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Interventions critiques (Volume I) : Questions d ... - Marc Angenot

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violence directe et invitation directe à la violence proposée par Atwood. Mais je peux me<br />

tromper.... Il va de soi que les débats ne sont pas clarifiés par le fait qu’on peut appeler<br />

«pornographie» soit ces cas extrêmes, soit – mais en réclamant toujours la «même» répression<br />

légale – ces revues qui «ont un contenu sexuel explicite» – «Playboy et Penthouse en sont des<br />

7<br />

exemples», ajoute pour être bien clair le juriste Cragg .<br />

Je vois une autre difficulté dans la définition d’Atwood: à ma connaissance et à la<br />

lecture de la documentation judiciaire, de telles productions sadiques n’ont jamais été<br />

disponibles au Canada sinon par des voies infiniment clandestines – et dès lors, la<br />

«pornographie» pose un problème policier, si on veut, mais elle ne saurait poser encore ce<br />

qu’on nomme un «problème de société».<br />

Margaret Atwood tombe d’accord avec l’idée que les gens qui réprouvent la<br />

pornographie ne parlent pas souvent de la même catégorie qu’elle. Dans une discussion à<br />

laquelle elle participait à la radio de la Saskatchewan, note-t-elle, «certains étaient prêts à<br />

partir en guerre contre les maillots de bain et les déshabillés, contre toute forme d’exhibition<br />

du corps féminin.» En somme, «le mot "pornographie" est actuellement un fourre-tout –<br />

comme d’ailleurs les mots marxisme et féminisme qui ont pris une extension tellement large<br />

qu’ils peuvent vouloir dire à peu près n’importe quoi .... Il est facile de dire que les gens<br />

raisonnables vont faire la différence. Malheureusement, on n’a pas tous les mêmes idées par<br />

rapport à ce que c’est d’être raisonnable.»<br />

8<br />

On le voit, la position d’Atwood est de conclure non contre toute répression, mais pour<br />

que la seule pornographie qu’il faille réprimer soit celle qu’on peut assimiler à de la<br />

«littérature haineuse» – catégorie de droit canadien plus ou moins testée en jurisprudence<br />

contre la propagande raciste à l’origine. Son effort d’argumentation de bon sens est<br />

sympathique, mais elle n’est pas tirée d’affaire car l’extension de cette notion de «littérature<br />

haineuse» (comme aux États-Unis celle de «danger clair et immédiat» – qui forme le test des<br />

limites de l’expression protégée par le Premier Amendement) varie elle aussi en extension<br />

et en compréhension chez les uns et les autres.<br />

7 Cragg, 1990, 4.<br />

8 Ibid.<br />

117

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