Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française
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D ICTIONNAIRE DES PERSONNAGES
Par Guillaume Zeller
Des
hommes
tourmente
dansla
Hommes politiques et militaires,
partisans de l’Algérie française
et dirigeants du FLN, ils sont
les protagonistes de la fin de cette
« guerre sans nom » qui aboutit
à l’indépendance.
CHARLES DE GAULLE
(LILLE, 1890-COLOMBEY-LES-DEUX-ÉGLISES, 1970)
A deux reprises, en juin 1943 et en mai 1958, l’Algérie est le tremplin duquel
s’élance le général De Gaulle pour accomplir ses desseins politiques. La première
fois, en plein conflit mondial, il y fonde avec Giraud le Comité français de libération
nationale (CFLN), dont il va prendre la tête. La seconde fois, il y fait canaliser à son avantage
les manifestants algérois pour s’imposer comme recours naturel d’un pays englué dans
la crise politique. Toute la première partie de son itinéraire le tient pourtant éloigné de l’Afrique
du Nord. Né dans une famille de juristes, fantassin, formé à Saint-Cyr (promotion de Fès,
1909-1912), influencé par Barrès et Péguy, il est marqué par sa détention en Allemagne, après
sa capture à Douaumont en mars 1916. Durant l’entre-deux-guerres – période marquée
par sa proximité avec le maréchal Pétain – les problématiques continentales sont au cœur de
ses préoccupations, comme le révèlent les thèmes de son ouvrage Vers l’armée de métier (1934),
dans lequel il propose une audacieuse doctrine d’emploi des blindés. La débâcle de 1940
bouleverse tous les référents. Charles De Gaulle pressent le rôle capital que peuvent jouer les
possessions coloniales contre l’Axe, comme en témoigne l’appel du 18 Juin («la France n’est
pas seule ! (…) Elle a un vaste empire derrière elle »). De fait, de nombreux territoires ultramarins
rejoignent la France libre. En contrepartie, dès la conférence de Brazzaville de janvier 1944,
il laisse entrevoir aux peuples concernés la possibilité à terme de «participer chez eux à la gestion
de leurs propres affaires ». Cette perspective se concrétise après son retour au pouvoir en
mai 1958, à l’issue de la traversée du désert qui a suivi la Libération. La plupart des Etats africains
décident en effet de quitter la Communauté française au cours de l’année 1960. L’Algérie est
un cas à part. Après avoir déclaré qu’elle était «organiquement une terre française, aujourd’hui
et pour toujours », à Oran en juin 1958, il promeut une «Algérie algérienne » deux ans plus
tard, lors de son allocution du 14 juin 1960. Après l’indépendance, profitant de la dynamique
des Trente Glorieuses, Charles De Gaulle dirige un pays prospère, mais il ne prend pas la mesure
des changements qui travaillent la société et conduisent à Mai 68. Démissionnaire après
l’échec du référendum de 1969, il s’éteint dans sa propriété de La Boisserie en novembre 1970.