Hoeï-lan-ki, ou l'Histoire du Cercle de Craie - Chine ancienne
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Le cercle <strong>de</strong> craie<br />
MADAME MA<br />
Seigneur, si v<strong>ou</strong>s ne m’eussiez point questionnée à ce sujet, je me<br />
serais bien gardée <strong>de</strong> v<strong>ou</strong>s en <strong>ou</strong>vrir la b<strong>ou</strong>che. Parce qu’elle v<strong>ou</strong>s a<br />
donné un fils, v<strong>ou</strong>s la comblez <strong>de</strong> bontés, et v<strong>ou</strong>s avez p<strong>ou</strong>r elle une<br />
con<strong>de</strong>scendance qui passe t<strong>ou</strong>tes les bornes. Qui aurait pensé qu’à<br />
votre insu, elle aurait entretenu un amant, et qu’elle n’aurait cessé<br />
d’avoir avec lui les relations les plus criminelles ? Auj<strong>ou</strong>rd’hui pendant<br />
que j’étais sortie avec le seigneur Ma p<strong>ou</strong>r brûler <strong>de</strong>s parfums dans<br />
t<strong>ou</strong>tes les chapelles, elle a donné à son amant ces robes et ces<br />
ornements <strong>de</strong> tête. Au moment où elle cherchait d’autres vêtements et<br />
une n<strong>ou</strong>velle parure <strong>de</strong> tête, je suis entrée t<strong>ou</strong>t d’un c<strong>ou</strong>p, et j’ai<br />
déc<strong>ou</strong>vert l’intrigue, malgré les efforts qu’elle faisait p<strong>ou</strong>r cacher son<br />
tr<strong>ou</strong>ble et réparer le désordre où elle se tr<strong>ou</strong>vait. C’est moi qui n’ai<br />
point v<strong>ou</strong>lu permettre qu’elle fît une n<strong>ou</strong>velle toilette 150 , et j’ai atten<strong>du</strong><br />
l’arrivée <strong>du</strong> seigneur Ma, afin qu’il la traitât lui même comme elle le<br />
mérite. Ce n’est point que je sois p.027 jal<strong>ou</strong>se d’elle ; elle ne peut<br />
imputer qu’à elle-même le sort qui l’attend.<br />
LE SEIGNEUR MA<br />
Ainsi donc Haï-tang a donné à un amant ses robes et ses ornements<br />
<strong>de</strong> tête ! On voit bien que c’est une personne naturellement<br />
dépravée 151 . Oui, cette con<strong>du</strong>ite indigne me fera m<strong>ou</strong>rir <strong>de</strong> d<strong>ou</strong>leur !<br />
(Il appelle Haï-tang et la frappe). — Je veux t’assommer, vile créature,<br />
qui violes ainsi les <strong>de</strong>voirs les plus sacrés.<br />
MADAME MA (excitant son mari)<br />
Seigneur, frappez, frappez ! c’est bien fait ! Que v<strong>ou</strong>lez-v<strong>ou</strong>s faire<br />
d’une misérable qui déshonore votre maison ? Allons, il faut la tuer <strong>de</strong><br />
c<strong>ou</strong>ps.<br />
150 (Fol. 14 r, l. 8) Litt. Qu’elle revêtît <strong>de</strong> n<strong>ou</strong>veau <strong>de</strong>s robes, et qu’elle mît une<br />
secon<strong>de</strong> fois <strong>de</strong>s ornements <strong>de</strong> tête.<br />
151 (Fol. 14 v, l. 2) Mot à mot : "Une personne <strong>du</strong> milieu <strong>du</strong> vent et <strong>de</strong> la p<strong>ou</strong>ssière".<br />
L’expression composée fong-tch’in (vent-p<strong>ou</strong>ssière : 2758, 1011), signifiant débauche,<br />
dérèglement <strong>de</strong> mœurs, ne se tr<strong>ou</strong>ve dans aucun dictionnaire.<br />
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