Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française
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CHEVALIER CHRÉTIEN
Ci-contre : Portrait de Charles
Quint, par Barend Van Orley, début
du XVI e siècle (Bourg-en-Bresse,
musée du Monastère royal de Brou).
Page de gauche : Juan Carlos D’Amico,
auteur, avec Alexandra Danet,
de Charles Quint. Un rêve impérial
pour l’Europe, est professeur d’italien
à l’université de Caen-Normandie.
© SOLANUM PHOTOGRAPHISTES. © JEAN-PAUL DUMONTIER/LA COLLECTION.
anachroniques. Charles partageait ces
principesavecdenombreuxaristocrates
etlesprincesdesonépoque,HenriVIIIet
FrançoisI er .EnFrancesurtout,sonimage
a été celle d’un prince peinant à comprendre
les changements institutionnels
en cours. En réalité, il faut nuancer la
notion de rupture entre Moyen Age et
Renaissance. Bien évidemment s’annoncent
de profondes transformations éthiques,
politiques, religieuses et culturelles.
Elles n’effacent pas cependant les
aspirations de l’époque précédente : le
républicanisme savonarolien cohabite
avec la conception machiavélienne du
prince ; l’idée d’une monarchie universelles’opposeauxambitionsterritoriales
et aux tentatives d’indépendance politique
des princes, des ducs et des républiques
; l’idéal de croisade ou la croyance
dans les prophéties demeurent très
ancrés dans l’imaginaire collectif chrétien
et continuent de jouer un rôle de
première importance dans les relations
entre les Etats. Le projet politique de
Charles pouvait susciter des adhésions
parce qu’il renouait avec des attentes
messianiques, toujours vives.
19
h
Espagne, Charles et ses sœurs sont
confiés à leur tante Marguerite, la fille
de Maximilien I er , qui s’installe à Malines.
Il grandit au sein d’une culture aristocratique
moins attachéeàunebonne
formation intellectuelle qu’à l’apprentissage
du maniement des armes. De
nombreux témoignages contemporains
confirment sa dextérité dans ce
domaine où il faisait l’admiration et
la fierté de son grand-père paternel. Il
était fasciné par ce grand-père qui avait
repris à son compte l’héritage laissépar
son beau-père, Charles le Téméraire, et
voulait récupérer les territoires que
les Bourguignons estimaient usurpés
par le roi de France. Pour cela, recouvrer
l’ancien duché de Bourgogne et sa
capitale Dijon fut l’une des préoccupations
premières de Charles pendant
une bonne partie de sa vie.
Est-il homme du passé
avec son côté chevaleresque
et son projet d’un empire
universaliste chrétien ?
Charles garda constamment à l’esprit
les enseignements moraux, chevaleresques
et religieux ainsi que les coutumes
bourguignonnes dans lesquelles il avait
été élevé. Sa ligne de conduite fut pratiquement
toujours en harmonie avec les
idéaux assimilés dans sa jeunesse qui,
malgré un monde en pleine mutation
technologique (diffusion de l’imprimerie
et des armes à feu), n’étaient en rien
Face aux Etats-nations
qui se forment, l’idée
impériale est-elle encore
actuelle ? Et que signifie
alors « empire » ?
Le concept d’empire, à la Renaissance,
était polysémique, très complexe ;
impossible de le définir avec rigueur. La
« monarchie composite » de Charles
Quint et l’idée d’empire qui l’accompagne
en sont un exemple. Son élaboration
liée à une logique juridique, religieuse
et historique dans un ensemble
de territoires qui se pense potentiellement
sans frontières, comme celui de la
république chrétienne, varie sous la
plume des intellectuels contemporains.
Cette création politique originale et