Les effets de la contamination d'un milieu de ... - Archipel - UQAM
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surtout par l'entrée en jeu <strong>de</strong>s spectateurs. En esthétique re<strong>la</strong>tionnelle, le spectateur<br />
agit comme activateur <strong>de</strong> l'œuvre. Sans sa présence, l'œuvre <strong>de</strong>meure une intention<br />
artistique.<br />
Quelques théoriciens se sont penchés sur cette notion d'art du citoyen que l'on<br />
retrouve dans les arts communautaires et dans l'esthétique re<strong>la</strong>tionnelle, entre<br />
autres, l'auteur Henri-Pierre Jeudy, qui est sociologue et chargé <strong>de</strong> recherches au<br />
Centre National <strong>de</strong> <strong>la</strong> Recherche Scientifique (CNRS). Il s'est engagé dans une<br />
réflexion épistémologique sur les sciences sociales et sur les questions d'esthétique<br />
intégrée au quotidien. En 1999, Jeudy publiait son ouvrage, <strong>Les</strong> usages sociaux <strong>de</strong><br />
l'art, où il traite <strong>de</strong> <strong>la</strong> question <strong>de</strong> l'utilité sociale <strong>de</strong> l'art. Son postu<strong>la</strong>t <strong>de</strong> base est<br />
que <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> création <strong>de</strong> l'artiste est brimée par un système économiquement<br />
autoritaire qui veut légitimer l'argent donné aux artistes.<br />
Henri-Pierre Jeudy s'offusque du glissement du champ culturel <strong>de</strong> l'art dans<br />
celui du social. Depuis Duchamp et ses ready-ma<strong>de</strong> <strong>de</strong>s années 1920, l'idée <strong>de</strong><br />
l'inutilité <strong>de</strong> l'art a pris tout son sens. L'auteur constate qu'en donnant le titre d'œuvre<br />
d'art à un objet usuel détourné <strong>de</strong> sa fonction initiale et exposé dans une institution<br />
légitimée du <strong>milieu</strong> <strong>de</strong> l'art, Duchamp a dévié le rôle <strong>de</strong> l'artiste créateur <strong>d'un</strong> objet<br />
vers celui <strong>de</strong> l'artiste initiateur <strong>de</strong> sens. L'artiste n'a même plus à transformer <strong>la</strong><br />
matière pour créer un objet d'art. La culture est maintenant liée à <strong>la</strong> vie elle-même,<br />
aux objets du quotidien. Le souffle <strong>de</strong> l'objet d'art ne découle plus <strong>de</strong> ses mains <strong>de</strong><br />
maître, mais <strong>de</strong> sa volonté d'artiste. Cette conception <strong>de</strong> l'œuvre d'art n'est pas<br />
accessible à l'ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, ce qui a favorisé un élitisme <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
réception artistique réservé aux professionnels du <strong>milieu</strong> <strong>de</strong> l'art. Pour redonner une<br />
valeur publiquement acceptable à l'art, l'auteur croit que le gouvernement a souhaité<br />
rendre l'inutile utile par l'action sociale en subventionnant ces formes d'art. D'après<br />
Jeudy (1999), les artistes <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s travailleurs sociaux et l'art un ustensile<br />
politique dans une « culture sparadrap» (p. 116). Jeudy perçoit ces pratiques<br />
comme très limitatives pour l'artiste qui <strong>de</strong>vient médiateur social. Il y voit une<br />
référence à l'art civique et à l'éducation popu<strong>la</strong>ire. D'après lui, l'artiste <strong>de</strong>vient au<br />
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