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Interventions critiques (Volume I) : Questions d ... - Marc Angenot

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La presse canadienne, française et anglaise, a relevé au cours des dernières années plusieurs<br />

centaines de cas et de situations, annuellement, que, soit le journaliste soit les protagonistes<br />

et intervenants qualifient de cas de «censure». Elle signale aussi semaine après semaine, des<br />

lois votées, des projets de loi, règlements administratifs, décrets municipaux, codes<br />

universitaires qui visent, dans une certaine panique face à des évolutions redoutées, des<br />

pressions idéologiques insinuantes et à des problèmes sociaux difficiles à gérer, à renforcer<br />

l’interdiction portée sur des idées, des propos, des images et des textes.<br />

Il n’est pas sûr que les journaux, américains et canadiens, qui relèvent ainsi<br />

constamment des faits qui entrent dans cette large catégorie d’atteinte à la liberté<br />

d’expression, qui en laissent discuter inlassablement le pour et le contre dans leurs colonnes,<br />

soient bien placés pour en prendre une vue de synthèse et en expliquer la dynamique. Tous<br />

les journalistes anglo-saxons ou francophones de ce continent se gaussent quand ils le<br />

peuvent sans danger de la «rectitude politique» – la «political correctness» (il n’est pas un<br />

exemple où l’expression et la chose aient été défendues dans la presse canadienne par qui que<br />

ce soit), mais sans que le phénomène, au fond obscur et confus, auquel on croit se référer et<br />

qu’on renvoie souvent à ce monde à part et bizarre qu’est le campus, soit jamais précisément<br />

circonscrit ni expliqué.<br />

À mon sens, le problème social que pose ladite «rectitude politique», qui est<br />

l’expression militante de ce que John Fekete désigne comme la biopolitics – un activisme<br />

identitaire prétendu «de gauche» et fondé sur des déterminations biologiques, raciales ou<br />

sexuelles – ne réside pas dans ces faits d’«orwellisation» du langage, de Newspeak exorcistique,<br />

compulsif et vertueux dont des satiristes se sont amusés depuis quelque temps à compiler les<br />

39<br />

exemples les plus comiques et à établir le dictionnaire , – elle réside dans le fait que ces<br />

activismes se sont donné pour arme principale, pour tactique de ralliement et pour but ultime<br />

la suppression massive et par tous les moyens de textes, d’images et d’opinions. C’est à quoi<br />

j’en viendrai plus loin.<br />

Commençons par dresser la liste de quelques cas récents de censure qui ont suscité le<br />

débat. Un échantillonnage simplement, de façon sommaire, qui cherche à donner à voir sans<br />

choix unilatéraux la diversité des faits signalés. Dans le Globe & Mail de Toronto, 408<br />

39 Voir Beard et Cerf, 1993 par ex.<br />

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