28.03.2017 Views

Table des matières

onvautmieuxqueca_votre_livre-1.1

onvautmieuxqueca_votre_livre-1.1

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

tout cela tourne souvent en discussion sur la vie sexuelle <strong>des</strong> deux mecs avec qui je<br />

mange, agrémentée de termes précis et de petites remarques immon<strong>des</strong> sur les femmes,<br />

voire de gestes sans équivoque sur leurs positions sexuelles à géométrie variable. Salut,<br />

je suis là. Youhou. Là. Un petit recueil de remarques que j’ai reçues ou dont j’ai été témoin<br />

? C’est parti. « Faut dire, t’es qu’une femme, tu peux pas comprendre. » « Wow elle a un<br />

petit cul d’enfer celle là » « Tu veux pas enlever ton pull, sérieux ? » « Si elle on la met à<br />

l’avant de la voiture, elle pèse tellement lourd, on arrivera pas à monter à la station ! » «<br />

Qui voudrait se la taper, t’as vu sa gueule à celle-là ? Faut vraiment être aveugle, même<br />

bourré je l’approche pas. » « Tu sais les femmes elles sont chiantes de toute façon. » «<br />

Les femmes ont voulu avoir les mêmes droits que les hommes, alors maintenant elle va se<br />

bouger le cul aussi la minette, elle se démerde ! » « T’as pas mis de décolleté<br />

aujourd’hui ? Je suis déçu. » Ca, c’est la quantité moyenne de remarque par samedi. Si<br />

dans votre tête, en lisant ces phrases, à un moment vous vous êtes dit « c’est bon c’est<br />

juste une vanne », vous avez un problème. Un sérieux problème. La plupart du temps je<br />

fais de l’ironie pour répondre, pour les raisons citées plus haut. J'ai tenté de montrer de<br />

façon sérieuse ce que j'en pensais, ils n'ont pas compris (ou ne voulaient pas<br />

comprendre). Pour eux, c’est de la vanne, de la bonne vanne qui agrémente un samedi<br />

chiant à faire du ménage. Peu de gens ont du ouvrir leur gueule sur le sujet, je n’ai vu<br />

aucune fille, aucun garçon de l’équipe faire remarquer à ces personnes que leur<br />

comportement était inadmissible. Elles rient. Ils rient. Comme je le faisais au début. De<br />

vieux amis qui ont fait leurs classes dans cette entreprise me disent « laisse pisser,<br />

supporte, c’est juste pour un samedi par semaine ». Un samedi par semaine, tous les<br />

jours, une fois par jour, une fois dans sa vie, une chose intolérable reste une chose<br />

intolérable et doit être dénoncée. Personne n’a à subir ça. Personne. Surtout dans le<br />

cadre du travail, où chacun est censé composer avec les autres afin de parvenir à une<br />

certaine entente, gage d’une bonne ambiance ou au moins de conditions de travail<br />

correctes, dans le cadre d'une activité que l’on est plus ou moins obligés d’exercer pour<br />

pouvoir manger et payer son loyer. On vient là pour faire notre boulot, femme, homme, qui<br />

que l'on soit. A défaut de faire <strong>des</strong> rencontres agréables, il est normal d’exiger de travailler<br />

dans <strong>des</strong> conditions que je qualifierais de « normales ». C’est pas parce qu’une remarque<br />

est balancée sur le ton de la vanne qu’elle n’est pas sans conséquences. Bien au<br />

contraire. L’humour est une arme perfide. Un cinéaste allemand a un jour dit « Ce qu’on<br />

est incapable de changer, il faut au moins le décrire ». Je crois que c’est ce que je fais là,<br />

à défaut d’avoir provoqué un changement chez mes collègues. Je voulais faire part de tout<br />

ça pour faire prendre conscience aux gens que tout ça, ça existe et ça arrive tous les<br />

jours. A ceux ou celles qui croient effectivement que tout ça, c’est que de la blagounette et<br />

qu’on peut le placer çà et là pour épicer une conversation, à ceux ou celles qui en ont été<br />

victimes. Sachez qu’on peut rire de tout, mais certainement pas avec tout le monde. De<br />

tels actes sont graves, et aujourd’hui, peu s’en plaignent, quand ce n'est pas par peur,<br />

parce qu’ils font partie intégrante d’un quotidien parsemé d'horreurs qu'on supporte tant<br />

bien que mal, si tant est qu’on soit conscient de leur existence. Cependant, si on s’y<br />

368

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!