Hoeï-lan-ki, ou l'Histoire du Cercle de Craie - Chine ancienne
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Le cercle <strong>de</strong> craie<br />
ACTE SECOND<br />
SCÈNE I<br />
(La scène se passe au tribunal <strong>de</strong> Tching-tche<strong>ou</strong>.)<br />
SOU-CHUN ET PLUSIEURS PERSONNES DE SA SUITE<br />
p.039 Je suis le g<strong>ou</strong>verneur <strong>de</strong> Tching-tche<strong>ou</strong> ; mon nom est S<strong>ou</strong>-chun.<br />
(Il récite <strong>de</strong>s vers)<br />
Quoique je remplisse les fonctions <strong>de</strong> juge, je ne<br />
connais pas un seul article <strong>du</strong> co<strong>de</strong>. Je n’aime qu’une<br />
chose, l’argent ; et, grâce à ce b<strong>lan</strong>c métal, le plai<strong>de</strong>ur est<br />
t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs sûr <strong>de</strong> gagner sa cause.<br />
Je déteste ces gens <strong>de</strong> Tching-tche<strong>ou</strong>, qui, p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>rner en ridicule<br />
mon extrême in<strong>du</strong>lgence envers les c<strong>ou</strong>pables, m’ont donné le<br />
sobriquet <strong>de</strong> Mo-leng-che<strong>ou</strong> 200 , s<strong>ou</strong>s lequel je suis connu part<strong>ou</strong>t à la<br />
ron<strong>de</strong>. A mon avis, il y a une f<strong>ou</strong>le <strong>de</strong> magistrats instruits, qui, en<br />
remplissant leurs fonctions avec p.040 une équité rig<strong>ou</strong>reuse 201 , ont<br />
causé la perte d’un nombre infini <strong>de</strong> personnes. Quant à S<strong>ou</strong>-mo-leng,<br />
on essaierait en vain <strong>de</strong> compter t<strong>ou</strong>s les hommes qu’il a sauvés<br />
secrètement. Qui aurait pu croire qu’auj<strong>ou</strong>rd’hui j’<strong>ou</strong>vrirais l’audience<br />
200 (Fol. 21 r, l. 2) Il y a ici <strong>de</strong>ux fautes dans le texte, Le caractère mo, qui est écrit<br />
avec la clef 119, et le caractère leng, qui est écrit avec la clef 115, doivent t<strong>ou</strong>s les<br />
<strong>de</strong>ux avoir la clef 75. Voy. Morrison, part II, No. 6921.<br />
Mo-leng (Morrison, 7749, 6921). Ces <strong>de</strong>ux mots signifient : rendre une décision<br />
amphibologique, que l’on peut justifier aussi bien dans un sens que dans l’autre. Le<br />
caractère mo veut dire prendre avec la main, leng désigne un morceau <strong>de</strong> bois carré.<br />
Qu’on le saisisse à droite <strong>ou</strong> à gauche, c’est t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs la même chose. Voici l'origine <strong>de</strong><br />
cette expression. S<strong>ou</strong>-weï-tao (9523, 11638, 9945), qui était ministre s<strong>ou</strong>s les Thang<br />
(9872), cherchait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs à servir les intérêts <strong>ou</strong> les passions <strong>de</strong>s personnes qui<br />
avaient affaire à lui. Il disait communément : "Quand je rends une décision sur une<br />
affaire, je ne me s<strong>ou</strong>cie point qu’elle soit claire et intelligible, parce que j’aurais <strong>de</strong>s<br />
regrets si je venais à me tromper. Seulement je fais en sorte qu’on puisse la prendre<br />
dans un sens <strong>ou</strong> dans l’autre." On le surnomma Mo-leng-che<strong>ou</strong>.<br />
201 *(Fol. 21 r, l. 3) Mot à mot : "En traitant les uns (les c<strong>ou</strong>pables) avec sévérité, et en<br />
rendant les autres heureux, c’est-à-dire, en montrant <strong>de</strong> la bonté aux hommes vertueux."<br />
Voy. Morrison, part I, au mot weï (11690), pag. 644, col. 2, et 645, col. 1 et 2.<br />
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