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Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française

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SOUS CONTRAT Page de gauche : des harkis et des chasseurs alpins en 1959. Ci-dessus : les harkis du 158 e bataillon d’infanterie

du secteur de Mascara, en 1961. Les harkas, ou unités supplétives de l’armée française, ont été créées en 1956. Elles étaient chargées

de compléter la sécurité territoriale et de participer aux opérations locales. A leur plus haut niveau, les supplétifs musulmans, recrutés

par contrat, représentaient 153 500 hommes, dont environ 63 000 participaient aux opérations militaires, 62 000 assuraient la sécurité

des villages isolés, 20 000 protégeaient les sections administratives spécialisées (SAS) et 8 500 formaient des groupes mobiles de sécurité.

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h

levées « pour des opérations déterminées et pour un temps

limité » et « dans le cadre local ». Les harkis, initialement équipés

de fusils de chasse, sont progressivement dotés d’armes

de guerre qui doivent être rendues après chaque opération.

Lemot«harki»,denosjours,estdevenuuntermegénérique.

Durant la guerre d’Algérie, il existera en réalité plusieurs catégories

de supplétifs musulmans de l’armée française. Outre

les harkis proprement dits, il faudra compter avec les groupes

mobiles de police rurale (GMPR), devenus en 1958 les groupes

mobiles de sécurité (GMS) et relevant de l’autorité civile ;

les sections administratives spécialisées (SAS) étaient en

outre protégées chacune par un maghzen de 25 à 30 moghaznis.

GMS et moghaznis étaient engagés par contrats de six

mois. La dernière catégorie de supplétifs était représentée par

les groupes d’autodéfense (GAD), qui assuraient la garde statique

des douars, armés de fusils de chasse ou de vieux fusils

Lebel, et n’étaient pas rémunérés.

Selon Mohand Hamoumou, fils de harki et auteur d’une

thèse de sociologie sur le sujet (Et ils sont devenus harkis,

Fayard, 1993), l’engagement des supplétifs répondait à des

motivations complexes. La majorité d’entre eux faisaient

confiance à l’armée pour faire évoluer l’Algérie. Certains pensaient

que l’autonomie, puis l’indépendance du pays, étaient

inéluctables, mais pouvaient être obtenues avec la France,

non contre elle. D’aucuns s’étaient engagés pour bénéficier

d’un revenu, mais au regard des risques encourus, les rétributions

étaient modiques. On ne peut ignorer que certains ont

été poussés à s’engager par des officiers français, mais le faible

nombre de désertions prouvera que leur décision était le

plus souvent volontaire. Beaucoup d’engagements étaient

paradoxalement provoqués par le FLN, dont la violence rejeta

dans le camp français les musulmans qui en avaient été victimes.

Au sein des supplétifs servaient aussi d’anciens militants

FLN ralliés à la France, tels les membres du commando Georges,

d’autant plus redoutés qu’ils se montraient sans pitié à

l’égard de leurs anciens compagnons.

A leur plus haut niveau, les supplétifs musulmans représentaient

153 500 hommes : près de 63 000 harkis qui participaient

aux opérations militaires mais assuraient aussi des

tâches de logistique et d’intendance, 62 000 volontaires des

groupes d’autodéfense assurant la sécurité des villages isolés,

près de 20 000 moghaznis chargés de la protection des SAS,

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