Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française
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ENTRETIEN AVEC JUAN CARLOS D’AMICO
Propos recueillis par Frédéric Valloire
L’
Europe rêvée
de
CharlesQuint
ACTUALITÉ DE L’HISTOIRE
18
h
Fruit de plusieurs années de recherches de deux
spécialistes de Charles Quint, une nouvelle biographie
de l’empereur remet en perspective son grand projet
européen d’empire universel chrétien.
Pour présenter l’empereur
Charles Quint (1500-1558) lors
d’une conférence à l’université
de Salamanque, son descendant, Otto
de Habsbourg (1912-2011), soulignait :
«Le thème est trop profond et trop
faibles sont les forces d’un seul homme,
pour enfermer dans le cadre d’une
brève étude la figure monumentale
du grand souverain. Pour lui rendre
justice, pour comprendre sa grandeur,
fût-ce de manière approximative,
il faudrait décrire tout son siècle, ce qu’il
a signifié pour l’Occident, pour l’Eglise,
pour l’empire, pour le monde. »
Car affronter le seul prince de son temps
qui couche par écrit ses problèmes,
ses idées, ses angoisses est œuvre
de titan. D’autant qu’il a la plume
facile, travaille avec ardeur, règne
longtemps, assume des responsabilités
multiples et écrasantes et passe
le quart de sa vie à cheminer, à cheval
ou en litière, par toutes les routes,
toutes les mers et tous les temps,
de Gand à Séville, de Vienne à Alger,
de Messine à Londres. Aussi est-ce avec
curiosité que l’on suit l’entrée en lice
de deux universitaires peu connus : Juan
Carlos D’Amico est italien et enseigne
sa langue maternelle à l’université
de Caen ; Alexandra Danet, agrégée
d’espagnol, diffuse sa connaissance
du monde hispanique à l’Institut
d’études politiques de Paris. Le premier
avait étudié le renouveau du mythe
impérial en Italie au XVI e siècle ;
la seconde s’était spécialisée dans
les relations entre les Etats italiens et
l’Espagne au XVII e siècle. En 2007, un
colloque les a réunis autour de Charles
Quint. Décision est alors prise d’écrire
à quatre mains cette biographie en
insistant sur la dimension européenne
de Charles Quint. Le résultat ?
A la hauteur de l’ambition. Sans l’ombre
d’un doute, leur Charles Quint peut
rivaliser avec ceux écrits par d’illustres
devanciers, tels Pierre Chaunu
et Michèle Escamilla (Fayard, 2000),
Denis Crouzet (Odile Jacob, 2016).
Duc, roi, empereur ?
Quelles sont les grandes
dates à retenir de la vie
mouvementée de cet
« empereur nomade » ?
Quelle est sa formation ?
Il est né le 24 février 1500 au palais
Prinsenhof, à Gand. Il meurt le 21 septembre
1558 au monastère de Yuste,
en Estrémadure. Un parcours géographique
qui résume presque sa vie. Duc
de Bourgogne, depuis 1506 (après la
disparition prématurée de son père
Philippe le Beau), Charles est proclamé
roi de Castille et d’Aragon en 1516, à la
mort de son grand-père maternel, Ferdinand
le Catholique, même si l’héritière
légitime du trône était sa mère
Jeanne, passée à la postérité comme
« Jeanne la Folle ». Ensuite, en 1520,
après la mort de son grand-père paternel
Maximilien I er , il est élu empereur à
Francfort et couronné roi des Romains
à Aix-la-Chapelle. Finalement, avec le
couronnement de Bologne de 1530
par les mains du pape Clément VII, il
devient empereur des Romains. S’il
apprend ainsi l’art de régner et si, après
chaque élévation à un rang supérieur,
la tâche politique qui lui incombe se
révèle de plus en plus herculéenne, sa
formation a commencé dès l’enfance.
Leur père mort, leur mère enfermée en