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onvautmieuxqueca_votre_livre-1.1

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L’effet pervers de ces objectifs chiffrés à l’année est que lors <strong>des</strong> vacances<br />

judiciaires par exemple, lorsqu’il n’y a pas trop de dossiers à se mettre sous la dent mais<br />

qu’on n’a pas pu poser ses congés à ce moment-là, on sait que le « temps perdu » à ne<br />

pas avoir assez d’affaires à traiter devra être rattrapé à un moment ou à un autre. Les<br />

mois de septembre et octobre deviennent assez apocalyptiques. On est donc stressé<br />

quant on a trop de boulot, mais également quand on n’en a pas suffisamment.<br />

De même, si j’ai la mauvaise idée d’être clouée au lit quelques jours, non seulement<br />

je ne suis pas couverte par la sécurité sociale (RSI…), mais je dois en plus rattraper le<br />

temps perdu sur mes prochains jours afin de ne pas perdre mon objectif de vue. Il y a<br />

donc une vraie culpabilité à être malade… Et un présentéisme parfois dangereux pour soimême<br />

et pour les collègues.<br />

Mes congés, je ne les pose pas non plus comme je veux. Tout est à négocier avec<br />

les associés et contrôlé par une DRH (curieux pour du libéral, non ?).<br />

Tout ce que je viens de raconter est d’un banal sans nom. Je connais <strong>des</strong> confrères<br />

qui ont vécu bien pire.<br />

Mais pour moi, cette situation est anormale pour deux raisons.<br />

La première, est que ce quotidien spartiate pourrait être supportable s’il était<br />

temporaire et s’il débouchait soit sur de bons revenus, soit sur de bonnes perspectives<br />

professionnelles.<br />

Le problème est que nous n’avons, jeunes avocats, ni l’un ni l’autre.<br />

Dans certaines régions de France, la rétrocession mensuelle nette <strong>des</strong> jeunes<br />

avocats ne dépasse pas les 1400 euros. Nous gagnons donc bien moins que le SMIC<br />

horaire… après 7 ans, parfois plus, d’étu<strong>des</strong> supérieures. Alors qu’on exige de nous de<br />

déverser pour le cabinet la quasi-totalité de notre énergie vitale et intellectuelle.<br />

De plus, il semble aujourd’hui de plus en plus difficile de s’installer ou de devenir<br />

associé d’un cabinet préexistant. Le fait de sacrifier pendant plusieurs années nos vies<br />

personnelles ne constitue absolument plus une garantie de s’en sortir, et certains restent<br />

collaborateurs pendant plus de dix ans sans avoir réellement de perspectives.<br />

La deuxième raison de trouver cette situation anormale, est que finalement, le<br />

contrat de « collaboration libérale » tel que pratiqué actuellement dans la plupart <strong>des</strong><br />

cabinets n’offre finalement que peu de libertés, et surtout, de temps, denrée rare.<br />

Alors oui, je peux, de temps en temps, arriver tard ou me prendre un moment pour<br />

aller à un rendez-vous médical… Mais tout ce que l’on prend doit être rendu… Afin de<br />

rester dans les clous <strong>des</strong> objectifs chiffrés.<br />

Une <strong>des</strong> raisons pour laquelle je voulais décrire mon quotidien était de dire de vous<br />

méfier de ces discours qui incitent tout le monde à être <strong>des</strong> libéraux et indépendants, qui<br />

pour certains, n’auront d’indépendants que le nom.<br />

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