Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française
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ACTUALITÉ DE L’HISTOIRE
28
h
L’Or et la Pourpre à la cour
de Byzance (X e siècle). Michel Kaplan
La France possède une brillante équipe de
byzantinistes mal connue. Voici l’occasion
de faire sa connaissance. Cet essai bien écrit,
clair, pourvu d’un glossaire (indispensable),
met en valeur deux caractères de l’Empire
byzantin : la constante prégnance de
l’idéologie impériale, à savoir la conviction
que l’empereur est le lieutenant de Dieu
sur terre, et sa manifestation la plus nette et
la plus spectaculaire, le cérémonial de cour.
Ce dernier est connu grâce à un écrit de
l’empereur Constantin VII Porphyrogénète
(913-959), Le Livre des cérémonies. L’ouvrage
de cet intellectuel couronné nous ouvre
le grand palais de Constantinople, permet
d’assister au fonctionnement de la vie
de cour, très codifiée, de l’hippodrome
à Sainte-Sophie, et de côtoyer les courtisans
obnubilés par les dignités et les richesses.
Une conclusion s’impose : rouage essentiel
du pouvoir, la Cour se révèle un système
d’une efficacité hors du commun
qui perdure onze siècles ! FV
Les Belles Lettres, « Realia », 256 pages, 25 €.
Harald à la dent bleue.
Viking, roi, chrétien. Lucie Malbos
Si son surnom «Bluetooth » est aujourd’hui
mondialement connu, l’histoire de
Harald I er , roi des Danois au temps des
Vikings, est quant à elle méconnue et voilée
d’incertitudes. Unificateur du Danemark
au X e siècle, initiateur du christianisme
sur sa terre, il arrima, par son œuvre
politique, économique et culturelle, le pays
au monde européen. Pour tirer de l’oubli
le bâtisseur du Danemark, Lucie Malbos
s’adonne à une véritable fouille au cœur
des rares documents écrits, mais aussi
de l’archéologie, des inscriptions runiques
et des monnaies ; elle en extrait
une synthèse rigoureuse
du règne de Harald I er ,
étayée de cartes, de plans
et d’un cahier central
d’illustrations, qui saura
satisfaire les rêveurs
et les curieux du «monde
du Nord ». C-EC
Passés Composés, 288 pages, 22 €.
Tristan et Iseut. Un remède à l’amour. Michel Zink
On connaît la légende. Iseut doit épouser le roi Marc, oncle de Tristan. De sa mère,
elle a reçu un philtre que devront boire les deux époux au soir de leurs noces.
Mais Tristan et Iseut le boivent et sont immédiatement saisis d’une passion irrésistible
l’un pour l’autre. Grand spécialiste de la littérature médiévale, Michel Zink procède
à une relecture contextualisée de cette légende en s’appuyant sur l’analyse très fine
des multiples œuvres qui, à partir de 1170, racontent, avec des variantes, l’histoire
de cet amour transgressif. Il nous montre cette légende telle que la voyait le Moyen
Age, moins comme un modèle d’amants parfaits, invention du XIX e siècle portée
à son faîte par le génie de Wagner, que comme un remède à l’amour. Ainsi le philtre,
loin de ressembler à un anneau de mariage, est perçu comme une contrainte exercée
sur l’amour. Si les deux héros souffrent, ils usent de mille ruses et stratagèmes pour
se retrouver clandestinement et parer aux délations. Certes, Marie de France, avec
son Lai du chèvrefeuille, a la tendresse de prêter à Tristan un amour conforme aux
règles de la fin’amor, mais les troubadours et Chrétien de Troyes portent un jugement
plus réservé sur cet amour déraisonnable et inquiétant. Une allègre promenade
dans l’imaginaire médiéval, alliant l’humour à l’érudition. EM-R
Stock, 180 pages, 18,50 €.
Les Derniers Païens. Les Baltes face aux chrétiens,
XIII e -XVIII e siècle. Sylvain Gouguenheim
L’auteur a le chic pour dénicher des sujets méconnus. Qui avant
lui s’était penché en France sur cette question ? En un mot, une terre
inconnue. Tout y est nouveau, tout est à apprendre, telle l’existence
du grand-duché de Lituanie qui s’étend entre Baltique et mer Noire,
principauté dirigée par des païens aux XIII e et XIV e siècles, un cas
unique en Europe. Ignorés de l’Antiquité, ces peuples (Prusses, Lives,
Lettons, Lituaniens) se fixent à la fin du XII e siècle dans l’espace
actuel des pays Baltes. Dépourvus d’écriture, ils ne sont connus que par des missionnaires,
des marchands et surtout à partir du XIII e siècle par les récits de leurs conquérants,
les chevaliers teutoniques dont Gouguenheim est le spécialiste. Pour approcher leur
mythologie, reconstituer leurs croyances et leur survie, leur mode de vie, le médiéviste
devient ethnologue. Transformation réussie : on le suit par curiosité, puis avec passion. FV
Passés Composés, 448 pages, 24 €.
Jeanne d’Arc. Héroïne diffamée et martyre. Claude Gauvard
De Jeanne, de son procès et de son mythe, tout semble déjà connu :
l’ingratitude de Charles VII, l’iniquité du jugement, la haine des
Anglais et la cruauté de Cauchon, la ferveur populaire, l’héroïsme
d’une sainte, le courage d’une guerrière… Et pourtant, tout est
nouveau sous la plume limpide et haletante de Claude Gauvard,
qui examine les racines de la légende au plus près de ses sources.
Condensé indispensable d’une historiographie qui tient du roman
policier, de l’épopée et de l’hagiographie, cet opus, qui commence
habilement par la fin, est loin d’être un livre de plus dans la bibliographie johannique.
Il en est un chef-d’œuvre. Et si l’auteur confesse en conclusion qu’il «est difficile d’écrire
sur Jeanne d’Arc », elle démontre avec brio qu’il est facile – et plaisant – de la lire. MP
Gallimard, « L’Esprit de la cité », 192 pages, 18 €.