Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française
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unique en son temps fut un véritable
laboratoire politique de l’Europe
moderne. Ni utopique ni anachronique,
elle oblige à revoir le « paradigme étatiste
» qui avait poussé les historiens à
la considérer comme une survivance
condamnée à une extinction rapide. A
cette construction historiographique
s’oppose celle de son éternel rival, François
I er , qui apparaissait déjà comme le
souverain d’un Etat moderne. Or, en
quoi consiste la formation des Etatsnations
? S’il s’agit d’un principe de centralisation
administrative, ce phénomène
était présent bien avant le début
du XVI e siècle. En revanche, si par Etat
moderne on se réfère à la séparation des
pouvoirs législatif, exécutif ou judiciaire,
nous en sommes loin. En réalité, l’on
parle encore de république chrétienne,
le pape tient un rôle prédominant dans
les relations avec les princes chrétiens, il
est question d’investitures et de conflits
entre le souverain pontife et l’empereur,
questions d’un temps qu’on pense
souvent révolu. La lutte pour la couronne
impériale concerne Charles
Quint, Henri VIII et François I er qui tous
perçoivent leur pouvoir au travers d’un
« prisme médiéval ». Ainsi, les thuriféraires
de François I er affirment que le roi
de France veut conduire une croisade en
tant que « fils aîné de l’Eglise », reconquérir
tous les territoires qui revenaient
de droit à son royaume et qu’il ne vivrait
en paix que lorsque toute la république
chrétienne serait assujettie à son pouvoir,commeàl’époquedeCharlemagne.
La guerre de plus de trente
ans entre François I er et
Charles serait-elle justifiée ?
Dans la première moitié du XVI e siècle,
la politique nationale des Etats et leur
politique d’expansion sont surtout guidées
par des alliances matrimoniales,
© AKG-IMAGES. © AKG-IMAGES/ERICH LESSING.
des intérêts dynastiques et des revendications
familiales sur d’anciennes
possessions. Charles rêvait de reconquérir
toutes les terres de Bourgogne
que Louis XI avait arrachées à sa grandmère
paternelle, Marie de Bourgogne,
la fille du Téméraire. Il considérait aussi
que les royaumes de Naples et de Sicile
lui appartenaient en tant qu’héritier de
Ferdinand le Catholique, et qu’il avait
le duché de Milan sous son pouvoir en
tant qu’empereurduSaintEmpire.Toutefois,
la « vérité historique » de Charles
n’était pas celle de François I er qui
donnait une interprétation diamétralement
opposée des événements.
Comme Charles, François I er voulait
le royaume de Naples et le duché de
Milan sans parler du duché de Bourgogne
qu’il considérait comme acquis
au royaume de France. Ni l’un ni l’autre
n’aurait renoncé aux territoires qu’ils
estimaient leur appartenir. Leur honneur,
leur réputation, leur prestige et
leur renommée auraient été affaiblis
aux yeux de leurs enfants et des différentes
classes de la société. En outre, le
règne d’un souverain devait s’inscrire
dans le respect de ses ancêtres et de sa
tradition dynastique. Sans compromis
satisfaisant, seules les armes étaient
capables de dénouer une telle situation.
Une «bonne guerre » valait mieux
qu’une « mauvaise paix ». Si les princes
électeurs allemands et les batailles en
Italie avaient récompensé François I er
par des victoires, il se serait volontiers
rangé derrière la nécessité d’administrer
une monarchie française composite
avec à sa tête les membres de sa
famille ou des familles aristocratiques
alliées des Valois. Cependant, la défaite
à l’élection impériale et les guerres en
Italie donnèrent raison à Charles. C’est
donc à lui que revint la tâche de gérer ce
conglomérat d’Etats hétérogènes en
utilisant des membres de sa famille et
des clientèles impériales.
Vous insistez
sur les problèmes
de communication
qu’a rencontrés