Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française
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© PHOTOPQR/LA MONTAGNE/STÉPHANIE PARA/MAXPPP. PHOTOS : © PATRICK ZACHMANN/MAGNUM PHOTOS.
historiques chargé de la cathédrale,
Philippe Villeneuve, les quatre grands
soufflets qui seront restaurés à la colle
chaude cet été (il faut qu’il fasse au moins
20 °C dans la cathédrale pour que la colle
ne se fige pas trop vite), les grands tuyaux
de façade, dont le métal, trop mou,
risquerait de s’aplatir lors du transport,
ainsi qu’une trentaine de grands tuyaux
en bois qui seront descendus un par
un sur l’échafaudage, restaurés et remis
en place en octobre 2022.
Un grand orgue historique comme
celui de Notre-Dame est une machine très
complexe : c’est le seul de France qui
était entretenu par un facteur d’orgues
spécifiquement affecté à sa maintenance,
avec des visites très fréquentes, bien
plus que les deux interventions annuelles
dont bénéficient au mieux la plupart
des instruments. La dernière restauration
datait de 2014 et les sommiers avaient
été restaurés en 1992. Quant aux travaux
actuels, ils devraient tenir jusqu’à la fin
du siècle. Sur les quelque 8 000 orgues
de France, 1 600 environ sont classés ou
inscrits aux Monuments historiques, mais
«le grand orgue de Notre-Dame est à lui
tout seul un résumé de l’histoire de l’orgue,
explique Christian Lutz. Lors des travaux
de 1992, plusieurs tuyaux en métal
visiblement antérieurs au XVIII e siècle – bien
que difficile à dater – ont été retrouvés
cachés au fond de la pédale. Peut-être sontils
des vestiges de l’orgue gothique du
XV e siècle, et dans ce cas-là, ce sont les plus
anciens tuyaux d’orgue de France. »
Si un orgue est mentionné dès 1198
dans la cathédrale, ce n’est qu’en 1357 que
la présence d’un instrument accroché
en nid d’hirondelle au mur de la nef est
attestée. Dès 1403, le duc de Berry fit
construire un orgue gothique par son
facteur d’orgues, Frédéric Schambantz,
sur la tribune de pierre placée sous la rosace
occidentale, à l’emplacement du grand
orgue actuel. Dans sa partie inférieure
un soleil tournait et un automate jouait,
dit-on. Remanié plusieurs fois au cours du
XVII e siècle, il resta tout de même en place
jusqu’à ce que l’organiste Antoine Calvière
obtienne des chanoines de la cathédrale
un nouvel instrument, construit entre
1731 et 1733 par François Thierry et dont
le buffet classique à cinq tourelles et
quelques tuyaux sont parvenus jusqu’à
nous. Transformé à nouveau par François-
Henri Clicquot entre 1784 et 1788,
il traversa la période révolutionnaire sans
autre outrage que la suppression
des fleurs de lys du buffet.
«A chaque fois que le grand orgue
était reconstruit, une partie de l’instrument
précédent était réemployée, principalement
pour des raisons budgétaires, précise
Christian Lutz. Ce fut encore le cas pour
Aristide Cavaillé-Coll, qui a construit l’orgue
actuel en 1868, même s’il a réussi, malgré
les contraintes d’argent et les instructions
d’Eugène Viollet-le-Duc, à installer
un orgue à cinq claviers particulièrement
novateur pour l’époque ! »
Une fois ce grand orgue chargé
d’histoire remonté à l’automne 2023, une
tâche fondamentale restera à accomplir :
l’harmoniser. L’équipe d’harmonistes,
parmi lesquels Charles Sarelot et Bertrand
Cattiaux, qui, lui, veille sur le grand orgue
depuis quarante ans, va se relayer de nuit
pendant six mois pour pouvoir travailler
dans le silence et la concentration. Ils vont
régler les 7 952 tuyaux un par un, pour
que chacun ait le même timbre, la même
intensité que ses voisins, et que sa hauteur
de son dans la gamme soit juste. Alors
seulement, lorsque l’instrument se mettra
à chanter sous les voûtes de Notre-Dame,
tous les organologues et facteurs, à Paris,
à Lodève, à Saint-Didier ou à Liourdres,
sauront si la restauration est un succès.2
● Le samedi 2 avril, le village des métiers d’art
du chantier sera présent de 11 h à 17 h au Collège
des Bernardins, avec le soutien de la Fondation
Bettencourt Schueller. Gratuit et sans réservation.
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au lieu
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