Hoeï-lan-ki, ou l'Histoire du Cercle de Craie - Chine ancienne
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Le cercle <strong>de</strong> craie<br />
MADAME TCHANG<br />
Je ne gar<strong>de</strong> point ma fille 81 dans ma maison p<strong>ou</strong>r qu’elle m’attire<br />
chaque j<strong>ou</strong>r <strong>de</strong>s querelles. Mais quand elle sera mariée, je p<strong>ou</strong>rrai vivre<br />
enfin exempte <strong>de</strong> tr<strong>ou</strong>ble et d’alarme. Cependant, Seigneur, comme<br />
v<strong>ou</strong>s avez avec v<strong>ou</strong>s une femme <strong>du</strong> premier rang, je crains que ma fille<br />
ne reçoive d’elle <strong>de</strong>s insultes et <strong>de</strong> mauvais traitements, dès qu’elle aura<br />
mis le pied dans la chambre nuptiale. En ce p.007 cas, j’aimerais mieux<br />
qu’elle restât encore avec moi. Quand j’aurai 82 , Seigneur, éclairci les<br />
d<strong>ou</strong>tes qui m’arrêtent, je consentirai <strong>de</strong> grand cœur à votre mariage.<br />
LE SEIGNEUR MA<br />
Soyez tranquille, Madame ; ma femme légitime 83 est aussi<br />
incapable que moi <strong>de</strong> tenir une pareille con<strong>du</strong>ite. Ma<strong>de</strong>moiselle votre<br />
fille ne sera pas plutôt entrée chez moi, que madame Ma la regar<strong>de</strong>ra<br />
comme sa propre sœur, et que moi-même, nonobstant son rang<br />
secondaire 84 , je la laisserai j<strong>ou</strong>ir <strong>de</strong>s mêmes prérogatives qu’elle. Mais<br />
si Haï-tang vient à mettre au mon<strong>de</strong> un fils, dès ce moment elle sera<br />
chargée seule 85 <strong>de</strong> la direction <strong>de</strong> la maison. Ainsi, Madame, ne v<strong>ou</strong>s<br />
livrez plus à aucune inquiétu<strong>de</strong>.<br />
81 (Fol. 4 r, l. 1) Litt. : Droite et gauche, c’est-à-dire, v<strong>ou</strong>s qui m’ent<strong>ou</strong>rez, p<strong>ou</strong>r que la<br />
présence <strong>de</strong> ma fille dans ma maison ne m’attire pas plus longtemps <strong>de</strong> semblables<br />
scènes, j’attends qu’elle soit mariée.<br />
82 (Fol. 4 r, l. 5) Litt. : Je veux en parler clairement avec le Y<strong>ou</strong>en-waï.<br />
83 (Fol. 4 r, l. 6) Litt. : Non-seulement Ma-<strong>ki</strong>un-k’ing n’est pas <strong>de</strong> cette espèce <strong>de</strong> gens,<br />
mais même ma femme légitime n’est pas <strong>de</strong> cette espèce <strong>de</strong> gens.<br />
84 (Fol. 4 r, l. 8) Litt. : Je ne mettrai aucune différence entre la gran<strong>de</strong> et la petite ,<br />
c’est-à-dire, entre la première et la secon<strong>de</strong> femme.<br />
85 (Fol. 4 r, l. 9) Les expressions composées <strong>ki</strong>a-y<strong>ou</strong>en, <strong>ki</strong>a-<strong>ki</strong>, (vulgo : maison-cause,<br />
maison-calcul : 5398, 12559, 5398, 5336) que les dictionnaires n’expliquent point,<br />
signifient, je crois, les effets mobiliers et les valeurs pécuniaires, qui sont placés s<strong>ou</strong>s la<br />
direction <strong>de</strong> madame Ma. J’ai été con<strong>du</strong>it à ce sens par la comparaison <strong>de</strong>s passages<br />
suivants. La même phrase se tr<strong>ou</strong>ve plus bas, fol. 11, recto, l. 8, et verso, l. 2 ; mais,<br />
au lieu <strong>de</strong> <strong>ki</strong>a-y<strong>ou</strong>en, <strong>ki</strong>a-<strong>ki</strong>, l’auteur met, p<strong>ou</strong>r équivalent, <strong>ki</strong>a-sse (5398, 9678)<br />
littéralement : choses <strong>ou</strong> propriétés particulières qui se tr<strong>ou</strong>vent dans la maison. Dans<br />
la pièce 94, intitulée Ho-<strong>lan</strong>g-tan, fol. 9 v, Li-yen-ho dit : "Le feu a consumé ma maison<br />
et t<strong>ou</strong>tes ses dépendances ; mon or, mon argent, et mon papier monnaie." Son fils Litch’un-<strong>lan</strong>g,<br />
exprimant plus bas la même pensée, emploie les mots <strong>ki</strong>a-y<strong>ou</strong>en, <strong>ki</strong>a-<strong>ki</strong>,<br />
au lieu <strong>de</strong>s mots or, argent, papier monnaie (fol. 28 r, l. 2). Voy. aussi la pièce 8,<br />
intitulée Ho-han-chan, fol. 21 v, l. 9, et fol. 22 r, l. 1, etc. Dans ce <strong>de</strong>rnier passage,<br />
Tchang-i, qui est également ruiné par l'incendie, se sert <strong>de</strong> ces mêmes expressions,<br />
p<strong>ou</strong>r dire t<strong>ou</strong>t son avoir, t<strong>ou</strong>s ses effets, qui ont été consumés par le feu.<br />
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