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Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française

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L’ESPRIT DES LIEUX

122

H

DIVINE ADORATRICE

Ci-contre : Sphinx de Chépénoupet II,

granit noir, XXV e dynastie (Berlin,

Staatliche Museen zu Berlin).

Fille du roi Piânkhy, la princesse

Chépénoupet II assuma la haute

fonction de divine adoratrice

d’Amon sous le règne de son

frère Taharqa, ce qui lui valut,

notamment, d’être représentée

sous la forme d’un sphinx.

© BPK, BERLIN, DIST. RMNGRAND PALAIS/JÜRGEN LIEPE/SP. © THE TRUSTEES OF THE BRITISH MUSEUM/AURIMAGES.

La conquête faite, le roi Piânkhy s’en

était retourné à Napata. Chabataka

(713-705 av. J.-C.) lui avait succédé,

qui dut chasser de Memphis le maître

de Saïs insoumise, Bocchoris, brûlé vif

en représailles. Puis Chabaka (705-

690 av. J.-C.) et surtout Taharqa (690-

664 av. J.-C.), grand bâtisseur, dont le

règne a laissé les témoignages les plus

imposants de la marque kouchite sur

l’Egypte, malgré ses fragilités, la sécession

progressive des villes du Delta, Saïs

en tête, et la pression des Assyriens.

Ces nouveaux pharaons qui règnent

sur Memphis et sur Thèbes, s’ils ont pris

tous les atours de leurs prédécesseurs

égyptiens, les mêmes couronnes, les

mêmes attributs, ont aussi leurs signes

distinctifs, tel le collier à trois têtes

criocéphales(têtesdebélier)del’Amon

nubien, la coiffe kouchite, sorte de

calotte accompagnée d’un large bandeau

noué derrière la tête et dont les

pans retombent sur les épaules du roi,

auquel est accroché le double uræus,

les deux cobras aux queues entrelacées

; les cornes de bélier d’Amon, qui

manifestent sa maîtrise sur les crues du

Nil, ou encore la couronne d’Onouris et

ses quatre hautes plumes de faucon. Ce

sont ces attributs que portent les nombreuses

représentations en bronze du

roi à genoux, en position d’offrande,

retrouvées notamment à Kawa, ou

l’Enseigne divine au sphinx du roi

Taharqa debout sur un pavois, du

musée du Louvre. Le plus bel exemple

en est certainement la précieuse statuette

du Louvre figurant Taharqa à

genoux qui offre le vin au dieu faucon

Hémen, plaqué d’or, un cobra dressé

entre ses pattes.

A Thèbes, capitale des dieux, les

Kouchites ne dérogent pas à la règle qui

veut que chaque nouveau pharaon légitime

son pouvoir en embellissant Karnak,

le temple du dieu Amon, caution

divine de leur autorité. La liste de leurs

constructions est impressionnante :

Trésor de Chabaka, cinq colonnades de

Taharqa, chapelles à la glorification

d’Osiris, Edifice de Taharqa du Lac…

Pour l’exposition, Jean-Claude Golvin

en a reconstitué de jolies vues aquarellées,

avec l’aide d’archéologues ayant

travaillé sur place. D’une chapelle de

grès située au sud-est du lac sacré de

Karnak proviennent les deux reliefs du

Staatliche Museen de Berlin, où sont

représentés le roi et la déesse Mout,

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