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onvautmieuxqueca_votre_livre-1.1

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permet au cabinet de ne pas subir les contraintes juridiques et financières d’un véritable<br />

employeur), et que le collaborateur peut développer sa clientèle personnelle (condition<br />

essentielle à sa propre émancipation), la réalité est que la quasi totalité du temps de<br />

travail « normal » du collaborateur appartient au cabinet. Le temps de formation<br />

professionnelle obligatoire est à prendre sur notre temps personnel, par ailleurs.<br />

Je fais un bon 9 heures – 20 heures tours les jours. Parfois plus. J’ai parfois<br />

travaillé les samedi, les dimanche, ou jusque 22 heures passées, pour finir tel ou tel<br />

dossier. J’ai parfois pris sur moi de venir au cabinet pendant <strong>des</strong> jours que j’avais posés<br />

en tant que congés. Et je sais que dans d’autres cabinets, c’est bien pire (parfois du 9h30<br />

– minuit).<br />

Il m’est souvent arrivé de rêver de ce monde parallèle, merveilleux et inaccessible<br />

<strong>des</strong> gens qui finissent leur journée de travail à 17 heures, en me demandant ce que je<br />

pourrais faire avec deux journées (celle au travail, et celle qui leur appartient) au lieu d’une<br />

seule et même journée au cabinet.<br />

Je sais qu’il y a pire comme situation, mais l’activité d’avocat demande pas mal de<br />

concentration, beaucoup de lecture, de recherches, de réflexion, de gestion <strong>des</strong> urgences<br />

et de la pression. Quand on rentre chez nous, on est vidé. Aucun <strong>des</strong> confrères que je<br />

connais ne lit de livres en tant que loisir, tellement on lit dans le cadre du travail. La seule<br />

chose que je fais en rentrant chez moi, c’est m’abrutir devant <strong>des</strong> écrans, car c’est ce qui<br />

me demande le moins d’efforts et de concentration. Notre vie se rétrécit, tout comme nos<br />

horizons. Je connais <strong>des</strong> confrères qui ont vu leur couple se finir de cette façon.<br />

Mais ce qu’il y a de plus fort et qui nous tient encore plus en haleine au quotidien,<br />

au-delà de la somme <strong>des</strong> dossiers à traiter, sont les objectifs chiffrés qui sont imposés<br />

dans les cabinets d’affaires comme celui dans lequel je travaille.<br />

Je dois effectuer un certain nombre d’heures facturées par an. Si j’atteins l’objectif<br />

j’ai une augmentation. Si je suis bien en-deçà, on me pousse gentiment vers la sortie.<br />

Ce qu’on appelle « heure facturée » est une heure de travail qu’on peut facturer à<br />

un client du cabinet (par exemple, j’ai mis trente minutes à rédiger une mise en demeure<br />

pour le client X, à qui on va pouvoir demander de payer l’équivalent de la moitié de mon<br />

taux horaire). Cela n’équivaut bien évidemment pas à une heure travaillée ou une heure<br />

de présence au cabinet.<br />

Ainsi, tout impondérable (panne informatique, panne d’équipement, embouteillage<br />

sur le chemin du palais de justice…) et tout travail annexe de valorisation du cabinet (billet<br />

d’actualité juridique à rédiger pour parler du cabinet…) sera absent de la facturation au<br />

client. Le temps perdu à cause de cet impondérable ou de ce travail annexe, c’est pour ma<br />

pomme. Car ce ne sera pas comptabilisé dans mon calcul d’objectifs.<br />

Je peux donc être au cabinet pendant 12 heures et ne pouvoir en facturer que 6.<br />

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