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Interventions critiques (Volume I) : Questions d ... - Marc Angenot

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l’argumentatif dans tous les autres dispositifs de modélisation qui font du discours un<br />

instrument cognitif dans sa particularité culturelle et historique .<br />

4<br />

<br />

Il ne faut pas chercher à tout prix le consensus et la bonne entente, ni aplanir les différends<br />

(qui peuvent être fructueux). Les conceptions que je vais exposer maintenant et qui<br />

aboutissent, si on simplifie, à faire de l’analyse du discours non pas le prolongement dans<br />

l’ordre de la parole de la linguistique de la langue, mais une approche à la fois inverse et<br />

antagoniste de la linguistique, ces conceptions sont loin de rallier mes collègues et<br />

particulièrement les co-fondateurs du CIADEST. Il s’agit cependant de mon point de vue de<br />

thèses qui devraient former pour les analystes du discours leurs lieux communs, ces topoï à<br />

partir desquels les débats sur les fins et les moyens peuvent être bénéfiques et s’arbitrer<br />

rationnellement.<br />

Dans ce qui se dit et s’écrit dans une société, le chercheur, l’analyste du discours va<br />

travailler à décrire et à rendre raison de régularités; il va chercher à comprendre celles-ci<br />

comme ne résultant ni de l’usage personnel que les individus font du langage, ni de la langue<br />

comme code universel, code transcendant justement la diversité sociale et ses pratiques, ni<br />

directement et sans médiation de ces autres régulations universelles que serait par exemple<br />

la logique naturelle.<br />

Dans les schématisations qui, à travers l’usage social du langage, narrent, argumentent<br />

et «performent» et qui, dans un état de société, sont dotées d’intelligibilité, d’acceptabilité,<br />

qui y remplissent des fonctions et recèlent des «charmes» particuliers, l’analyste de discours<br />

voudra déceler des fonctions et des enjeux sociaux. Les pratiques discursives sont des faits<br />

sociaux et, dès lors, des faits historiques. Ceci me semble le premier axiome. Ce qui ne veut<br />

pas dire que ces pratiques soient réductibles à du collectif, à du statistiquement répandu. Ce<br />

qui n’exclut pas non plus la recherche d’une anthropo-logique. Les pratiques discursives sont<br />

des «institutions sociales» et, dès lors, leur autonomie relative, leur spécificité ne se<br />

détachent qu’à l’horizon de l’ensemble des faits historiques et sociaux. Si de façon éminente<br />

la linguistique, mais aussi la logique et la théorie de la connaissance, sont indispensables à<br />

4 On se rapportera aussi à l’ouvrage essentiel de Georges Vignaux, Le Discours, acteur du monde, Paris,<br />

Ophrys, 1988, ouvrage où les thèses que je mentionne sont excellement développées et illustrées.<br />

12

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