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dans les légen<strong>des</strong> que tu as entendues sur les disquaires indépendants <strong>des</strong> années 80, à<br />

la pause clope chronométrée. Sans le marché, ton collègue handicapé n’aurait sans doute<br />

pas été poussé vers la sortie. Peut-être que tu n’aurais jamais connu le chômage, parce<br />

que tu aurais sereinement attendu de trouver une vraie opportunité avant de dire au revoir.<br />

Le deuxième, c’est l’acceptation de ce marché, et de ses conditions esclavagistes,<br />

par la conscience collective. Cette fameuse excuse du « oui mais en temps de crise, faut<br />

bien faire <strong>des</strong> efforts ». A cette conscience collective, tu as envie de poser une série de<br />

questions dont tu connais déjà, malheureusement, les réponses : D’où sort cette fameuse<br />

crise ? Qui en est à l’origine ? Qui s’enrichit sur son dos ? Pourquoi la part <strong>des</strong> personnes<br />

les plus riches à l’échelle de la planète ne cesse de se réduire alors que la valeur <strong>des</strong><br />

richesses que ces personnes se partagent ne cesse d’augmenter ? Quelles raisons<br />

pourraient pousser les actionnaires à freiner la cadence d'eux-mêmes ?<br />

Le troisième, c’est l’Etat. Sans vouloir tomber dans la logique populiste chère à<br />

certains partis politiques extrémistes, celle du « tous pourris », tu te deman<strong>des</strong> quand<br />

même ce qui a poussé les gouvernements successifs, teintés de différentes couleurs plus<br />

ou moins chatoyantes, à toujours céder d’avantage aux entreprises alors même que leur<br />

rôle consistait à protéger ses travailleurs plutôt que de les jeter en pâture au capitalisme,<br />

sans consultation, à grand renfort de réarrangements fiscaux et de lois votées à la va vite,<br />

pendant l’été ou passées en force. Et, bizarrement, tu en reviens à la logique de marché, à<br />

l’excuse <strong>des</strong> efforts à fournir en temps de crise. Ces petits cadeaux aux entreprises,<br />

même si elles laissent le travailleur chaque fois un peu plus démuni, c’est le prix à payer<br />

pour retrouver plein emploi, croissance, compétitivité (tous ces jolis noms qu’on te rabâche<br />

aux infos et que tu as fini par intégrer dans ton vocabulaire sans vraiment questionner leur<br />

sens). C'est le prix à payer pour éviter que les gros employeurs ne se fassent la malle vers<br />

un pays où la main d'œuvre et la fiscalité sont moins coûteuses. Ces petits cadeaux, c'est<br />

tout simplement la capitulation face à un chantage bien ficelé mais néanmoins<br />

insupportable. Une faiblesse d'un pouvoir institutionnel qui se fout bien de la gueule de<br />

ceux qu'il est censé protéger.<br />

Le quatrième responsable, enfin, c’est toi-même. Toi qui, tous les jours sens monter<br />

la colère, l’envie d’exploser ta télé à chaque apparition du patron <strong>des</strong> patrons, à chaque<br />

fois que tu entends un responsable politique se laver les mains de son inaction en<br />

reportant toute la faute sur son prédécesseur. Toi qui as envie de pleurer en entendant<br />

Xavier Mathieu parler <strong>des</strong> Conti, en matant La loi du marché de Stéphane Brizé ou en<br />

repensant à tes anciens collègues qui voient tous les ans leurs primes se réduire et leurs<br />

objectifs augmenter pendant que leur boîte s’insurge <strong>des</strong> trop faibles bénéfices dégagés;<br />

ces collègues qui se demandent quand viendra leur tour, quand ils seront trop vieux, trop<br />

faibles, trop handicapés, trop humains pour être à la hauteur de la rentabilité qu’on leur<br />

demandera d’atteindre. Toi qui penses à tout ça mais qui n’agis jamais. Toi qui ne t’inscris<br />

pas dans un syndicat, toi qui ne <strong>des</strong>cends jamais dans la rue, toi qui, moralement, ne<br />

cautionnes pas tout ce système de domination mais qui ne fait rien pour l’enrayer. Pire : toi<br />

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