Guide du PPCS sur l'enseignement et l'apprentissage ...

Chapitre 6 – De quels outils disciplinaires les élèves auront-ils besoin ?
Les questions qui suivent peuvent aider les enseignants à réfléchir avec leurs élèves sur les modes de
communication d’une discipline.
• Quels langages et symboles pouvons-nous utiliser pour présenter ce que nous apprenons dans cette
discipline ?
• Quels sont les principaux genres que nous pouvons utiliser pour communiquer ce que nous savons
dans cette discipline (essais, rapports scientifiques, exposés sur affiches, vidéos) ?
• Comment tenons-nous compte du public et du contexte lorsque nous communiquons nos
connaissances ?
En résumé, les enseignants du PPCS doivent partir des objectifs globaux et spécifiques du PPCS ainsi que
de leurs programmes scolaires locaux pour choisir les principaux concepts et modes de pensée de leur
matière. En incitant les enseignants à agir de la sorte, le modèle du PPCS favorise non seulement la capacité
des élèves à maîtriser certains concepts, théories et exemples au cœur de ces disciplines, mais encore
leur faculté à utiliser des méthodes disciplinaires, à mettre en pratique des éléments disciplinaires et à
communiquer efficacement avec les autres. Les enseignants du PPCS expérimentés savent qu’il n’est pas
toujours facile pour les élèves de développer une compréhension disciplinaire. Cela demande souvent de
revenir sur les visions intuitives ou naïves qui sont celles des élèves sur le monde lorsqu’ils arrivent en classe.
Le développement d’une compréhension disciplinaire : un défi
Le développement d’une compréhension disciplinaire constitue une tâche stimulante pour les élèves. Même
les enseignants les plus expérimentés expriment leur désarroi lorsque, vers la fin de ce qu’ils pensaient être
une unité remarquable, les croyances initiales et les idées fausses des élèves semblent être restées intactes.
Comment l’expliquer ? Les psychologues rapportent que, tôt dans leur vie, les élèves développent des
croyances intuitives sur le monde qui sont parfois en conflit avec les idées disciplinaires.
Avant d’entrer dans l’enseignement élémentaire, les élèves développent des idées intuitives sur le
fonctionnement de la nature, sur la façon dont les gens pensent, sur ce qui est beau et ce qui ne l’est pas,
et sur le déroulement des récits. Nombre de ces idées, largement documentées par les psychologues du
développement, sont des précurseurs puissants des compréhensions disciplinaires sophistiquées. À l’âge de
5 ans par exemple, les enfants comprennent que les récits ont un début, des rebondissements et une fin, et
que la succession des événements doit « avoir du sens » pour que l’histoire tienne. Les historiens organisent
également leurs comptes rendus du passé sous la forme de récits. Ils doivent déterminer quand leurs
histoires commencent, et quand elles se termineront, et choisir les rebondissements et les perspectives des
personnages qui rendront leurs comptes rendus compréhensibles.
Toutes les idées initiales ne sont malheureusement pas aussi prometteuses. Les jeunes enfants ont
également tendance à croire que les histoires portent toujours sur « les bons contre les méchants »,
croyance qui mène à stéréotyper rapidement les personnages historiques et à simplifier excessivement leur
expérience. Les jeunes élèves croient souvent aussi que les événements sont toujours le résultat d’actions
intentionnelles, surtout dans le cas des dirigeants. Ils ont plus de mal à comprendre les conséquences
involontaires des actions dans le passé. Plus surprenant encore, les élèves appliquent souvent les valeurs et
les visions du monde contemporaines aux personnages du passé, une idée fausse connue sous le nom de
« présentisme » qu’il est difficile de corriger, même avec un bon enseignement.
En sciences expérimentales, les élèves pensent souvent que les expériences sont réussies si les résultats
correspondent à ceux du manuel. Ils confondent les « théories » et les croyances infondées (par opposition
aux systèmes conceptuels bien fondés) ou croient que les hypothèses sont des affirmations qu’il faut
vérifier (et non tester). Même après des années de scolarité, les jeunes conservent des croyances fausses
sur le fonctionnement du système solaire, de l’électricité et sur la façon dont les changements évolutifs
se produisent. En mathématiques, les élèves ont souvent tendance à vider les nombres de leur sens, à
résoudre les équations mécaniquement. En arts, ils ont du mal à comprendre qu’une « bonne » peinture ne
doive pas nécessairement être « belle », mais qu’elle puisse être provocatrice ou suggestive, en invitant une
exploration esthétique approfondie. La tâche consistant à traiter et à transformer les idées fausses initiales
Guide du PPCS sur l’enseignement et l’apprentissage interdisciplinaires 65