Olivia Jan, Philippe Maxence, Henri-Christian Giraud et Geoffroy Caillet
Zarathoustra et sa religion. Michael Stausberg
Grâce à Nietzsche et à son Ainsi parlait Zarathoustra, ce personnage
est connu de tous. Est-il proche du Zarathoustra (ou Zoroastre,
son nom gréco-latin) «historique », «fondateur » d’une très
antique religion ? Très peu, dit cet universitaire allemand, spécialiste
de cette croyance qui compte aujourd’hui quelque 130 000 adeptes
disséminés dans le monde entier, notamment en Iran et en Inde
où ils se nomment «parsis ». D’après des documents écrits, le dieu
que Zarathoustra (peut-être entre 1000 et 800 av. J.-C.) invoquait
et interrogeait s’appelle Ahura Mazdâ, ce qui signifie «maître de sagesse », que les rois
de l’ancienne Perse adoraient. S’agit-il d’une attitude morale fondée sur la lutte du bien
et du mal ou d’une religion avec ses rites, ses préceptes, ses prêtres ? Peut-on en saisir
l’origine ? Questions délicates auxquelles ce petit essai répond avec précision et, autant
que possible, limpidité. J-LV
Les Belles Lettres, 168 pages, 19 €.
La Chute de Babylone, 12 octobre 539 av. J.-C.
Francis Joannès
Cette date du 12 octobre 539 av. J.-C. évoque-t-elle pour vous
un événement majeur ? Une date clé de l’histoire universelle assure
l’auteur, l’un des meilleurs spécialistes de la Mésopotamie antique.
Ce jour-là, Babylone et son empire, celui de Nabuchodonosor,
tombe aux mains des Perses du roi Cyrus. Naît alors l’Empire perse
qui s’étendra de la mer Egée au golfe Persique ! Un séisme, même
si la Babylone que l’on visite dans l’ouvrage survit. Pourquoi en
quelques jours une puissance qui se réclamait d’une antiquité vieille de dix-sept siècles
pour justifier sa prééminence sur l’Orient s’écroule-t-elle ? La responsabilité principale
en revient-elle à Nabonide (556-539 av. J.-C.), son dernier roi, âgé, lettré, archéologue,
réformateur, visionnaire et traditionaliste, dévot et pieux ? Sur cette période trop
délaissée, compliquée parfois, voici un exposé clair et documenté, avec un portrait
fouillé et surprenant du dernier roi. J-LV
Tallandier, 384 pages, 23,50 €.
Les Dix-Mille. Xénophon. Edition établie par Pascal Charvet et Annie Collognat
«Thalassa ! Thalassa ! » : chacun connaît le cri de joie des mercenaires grecs lorsqu’ils
aperçurent, du mont Théchès (au sud de Trapézonte), la mer Noire au-delà du pays
des Macrons. C’était en mai 400 av. J.-C. Leur commandant était Xénophon. Il rapportera
leur épopée, L’Anabase, à travers l’Empire perse, près de 6 000 km, pour aider Cyrus
le Jeune à prendre le pouvoir. Cette traduction se distingue par sa précision, sa légèreté,
sa volonté de rafraîchir le texte sans verser dans la démagogie
(mesures et toponymes grecs sont donnés mais immédiatement
transcrits dans leurs équivalents modernes) et par des annexes
importantes (plans des batailles, place des femmes dans cette
expédition, rencontre avec les Barbares, etc.). Avec, en plus, deux
brillantes introductions : l’une de Stéphane Gompertz, ancien
ambassadeur, sur ce que serait l’expédition des Dix-Mille aujourd’hui,
passant par quatre pays modernes, Grèce, Turquie, Syrie, Irak ; l’autre
des deux traducteurs pour présenter le texte et son auteur. J-LV
Phébus, 640 pages, 28 €.
Libre comme une déesse grecque
Laure de Chantal
«La femme est le meilleur de l’homme » :
les Grecs, les premiers, l’avaient compris.
Normalienne et agrégée de lettres
classiques, Laure de Chantal le montre
en décryptant pour nous avec une rare
finesse quelques-uns de leurs mythes
au fil d’un savoureux voyage dans
la mythologie. Athéna n’est-elle pas
la divinité bienfaisante aux mortels, dans
un Olympe dont les dieux sont le plus
souvent vindicatifs, odieux et injustes ?
Hélène n’avait rien d’une ravissante
idiote : la preuve en est qu’elle parvint
à faire accroire à son époux que Pâris
n’avait enlevé que son double, un simple
simulacre, tandis qu’elle l’avait sagement
attendu, intacte, en Egypte. Antigone
a rendu à l’humanité l’immense service
de poser, par son geste, les bases d’une
organisation politique fondée sur
la Justice, le respect des lois inébranlables
qui échappent à la volonté du pouvoir.
En Iphigénie, mieux encore, la vierge pure
qui souffre et se sacrifie pour un peuple
qu’elle transfigure en le hissant au-dessus
de la discorde et de la barbarie, avant de
renaître comme l’hypostase d’Artémis, est
pressenti, préfiguré, le message du Christ.
En faisant revivre sous nos yeux héroïnes
et déesses, l’auteur fait mieux que la plus
efficace des professions de féminisme :
elle nous offre une méditation savoureuse
sur ce qu’à travers ses figures de femmes,
l’Antiquité continue à nous dire du sens
de nos vies. MDeJ
Stock, 250 pages, 19,50 €.
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