Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française
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Voyage au cœur de l’OAS
Olivier Dard
Aujourd’hui encore, l’OAS garde
une part de son mystère. Un pan en est
levé ici par l’exploitation des archives
de la branche algéroise, même si d’autres
composantes ne sont pas laissées de côté.
Issue de trois sources – des pieds-noirs, des
militaires et des militants nationalistes –,
l’organisation clandestine a buté sur trois
écueils : le FLN, la volonté de De Gaulle
d’abandonner l’Algérie et l’hostilité d’une
majorité de métropolitains. Créée en 1961,
revigorée par l’échec du putsch d’Alger,
l’OAS se révèle surtout une constellation
d’engagements et d’individualités,
réunis, non sans tensions, pour un combat
de la dernière chance. PM
Perrin, « Tempus », 2011, 544 pages, 11 €.
OAS. Histoire d’une guerre
franco-française. Rémi Kauffer
Leur noyau dur n’allait jamais dépasser
les 1 000 personnes. Trop peu pour
renverser le pouvoir, mais assez pour
faire près de 1 500 morts en quinze mois.
De 1961 à 1962, l’Organisation armée
secrète, présidée par Salan, allait rendre
coup pour coup au FLN, aux gaullistes
et aux partis de gauche. Rémi Kauffer
démêle les nœuds de cette organisation
disparate, composée d’aristocrates
et d’étudiants, de pétainistes et d’anciens
résistants, d’ex-communistes et de
fascistes galonnés, tous rassemblés pour
que vive l’Algérie française. Une histoire
tragique racontée comme un thriller,
faite de rancœurs et d’amertumes,
de déceptions et de trahisons, où l’on tue
les vivants pour venger les morts. F-JA
Seuil, 2002, 456 pages, 22,80 €.
Un formidable système répressif. Grégoire Finidori
Il n’allait reculer devant rien. Ni devant la moralité, ni devant la loi. Dès son arrivée
au pouvoir en 1958, De Gaulle considérait l’Algérie française comme «une ruineuse
utopie ». Avançant d’abord masqué, il dévoila en quelques mois ses véritables
intentions et répondit à la «vague de stupeurs et de fureurs » par l’instauration de
juridictions d’exception dont Grégoire Finidori, ancien conseiller à la Cour de cassation,
livre ici un remarquable compte rendu : Haut Tribunal militaire, «petit » tribunal
militaire, tribunal de l’ordre public, Cour militaire de justice… Autant d’instances
«plutôt faites pour condamner que pour juger », comme le souligne l’auteur. F-JA
Dominique Martin Morin, 2022, 450 pages, 28,50 €.
Des harkis envoyés à la mort. Fatima Besnaci-Lancou
Si l’on connaît assez bien le sort des harkis qui ont pu se réfugier
en France ou qui furent assassinés sitôt les accords d’Evian signés,
celui qui leur fut réservé par l’Algérie indépendante l’est beaucoup
moins. Appuyé sur l’étude des archives inédites de la mission
effectuée sur place par le Comité international de la Croix-Rouge
et sur des témoignages, le travail de l’auteur l’éclaire tragiquement :
prison, torture, travaux forcés, massacres au mépris des engagements
pris par l’Algérie. Quand les derniers de ces dizaines de milliers de harkis quitteront
les geôles algériennes en 1969, ce sera pour une «mort civile » évidente. Poignant. GC
Editions de l’Atelier, 2014, 224 pages, 22 €.
1961-2021 : 60 ans au service des oubliés de l’histoire
Secours de France
Fondé en 1961 par Clara Lanzi, le Secours de France est né
de la tragédie algérienne. Il y puise son souffle et sa raison d’être :
l’aide matérielle et morale à «toutes les victimes de leur foi en
la Patrie », prisonniers politiques, harkis et pieds-noirs. A l’occasion
de ses 60 ans, l’association publie ce livre rempli de documents
historiques et de témoignages signés Hélie de Saint Marc, Michel
Déon, Malika Sorel ou Boualem Sansal, tout vibrants d’une histoire
de sang et de larmes, mais plus encore d’un sens de l’honneur et de la fraternité propre
à racheter la somme de lâchetés engendrées par la fin de cette guerre. GC
Baribal, 2021, 130 pages. Pour se procurer le livre : contact@secoursdefrance.com ; 01 46 37 55 13.
Officiers perdus. Gilles Hustaix
Ils avaient cru en De Gaulle parce qu’ils l’avaient suivi en 1940 ; ils avaient combattu
en Indochine avant de devoir abandonner leurs supplétifs. Ils n’avaient pas supporté
la déception que leur avait infligée l’homme du 18 Juin en livrant l’Algérie à ceux-là
mêmes qu’ils avaient, sur ses ordres, et au prix de la vie de tant de camarades,
militairement vaincus ; ils n’avaient pas voulu revivre le déshonneur et la
honte. Fils de l’un de ces officiers perdus, saint-cyrien au parcours exemplaire
qui bascula, lors du putsch d’Alger, dans la sédition militaire, Gilles Hustaix
raconte ici l’histoire de son père et de quelques-uns de ses amis dans un roman
qui mobilise ses souvenirs de famille pour renouer avec l’univers de Jean
Lartéguy. On y sent passer le souffle de la guerre en même que la chaleur des
amitiés indéfectibles, des plaines du Vietnam à la prison de Fresnes, en passant
par un djebel qui fut pour quelques-uns l’un des noms de l’amour. MDeJ
2021, 284 pages, 21,10 €. Sur Amazon.
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