Guide du PPCS sur l'enseignement et l'apprentissage ...

Chapitre 10 – Le projet personnel : soutien de la recherche interdisciplinaire des élèves
première année en Ouganda à Kasese, dans les contreforts du massif de
Ruwenzori ; c’est là que se trouvent les villages de mon projet. Ayant vécu dans
cette communauté et étudié dans une école locale, j’ai voulu donné quelque
chose en retour, j’ai souhaité les aider [...]. Je me sens tellement proche de
cette ville que ça me donne beaucoup de motivation pour mener ce projet
à bien. Le simple fait de parler avec ces femmes, de constater les situations
dans lesquelles elles se trouvent et l’aide dont elles ont véritablement besoin
m’a beaucoup inspirée. Ça m’a vraiment donné envie de changer les choses
et je m’y sentais même obligée. Savoir que ce projet n’aura pas de fin, qu’il
continuera simplement à se développer et qu’il aidera les familles, même une
fois mon projet personnel achevé, a été l’élément le plus motivant.
Une autre élève, qui a mis en place dans son établissement scolaire une campagne contre les tests sur les
animaux, s’est expliquée comme suit.
J’ai eu l’idée de mener ce projet après avoir découvert des publicités de
l’organisation PETA dénonçant les tests cosmétiques réalisés sur les animaux.
Ces publicités étaient très convaincantes et utilisaient des photographies
horribles qui m’ont touchée en plein cœur. En approfondissant mes recherches,
j’ai pris conscience de nombreuses nouvelles perspectives. J’ai découvert que
je participais à cette cruauté en achetant des produits de beauté fabriqués par
des entreprises faisant des tests sur des animaux. Ça a attisé mon intérêt et
ma détermination parce que je me suis rendu compte qu’il existait un nombre
considérable d’ignorants, tout comme je l’étais. J’ai donc vu ce projet comme
une mission pour sauver les animaux. J’ai choisi les tests cosmétiques sur les
animaux parce ça nous concerne au quotidien. On utilise tous des produits
de beauté, que ce soit du rouge à lèvres ou de la laque. Mais est-ce vraiment
nécessaire ? Est-ce que se faire beau mérite de tuer des millions d’animaux ?
Les projets personnels sont profondément ancrés dans les connaissances et les modes
de pensée des matières
Pour être interdisciplinaire, un projet personnel doit être basé sur deux domaines d’expertise au minimum.
Ces domaines peuvent être des matières scolaires ou une représentation d’activités professionnelles
extérieures à l’établissement, relevant de la loi, de l’organisation de la communauté, du commerce ou
de l’architecture. Pour mener un travail de qualité, les élèves doivent déterminer les formes d’expertise
pertinentes dans des termes généraux et spécifiques. Aidés par leurs enseignants, ils doivent décider des
disciplines qui seront les plus utiles et pour chacune, les sources, les concepts, les outils et les méthodes
qu’ils souhaitent utiliser.
Le projet de Sascha fait état d’une compréhension en arts, en histoire et en technologie. Elle explique par
exemple que les peintures du XVII e siècle avaient généralement pour thème des scènes en extérieur, des
objets proches d’une source de lumière puissante souvent représentés dans des proportions trompeuses.
Par une analyse minutieuse d’œuvres d’art choisies, elle illustre son explication de la naissance du réalisme.
Elle montre également ses capacités en matière de raisonnement historique car elle passe au crible des
sources primaires pour déterminer les matériaux précis utilisés pour fabriquer une chambre noire. « Je
voulais vérifier l’exactitude de toutes mes découvertes, pour garantir que ma chambre noire ressemblerait
de près à celles du XVII e siècle ». En définitive, elle a fait progresser ses compréhensions en sciences
expérimentales et en technologie non seulement pour ce qui est du choix des matériaux de construction
de la chambre noire, mais encore pour sa capacité à déterminer comment la distance focale des lentilles
déterminait la taille de la boîte.
Carly s’est également basée sur une multitude de disciplines ou de domaines d’expertise. Elle a eu recours à
des entretiens avec des groupes témoins et des techniques d’observation empruntées aux sciences sociales
pour découvrir que les femmes portaient généralement des charges en allant au marché et en en revenant,
et qu’elles étaient chargées de transporter de lourds bidons d’eau du puits à leur maison. Elle a appris que
ces femmes souffraient physiquement du transport de ces charges car le poids forçait leurs os iliaques à se
rapprocher, ce qui entraînait un rétrécissement de la filière pelvigénitale à l’origine de grossesses difficiles.
122
Guide du PPCS sur l’enseignement et l’apprentissage interdisciplinaires