Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française
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L’ESPRIT DES LIEUX
120
H
© RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE DU LOUVRE)/HERVÉ LEWANDOWSKI. © TRIGONART INGENIEURBÜRO PAWEL WOLF/SP.
LA MONTÉE DES EAUX
Ci-contre : Taharqa à genoux
offrant le vin au dieu-faucon Hémen,
bronze, grauwacke (?) plaqué d’or,
bois plaqué d’argent, XXV e dynastie,
règne de Taharqa (Paris, musée
du Louvre). Cet ex-voto fut offert
par le roi Taharqa (690-664 av. J.-C.)
qui, par ses prières, avait obtenu
du dieu un retour à une crue du Nil
normale et avait ainsi sauvé
son peuple de la famine.
derniers Ramsès et à créer la
XXV e dynastie égyptienne ; Napata et
les pharaons qu’elle donna à l’Egypte
et sur lesquels la recherche a considérablement
progressé ces dernières
années ; Napata dont les champs de
fouilles archéologiques ont livré les trésors
présentés à l’exposition.
Son histoire est une épopée. Celle que
raconte le document archéologique
peut-être le plus disert de toute la vallée :
la Stèle triomphale de Piânkhy, haute de
près de 1,77 m, large de 1,45 m, suffisamment
épaisse pour être autoportante,
gravée sur ses quatre faces de
159 lignes de hiéroglyphes. Elle avait
été découverte avec quatre autres stèles
auDjebelBarkal(surlarivedroiteduNil,
à environ 40 km en aval de la quatrième
cataracte) par un officier égyptien en
1862 et acheminée au Caire à la
demande d’Auguste Mariette pour son
premier musée égyptien. Moulée quelques
années plus tard à la demande du
British Museum, c’est sa copie de plâtre
qui sera exposée au Louvre.
On y lit le récit détaillé des faits
d’armes du roi kouchite Piânkhy Meriamon,
quand, vers 720 av. J.-C., se
jugeant prédestiné, il lança ses armées
à la conquête de la vallée du Nil depuis
son fief de Napata, s’empara des capitales
des différents royaumes qui s’en
disputaient les contours, Thèbes, Hermopolis,
Héracléopolis, Memphis, soumit
leurs pharaons, leurs roitelets et
leurs chefs. On y découvre le détail des
forces en présence, les tactiques de
siège, les massacres, les butins, les
retournements d’alliance et les ambassades,
les princesses envoyées obtenir
des alliances, les cadeaux, les dévotions
et les fêtes. Représentés à genoux
dans le cintre de la stèle, les vaincus baisent
le sol devant leur vainqueur qui
rend hommage au dieu dynastique,
Amon. De l’Egypte pharaonique, les
princes du pays de Kouch avaient
adopté tout le panthéon, les formes
politiques et économiques, l’art, ses
codes et ses représentations, lorsqu’ils
étaient encore sous la domination des
Thoutmosides et des Ramsès, quelques
années plus tôt.
C’est au pied de la Montagne-Pure du
Djebel Barkal, piton rocheux planté
devant un relief tabulaire de 100 m de