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Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française

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E XPOSITIONS

Par François-Joseph Ambroselli

La comédie

ACTUALITÉ DE L’HISTOIRE

34

h

© THE RAMSBURY MANOR FOUNDATION/SP.

Au musée Cognacq-Jay, une exposition nous initie à la touche

pleine d’humour et de tendresse de Boilly, fin observateur

de la société parisienne de Louis XVI à Louis-Philippe.

Ala fureur de la grande histoire, il

préféra le spectacle émouvant de la

petite. Né en 1761, Louis-Léopold

Boilly avait été un spectateur attentif de

tous les bouleversements que connut Paris

au tournant du XIX e siècle. Il avait vu les

révolutionnaires mettre à bas la royauté, un

jeune militaire ambitieux s’emparer du pouvoir

et fonder son propre empire, les Bourbons

revenir aux Tuileries après une vingtaine

d’années d’absence. Il n’en peignit rien.

Les fracas des armes et les intrigues politiciennes

ne l’intéressaient guère. Lui aimait

pénétrer dans les cabarets où les hommes

du peuple jouaient aux cartes, buvaient sec

et tentaient de voler des baisers aux servantes.

Il osait s’immiscer dans les boudoirs des

quartiers cossus, où de belles dames à la

peau nacrée se laissaient séduire par de jeunes

gandins. Il flânait dans la grande ville

pour rencontrer, au hasard des rues, cette

foule d’ouvriers et de petits commerçants

tentant de forcer l’entrée d’un théâtre un

jour de représentation gratuite, ou cette

famille bourgeoise traversant prudemment

une rue boueuse sur l’une de ces planches

quedespasseursdisposaient surla chaussée

lorsqu’ilpleuvaitdru.Ilnemanquaitpasune

minute de la distribution gratuite de vin et

de vivres qui avait lieu chaque année aux

Champs-Elysées, le jour de la Saint-Louis : il

s’y amusait à observer les indigents s’écharpant

pour obtenir la meilleure part, se grimpant

dessus, se molestant, sous les regards

déconcertés des passants aisés.

humaine

Toutes ces œuvres pleines d’humour et

de tendresse sont aujourd’hui rassemblées

au musée Cognacq-Jay et témoignent du

talent et delaluciditédecepetitmaître qui,

selon les mots de Jacques Foucart, conservateur

des Musées nationaux, sut inventer

un «Grand Style à sa manière ».2

« Boilly (1761-1845). Chroniques parisiennes »,

jusqu’au 26 juin 2022. Musée Cognacq-Jay,

75003 Paris. Ouvert du mardi au dimanche de

10 h à 18 h. Tarifs : 8 €/6 €. Rens. : 01 40 27 07 21 ;

www.museecognacqjay.paris.fr

Catalogue, Paris Musées, 160 pages, 29,90 €.

LES GUIGNOLS En 1832, Boilly peignit

des badauds attroupés devant l’un

de ces spectacles de Polichinelle qui

s’installaient jadis au hasard des rues (cidessus,

Wiltshire, The Ramsbury Manor

Foundation). Page de droite, de haut en bas :

tête dite de «Bénévent », 50 av. J.-C.-

50 apr. J.-C. (Paris, musée du Louvre) ;

visière de casque dite «masque de

Montherlant », I er siècle (Saint-Germainen-Laye,

musée d’Archéologie nationale) ;

Sainte Suzanne, par Jean de Chartres,

vers 1500-1503 (Paris, musée du Louvre).

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