Le cercle <strong>de</strong> craie Quel homme ose attaquer un vieux tigre, sans que le tigre lui enlève quelques lambeaux <strong>de</strong> chair 199 ? FIN DU PREMIER ACTE 199 (Fol. 20 v, l. 4) Litt. en latin : Quin tigris, vulnerans hominem, comedat unam ex ejus clunibus ? 68
Le cercle <strong>de</strong> craie ACTE SECOND SCÈNE I (La scène se passe au tribunal <strong>de</strong> Tching-tche<strong>ou</strong>.) SOU-CHUN ET PLUSIEURS PERSONNES DE SA SUITE p.039 Je suis le g<strong>ou</strong>verneur <strong>de</strong> Tching-tche<strong>ou</strong> ; mon nom est S<strong>ou</strong>-chun. (Il récite <strong>de</strong>s vers) Quoique je remplisse les fonctions <strong>de</strong> juge, je ne connais pas un seul article <strong>du</strong> co<strong>de</strong>. Je n’aime qu’une chose, l’argent ; et, grâce à ce b<strong>lan</strong>c métal, le plai<strong>de</strong>ur est t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs sûr <strong>de</strong> gagner sa cause. Je déteste ces gens <strong>de</strong> Tching-tche<strong>ou</strong>, qui, p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>rner en ridicule mon extrême in<strong>du</strong>lgence envers les c<strong>ou</strong>pables, m’ont donné le sobriquet <strong>de</strong> Mo-leng-che<strong>ou</strong> 200 , s<strong>ou</strong>s lequel je suis connu part<strong>ou</strong>t à la ron<strong>de</strong>. A mon avis, il y a une f<strong>ou</strong>le <strong>de</strong> magistrats instruits, qui, en remplissant leurs fonctions avec p.040 une équité rig<strong>ou</strong>reuse 201 , ont causé la perte d’un nombre infini <strong>de</strong> personnes. Quant à S<strong>ou</strong>-mo-leng, on essaierait en vain <strong>de</strong> compter t<strong>ou</strong>s les hommes qu’il a sauvés secrètement. Qui aurait pu croire qu’auj<strong>ou</strong>rd’hui j’<strong>ou</strong>vrirais l’audience 200 (Fol. 21 r, l. 2) Il y a ici <strong>de</strong>ux fautes dans le texte, Le caractère mo, qui est écrit avec la clef 119, et le caractère leng, qui est écrit avec la clef 115, doivent t<strong>ou</strong>s les <strong>de</strong>ux avoir la clef 75. Voy. Morrison, part II, No. 6921. Mo-leng (Morrison, 7749, 6921). Ces <strong>de</strong>ux mots signifient : rendre une décision amphibologique, que l’on peut justifier aussi bien dans un sens que dans l’autre. Le caractère mo veut dire prendre avec la main, leng désigne un morceau <strong>de</strong> bois carré. Qu’on le saisisse à droite <strong>ou</strong> à gauche, c’est t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs la même chose. Voici l'origine <strong>de</strong> cette expression. S<strong>ou</strong>-weï-tao (9523, 11638, 9945), qui était ministre s<strong>ou</strong>s les Thang (9872), cherchait t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs à servir les intérêts <strong>ou</strong> les passions <strong>de</strong>s personnes qui avaient affaire à lui. Il disait communément : "Quand je rends une décision sur une affaire, je ne me s<strong>ou</strong>cie point qu’elle soit claire et intelligible, parce que j’aurais <strong>de</strong>s regrets si je venais à me tromper. Seulement je fais en sorte qu’on puisse la prendre dans un sens <strong>ou</strong> dans l’autre." On le surnomma Mo-leng-che<strong>ou</strong>. 201 *(Fol. 21 r, l. 3) Mot à mot : "En traitant les uns (les c<strong>ou</strong>pables) avec sévérité, et en rendant les autres heureux, c’est-à-dire, en montrant <strong>de</strong> la bonté aux hommes vertueux." Voy. Morrison, part I, au mot weï (11690), pag. 644, col. 2, et 645, col. 1 et 2. 69 @