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Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française

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TOURNÉE DES POPOTES Page de gauche : le général Salan saluant la foule depuis le balcon du Gouvernement général d’Alger, le 15 mai

1958, deux jours après le coup d’Etat des partisans de l’Algérie française. L’événement va précipiter l’arrivée de De Gaulle au pouvoir et

la fin de la IV e République. Ci-dessus : le général De Gaulle en visite à Zemmora, le 30 août 1959. Durant sa tournée d’inspection des zones

d’opérations en Algérie, De Gaulle assura ses officiers que les rumeurs d’abandon de l’Algérie étaient infondées. Deux semaines plus tard,

le 16 septembre, il prononcera le célèbre discours dans lequel il évoqua pour la première fois le principe de l’autodétermination de l’Algérie.

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h

© AFP. © KEYSTONE-FRANCE/GAMMA RAPHO.

De Gaulle allait se conjuguer à la révolte d’une partie de l’armée

et entraîner un conflit armé contre les forces loyalistes qui,

s’ajoutant aux exactions du FLN, devait plonger l’Algérie française

finissante dans un chaos final indescriptible en 1962.

Un conflit fratricide en gestation

Les prémices de cette guerre crépusculaire se profilent cinq

ansplustôt.Le16janvier1957àAlger,ungroupusculecontreterroriste

qui lutte contre le FLN tente d’assassiner le général

Salan, commandant supérieur en Algérie. Le futur chef de

l’OAS aurait été un « bradeur de l’Algérie française » ! Salan

échappe de peu à ce tir de bazooka artisanal. Mais ce jour-là, un

de ses subordonnés, le commandant Rodier, devient la première

victime du conflit fratricide en gestation.

Un an plus tard, le 13 mai 1958, l’invasion du bâtiment du

Gouvernement général de l’Algérie par des manifestants

pieds-noirs engendre une situation de double pouvoir. D’un

côté de la Méditerranée, Alger est aux mains des partisans de

l’Algérie française et des militaires. De l’autre, à Paris, le gouvernement

est frappé d’impuissance. Exploitant la menace

de la guerre civile, De Gaulle saura profiter de la crise. Mais

dans une ambiguïté complète puisque, dès le mois suivant, il

arrive au pouvoir au nom d’une politique « Algérie française » à

laquelle il ne croit guère, voire pas du tout.

La Constitution de la V e République approuvée le 28 septembre

par voie référendaire (82,60 % de « oui » en général dont

96,58 % en Algérie), De Gaulle semble pourtant orienter son

action dans le sens de l’Algérie française avec l’ambitieux programme

de modernisation du pays dit « plan de Constantine ».

A la place de Salan, limogé de façon expéditive, il nomme le

général Challe nouveau commandant en chef le 12 décembre

1958. Doté de moyens importants, celui-ci va mettre en œuvre

le plan qui porte son nom en réduisant de près des trois quarts,

par un enchaînement méthodique d’opérations de nettoyage,

région par région, la taille des maquis FLN.

Pour imposer par paliers une ligne allant vers l’indépendance,

au contraire de ce qu’il a promis, De Gaulle a besoin de

temps. Il va donc s’avancer masqué. De sorte que la guerre

d’Algérie durera finalement un peu plus longtemps sous lui

que sous la IV e République. Cette prolongation du conflit

arrange le FLN. Organisation de combat d’abord minoritaire,

même si elle s’appuie sur certaines populations prêtes à payer

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