Hoeï-lan-ki, ou l'Histoire du Cercle de Craie - Chine ancienne
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Le cercle <strong>de</strong> craie<br />
(Elle chante)<br />
De ma fenêtre, où pen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s ri<strong>de</strong>aux <strong>de</strong> soie, ornés<br />
<strong>de</strong> riches bro<strong>de</strong>ries 110 , je puis contempler l’éclat <strong>de</strong> la<br />
lune et les formes variées <strong>de</strong>s nuages. Aurais-je espéré<br />
d’abandonner un j<strong>ou</strong>r cette avilissante profession, p<strong>ou</strong>r<br />
prendre un parti honorable, et dire adieu à cette rue qui<br />
est le séj<strong>ou</strong>r <strong>du</strong> vice 111 ? C’en est fait : plus d’orgies 112 ,<br />
plus <strong>de</strong> chansons licencieuses. J'ai rompu p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs 113<br />
avec ces compagnies d’amants et <strong>de</strong> maîtresses, et je leur<br />
abandonne sans regrets 114 le théâtre <strong>du</strong> plaisir. Qu’ils me<br />
p<strong>ou</strong>rsuivent 115 , s’ils veulent, <strong>de</strong> leurs railleries et <strong>de</strong> leurs<br />
injures ; ce n’est pas moi qui irai faire <strong>de</strong>s avances aux<br />
riches, ni présenter aux nobles une main sé<strong>du</strong>isante. Je<br />
n’irai p.013 plus faire trafic <strong>de</strong> ma beauté 116 ni rechercher<br />
<strong>de</strong> folles j<strong>ou</strong>issances. On ne me verra plus dans le séj<strong>ou</strong>r<br />
<strong>de</strong> la joie 117 , aller au-<strong>de</strong>vant d’un n<strong>ou</strong>vel amant, et<br />
110 (Fol. 7 v, l. 3) Mot à mot : La lune à la porte, les nuages à la fenêtre, <strong>de</strong>s c<strong>ou</strong>rtines<br />
brodées, <strong>de</strong>s ri<strong>de</strong>aux <strong>de</strong> soie. Je crois que le mot weï-tchang (260, l. 6), que l’auteur a<br />
déd<strong>ou</strong>blé signifie : ri<strong>de</strong>aux <strong>de</strong> lit. Quelques poètes s’en servent dans le sens <strong>de</strong> lecti<br />
stragula.<br />
111 (Fol. 7 v, l. 4) L’expression ming-k’o-hiang, que les dictionnaires ne donnent pas,<br />
signifie, je crois, la rue où <strong>de</strong>meurent les filles <strong>de</strong> joie. K’o désigne <strong>de</strong>s ornements en<br />
ja<strong>de</strong> qui parent les chevaux <strong>de</strong> la c<strong>ou</strong>r. Quand le cheval marche , ces ornements<br />
retentissent ; on les appelle alors ming-k’o. (Anthologie <strong>de</strong>s Thang, liv. VII. fol. 21, v.)<br />
Ainsi les mots ming-k’o-hiang (7733, 6431, 3525) paraissent signifier littéralement : la<br />
rue où l’on entend retentir (ming) les ornements appelés k’o.<br />
112 (Fol. 7 v, l. 5) Mot à mot : J’ai enfin cessé <strong>de</strong> verser le vin (<strong>de</strong> boire) à petits c<strong>ou</strong>ps,<br />
et <strong>de</strong> chanter à voix basse.<br />
113 (Fol. 7 v, l. 5) Mot à mot : J’ai quitté plusieurs ban<strong>de</strong>s d’oiseaux ing et yen (12335,<br />
12082). L’oiseau mâle ing et l’oiseau femelle yen, se prennent au figuré p<strong>ou</strong>r amant et<br />
maîtresse.<br />
114 (Fol. 7 v, l. 5) Mot à mot : (Je les laisse) s’emparer <strong>du</strong> théâtre où l’on fait l’am<strong>ou</strong>r<br />
(lupanar).<br />
115 (Fol. 7 v, l. 6) Mot à mot : Ce n’est pas moi (qui) inviterai (celui qui est) élevé et<br />
recevrai (celui qui est) noble. Je les laisse t<strong>ou</strong>s parler c<strong>ou</strong>rt et raisonner long. Voy.<br />
Prémare, p. 124, l. 28.<br />
116 (Fol. 7 v, l. 6) Mot à mot : Étaler le s<strong>ou</strong>rire et c<strong>ou</strong>rir après le plaisir. Voy. note 59.<br />
117 (Fol. 8 r, l. 7) Mot à mot : Dans l’hôtel <strong>du</strong> vent et <strong>de</strong> la lune (lupanar : 2758,<br />
12490, 6656). En chinois, l’expression fong-y<strong>ou</strong>eï (vent et lune) signifie ga<strong>lan</strong>terie.<br />
Tchang-ngo (la lune personnifiée) est la déesse <strong>de</strong> l’am<strong>ou</strong>r. Voy. l’Anthologie <strong>de</strong>s<br />
Thang, liv. IV. fol. 17, et le "Hoa-ts’ieu", passim. L’expression fong-y<strong>ou</strong>eï- k<strong>ou</strong>an ne se<br />
tr<strong>ou</strong>ve point dans les dictionnaires.<br />
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