Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française
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GEORGES BIDAULT (MOULINS, 1899-CAMBO-LES-BAINS, 1983)
Avec le colonel Roger Ceccaldi, le colonel Pierre Chateau-Jobert et Horace Savelli, Georges Bidault
est l’un des quatre Compagnons de la Libération à avoir fait le choix de l’illégalité pour s’opposer
à la politique algérienne du général De Gaulle. Cet agrégé d’histoire – il est reçu premier en 1925,
la même année que Louis Joxe – est l’une des figures les plus prestigieuses des partisans de l’Algérie
française. Professeur à Valenciennes, à Reims puis à Paris durant l’entre-deux-guerres, il s’engage
au sein de l’Association catholique de la jeunesse française et collabore au journal L’Aube, organe
majeur de la démocratie chrétienne, dont il devient rédacteur en chef. Engagé volontaire en 1940,
fait prisonnier, il est libéré, s’établit à Lyon et rejoint le mouvement Combat. En septembre 1943,
il succède à Jean Moulin à la tête du Conseil national de la Résistance. Le 26 août 1944, il descend les
Champs-Elysées aux côtés du général De Gaulle dans Paris à peine libéré. De juin à décembre 1946,
il préside le GPRF. Membre fondateur du Mouvement républicain populaire (MRP), Georges Bidault
est un acteur essentiel de la vie politique sous la IV e République, à Matignon et au Quai d’Orsay
en particulier. Rallié dès le 14 mai 1958 au général De Gaulle, il n’accepte pas l’inflexion de sa politique
algérienne. Dès 1959, il prend la direction du Rassemblement pour l’Algérie française (RAF) puis,
en juin 1960, il est avec Jacques Soustelle l’un des animateurs du Comité de Vincennes. En mars 1962,
il passe dans la clandestinité. A Rome, avec Antoine Argoud, Pierre Sergent et Jacques Soustelle,
il fonde un nouveau «Conseil national de la Résistance », également connu sous l’acronyme OAS-
CNR, dont il prend la présidence, adoubé par le général Salan qui a été arrêté en avril. Ce mouvement
se révèle peu efficace et s’étiole. Georges Bidault finit par quitter l’Europe et s’exile au Brésil.
Il ne reviendra en France qu’en juin 1968. Quinze ans plus tard, à l’issue de ses obsèques aux Invalides,
il recevra les honneurs militaires réservés aux chefs d’Etat.
ILLUSTRATIONS : © SÉBASTIEN DANGUY DES DÉSERTS POUR LE FIGARO HISTOIRE.
PIERRE SERGENT (SÈVRES, 1926-PERPIGNAN, 1992)
Prototype du «centurion » décrit par Jean Lartéguy, Pierre Sergent est issu d’un milieu aisé. Lycéen à Paris sous l’Occupation, il s’indigne
très tôt du statut des Juifs qui touche plusieurs de ses camarades et s’engage dans la Résistance, au corps franc Liberté. En 1944, au cours
des combats de la Libération, on le retrouve dans le maquis de Sologne où les Allemands portent des coups très durs à son groupe.
Après la victoire, il décide de préparer Saint-Cyr dont il sort en 1949 (promotion Rhin et Danube). Il choisit la Légion et se retrouve
en Algérie où il ronge son frein, attendant avec impatience de rejoindre l’Indochine. Il doit attendre avril 1952 pour parvenir à ses fins.
Affecté au 1 er bataillon étranger de parachutistes, il participe dès le mois de juillet aux affrontements les plus durs, dont la défense
du camp retranché de Na San à l’automne. Grièvement blessé dans une embuscade en mai 1953, il est évacué en métropole. Pendant
sa convalescence, il apprend avec amertume la chute de Diên Biên Phu et la
destruction quasi complète
de son unité. De retour en Algérie en 1954, il est affecté à la 1 re compagnie
saharienne portée de Légion
étrangère avec laquelle il arpente l’immensité du Sahara. Au bout de deux années,
il prend le commandement
d’une compagnie du 1 er régiment étranger de parachutistes. La situation en
Algérie l’inquiète, mais
les événements du 13 mai 1958 lui redonnent espoir. Espoir fugace. Il est
muté en métropole.
En avril 1961, il rejoint clandestinement l’Algérie pour
participer au putsch.
Après l’échec, il prend la tête de l’OAS-Métro
(métropolitaine)
et participe à la création du CNR. Condamné à mort par
contumace, il demeure
en exil tout en effectuant de fréquents séjours
clandestins en France.
Amnistié à l’été 1968, il publie de nombreux livres
(dont Je ne regrette
rien en 1972) et entame une carrière politique,
d’abord au Centre
national des indépendants et paysans (CNIP)
puis au Front
national dont il est élu député en 1986. «Vous
avez été un de nos
amis parmi les plus exceptionnels, parmi les plus valeureux »,
dira de lui Hélie Denoix de Saint Marc lors de
ses obsèques.
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