Guide du PPCS sur l'enseignement et l'apprentissage ...

Chapitre 9 – Évaluation de l’apprentissage interdisciplinaire
[Notre enseignante] fait attention en classe à ne pas dire par exemple que les bombardements
étaient une mauvaise ou une bonne chose [...] que, comme on avait un article et une discussion
en ligne [...] sur les bombardements, c’était la bonne décision à prendre ou non. J’ai plus ou moins
changé d’avis sur la question et dit que c’était probablement la bonne décision, mais qu’elle n’a pas
été prise de la bonne façon.
Qu’as-tu pensé ?
Eh bien [...] c’est facile de regarder maintenant et de dire que tous ces gens sont morts mais on
n’aurait pas su où la guerre aurait mené. Bien sûr c’était une chose horrible [...], mais je n’ai pas vu de
moyen facile de mettre fin simplement à la guerre. Peut-être de façon plus diplomatique, avec un
blocus ou quelque chose comme ça [...] mais avec ce qu’on sait aujourd’hui, je n’ai pas pu trouver de
sortie plus facile. Et je ne suis pas vraiment emballé par la théorie du « on essayait juste de montrer
aux Soviétiques qu’on avait la technologie » parce qu’il y a des moyens plus simples de le faire. On
a fait le Projet Manhattan, ils savaient. Il y a encore des victimes, vous savez, mais ça ne serait pas
si différent si on avait envahi et tué tous ces gens. C’était une vraie tragédie d’utiliser la bombe
nucléaire. Mais je pense qu’incendier Tokyo c’est presque une [...] tragédie de même niveau. Et ça ne
fait pas autant débat, c’est juste comme cette peur de la technologie nucléaire. Mais il y a ce moment
précis – que j’ai essayé de commémorer – il n’y a qu’une seule explosion et les gens ne sont plus là,
ces vides dans la société.
As-tu abordé ce projet en artiste ?
Je connaissais l’importance de cet événement et le nombre de morts, parce que j’avais lu des
récits à la première personne et des rapports, mais ensuite on doit faire un vrai monument pour
le monde réel. Et euh, lorsqu’on doit essayer de le commémorer, ça le rend très personnel. On a
cette responsabilité envers ces gens [...], on ne peut pas simplement, par exemple je me serais
senti mal d’avoir simplement une statue avec une petite plaque dessus. En créant ce monument
commémoratif, je me suis vraiment engagé parce que ça rend l’histoire interactive. C’est comme si
on y participait, c’est comme si c’était ma contribution à l’histoire. Comme si ces gens étaient morts
et que je faisais quelque chose pour eux au lieu de simplement le savoir et de garder ce fait pour moi.
J’ai participé, vous voyez, j’ai agi. J’ai utilisé l’art pour essayer de me faire comprendre. Et euh, ça a
rendu l’histoire bien plus vivante vous voyez.
Ça ramène également les choses à une dimension plus personnelle quand on réalise, d’accord, en
fait, on ne peut pas avoir cent mille ombres dans une ville où on ne peut en avoir que cent [...], c’est
un problème concret et pratique auquel on est confronté en tant qu’artiste – comment est-ce que je
travaille avec cette échelle ? Mais ensuite on se pose des questions [...]. Attends : il y a autant de gens ?
Comme si on pouvait se promener dans toute la ville et couvrir chaque bâtiment d’ombres et ça ne
serait toujours pas assez. Ça donne vraiment une bonne dimension des choses. On réalise à quel
point c’était une tragédie.
Penses-tu que le fait de créer ce monument a modifié ta compréhension de l’événement ?
Je maîtrisais plutôt bien l’histoire et ça m’a vraiment permis de lui donner un aspect personnel. Et
d’établir un lien. En histoire, on ne peut normalement rien apporter vous savez, tout a été fait et dit,
par exemple, on ne peut pas entrer dans la révolution et prendre un fusil ou quelque chose comme
ça [...] mais j’ai pu établir un lien personnel. Le processus qui consiste à le faire, à apporter des idées
et à le présenter et cetera, c’est quelque chose qui fait que si je repense à l’avenir, vous savez, à ce
qu’Hiroshima et Nagasaki signifient pour moi, eh bien il y a cette chose [...]. J’ai fait en sorte [...] d’avoir
comme une mémoire physique du travail sur ce sujet qui me permettra de mieux m’en souvenir que
si j’avais simplement pris des notes ou passé un examen.
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