Hoeï-lan-ki, ou l'Histoire du Cercle de Craie - Chine ancienne
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Le cercle <strong>de</strong> craie<br />
SCÈNE VIII<br />
MADAME MA ET HAÏ-TANG<br />
MADAME MA (apercevant Haï-tang)<br />
Haï-tang, je viens <strong>de</strong> donner à ton frère les robes et les ornements<br />
<strong>de</strong> tête que tu m’as remis.<br />
HAÏ-TANG (la remerciant)<br />
Je les avais reçus 147 <strong>de</strong> madame <strong>de</strong>puis que je suis avec elle. Je ne<br />
crains qu’une chose, c’est que le seigneur Ma 148 ne me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce<br />
que j’en ai fait. Dans ce cas, Madame j’espère que v<strong>ou</strong>s v<strong>ou</strong>drez bien<br />
prendre ma défense.<br />
p.025<br />
MADAME MA<br />
Sans aucun d<strong>ou</strong>te. Repose-toi sur moi.<br />
(Haï-tang sort)<br />
147 (Fol. 13 v, l. 2) La lecture <strong>de</strong> plusieurs passages analogues m’engage à changer<br />
cette interprétation et à tra<strong>du</strong>ire : "Ah ! Madame, v<strong>ou</strong>s me ren<strong>de</strong>z la vie. Mais je crains<br />
une chose."<br />
La difficulté <strong>de</strong> ce passage rési<strong>de</strong> dans les mots seng-che<strong>ou</strong> (8812, 9353), où le régime<br />
précè<strong>de</strong> le verbe au lieu d’être placé après lui. En effet, suivant les règles <strong>de</strong> la<br />
construction chinoise, il faudrait écrire che<strong>ou</strong>-seng, "recevoir la vie", et non pas sengche<strong>ou</strong>,<br />
"la vie-recevoir", et plus littéralement : "vivre-recevoir" (car rien n’indique que<br />
le mot seng est le régime direct <strong>du</strong> verbe che<strong>ou</strong>, et doit, par conséquent, être pris<br />
substantivement). Je dois cette rectification à la lecture d’un passage <strong>du</strong> Li-<strong>ki</strong>, qui offre<br />
<strong>de</strong>ux exemples <strong>de</strong> cette transposition <strong>de</strong> régime, avec ce même verbe recevoir. Liv. 11,<br />
fol. 4, verso, édit. impériale. Mot à mot : P<strong>ou</strong>rquoi-dignité-avec-habits-recevoir ; charchevaux-pas-recevoir.<br />
C’est-à-dire : "P<strong>ou</strong>rquoi reçoit-il la dignité et les habits, et ne<br />
reçoit-il pas le char et les chevaux ?" J’ai tr<strong>ou</strong>vé dans le Li-<strong>ki</strong> <strong>de</strong>ux autres transpositions<br />
<strong>du</strong> même genre avec <strong>de</strong>s verbes différents. Li-<strong>ki</strong>, liv. 1, fol. 27 v, l.5 : hoan-hio (4309,<br />
3728), au lieu <strong>de</strong> hio-hoan, "étudier la magistrature, les <strong>de</strong>voirs <strong>du</strong> magistrat." Ibid. liv.<br />
1, fol. 19 r, l. 6 : p<strong>ou</strong>-ts’e-feï (8701, 11316, 2321), au lieu <strong>de</strong> p<strong>ou</strong>-feï-ts’e, "ne pas faire<br />
une vaine dépense <strong>de</strong> paroles".<br />
L’expression seng-che<strong>ou</strong>, "recevoir la vie", se tr<strong>ou</strong>ve, avec le même sens, dans la pièce<br />
94, intitulée Ho-<strong>lan</strong>-tan, fol. 19 v, l. 1, où Tchang-san-k<strong>ou</strong>, qui porte à Ho-nan-f<strong>ou</strong> les<br />
ossements <strong>de</strong> son bienfaiteur, s’arrête p<strong>ou</strong>r <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le chemin qu’elle doit suivre. "Ce<br />
chemin, dit-elle, se divise en trois branches ; je ne sais laquelle prendre. Interrogeons<br />
quelqu’un. (Apercevant Li-yen-ho :) Oserais-je v<strong>ou</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r, mon frère, si c’est là la<br />
r<strong>ou</strong>te qui con<strong>du</strong>it à Ho-nan-f<strong>ou</strong> ? — Li-yen-ho : Justement. — Tchang-san-k<strong>ou</strong> : Lequel<br />
<strong>de</strong> ces trois sentiers faut-il prendre ? — Li-yen-ho : Prenez le sentier <strong>du</strong> milieu. —<br />
Tchang-san-k<strong>ou</strong> : Mon frère, v<strong>ou</strong>s me ren<strong>de</strong>z la vie (seng che<strong>ou</strong>)." Voy. aussi Lo-li<strong>lan</strong>g,<br />
pièce 90, fol. 22 v, l. 8.<br />
148 (Fol. 13 v, l. 2) Litt. : C’est que le Y<strong>ou</strong>en-waï ne m’interroge, quand il sera revenu.<br />
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