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Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française

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ILLUSTRATIONS : © SÉBASTIEN DANGUY DES DÉSERTS POUR LE FIGARO HISTOIRE.

De son vrai nom Mohamed Zamoum, Si Salah est le fils

d’un instituteur. Secrétaire de mairie dans un village de Kabylie,

il rejoint les rangs de l’Organisation spéciale du MTLD pour

laquelle il détourne des cachets et tampons, ce qui le conduit en

prison en 1953. Libéré, il participe à la Toussaint rouge. Après trois

ans de clandestinité, il est appelé à rejoindre l’ALN extérieure

au Maroc, puis il est nommé en mai 1959 à la tête de la wilaya IV

qui s’étend de la Kabylie à l’Ouarsenis peu après les purges

sanglantes consécutives à la «Bleuite ». Malgré ce coup sévère,

le commandement militaire français continue de porter

la plus grande attention à cette zone stratégique que vient

balayer l’opération «Courroie » dans le cadre du plan Challe

au printemps 1959. Les hommes de Si Salah sont éreintés

par ces coups de boutoir. Leur moral est au plus bas. Ils se sentent

abandonnés de tous, en particulier de l’ALN extérieure qui

ne les approvisionne plus et dont Si Salah en personne a eu un

aperçu des dissensions. L’idée de saisir l’offre de «paix des braves »,

proposée par le général De Gaulle en octobre 1958, cristallise

dans son esprit. A l’issue d’une série de contacts ultrasecrets,

un rendez-vous est organisé à l’Elysée. Les perspectives sont,

il faut le dire, colossales, puisque, outre la wilaya IV, Si Salah est en

mesure d’entraîner dans sa démarche la wilaya III. Le 10 juin 1960

au soir, accompagné de ses adjoints Si Lakhdar et Si Mohammed,

SI SALAH (AÏN TAYA, 1928-M’CHEDALLAH, 1961)

il rencontre le président de la République dans son bureau.

Le général De Gaulle les écoute avec attention, leur explique qu’il

veut continuer parallèlement à négocier avec le GPRA et les

raccompagne sans leur serrer la main. La proposition de Si Salah

restera finalement lettre morte. Le GPRA est même averti des

tractations en cours par le garde des Sceaux, Edmond Michelet,

ce qui conduit à des purges sévères. Le 20 juillet 1961, sur

le chemin de la Tunisie où il a été convoqué, Si Salah est abattu

dans une mystérieuse embuscade sur laquelle pèsent encore

des interrogations nombreuses.

À LIRE de Guillaume Zeller

Oran,

5 juillet 1962.

Un massacre oublié

Tallandier

« Texto »

224 pages

8,50 €

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