Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française
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EN COUVERTURE
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h
Les guerresdites de« décolonisation» furent desguerres civiles
entre colonisés autant que des guerres contre le colonisateur.
En Indochine, le Viêt-minh assassina dès 1945 ses
rivaux nationalistes ou trotskistes de façon à régner seul sur le
camp antifrançais. Le même phénomène se manifesta en Algérie.
Les « frontistes » du Front de libération nationale (FLN)
s’acharnèrent ainsi sur les « messalistes », fidèles au vieux leader
nationaliste Messali Hadj. Entre 1954 et 1962, cette guerre
algéro-algérienne devait faire 4 000 morts des deux côtés en
France métropolitaine et au moins 6 000 en Algérie.
Les Algériens engagés du côté français, soit les harkis (supplétifsdel’armée),lesmoghaznis(supplétifsdessectionsadministrativesspécialisées,lesSAS,etdessectionsadministratives
urbaines), mais aussi les soldats des régiments de tirailleurs,
des commandos de chasse, les membres des groupes d’autodéfense
ou des groupes mobiles de sécurité, furent également
partieprenantedecetteguerrefratricide.Plusnombreuxqueles
frontistes, dont les effectifs ne dépassèrent jamais les 40 000 à
50 000 maquisards dans des conditions il est vrai difficiles face
à une armée régulière puissante, ils n’avaient pas pour point
commun le rejet de l’indépendance en soi, mais le refus tripal de
l’indépendance avec le FLN, synonyme pour eux de règne de la
terreur. On sait comment la France allait les abandonner.
La singularité du conflit algérien, c’est qu’en parallèle de ces
guerres entre Algériens pro et anti-FLN, il engendra aussi deux
guerres du côté français. La première est la guerre menée par
les gauchistes membres des réseaux de soutien au FLN contre
la France. Par choix idéologique, ces Français, étudiants sursitaires
souvent, et ces Françaises, non assujetties au service
militaire, se firent les « porteurs de valises » du FLN : argent de
l’impôt révolutionnaire, mais aussi explosifs, armes, plans
d’attentats. Quant aux militants européens du Parti communiste
algérien, auxiliaires précieux du FLN pendant la bataille
d’Alger de 1956-1957, ils se considéraient comme algériens.
Réprimés par les frontistes après l’indépendance, certains
viendront néanmoins se réfugier en France.
La seconde guerre franco-française opposa les loyalistes,
fidèles aux autorités légales, aux partisans les plus déterminés
de l’Algérie française, parmi lesquels, à partir de 1961, les militants
de l’Organisation armée secrète, l’OAS. Cette deuxième
guerre d’Algérie fut l’aboutissement d’un long processus de
montée aux extrêmes, redevable pour une part aux méthodes
duFLN.Assassinats,mutilations,torturesavaient,dèsl’origine,
témoigné d’une violence au confluent du fanatisme religieux et
delastratégiefrontistedeguerretotale.Enface,ilfallutcompter
avec la répression, souvent très dure, menée par l’armée française
: les « bidons spéciaux » (de napalm), la torture pour obtenirdesrenseignements,lesexécutionssommaires–lotfréquent
des guerres de contre-guérilla et de contre-terrorisme. Le tout
aboutit à une réaction en chaîne, la radicalité d’un adversaire
entraînant celle de l’autre. Dans ce contexte, le raidissement de
certains Européens d’Algérie contre la politique du général