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onvautmieuxqueca_votre_livre-1.1

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niveau ne continue de monter que dans les communiqués du Ministère, par <strong>des</strong><br />

manipulations de chiffres, de critères de correction, etc. pour continuer à vendre l'illusion<br />

d'une ascension sociale encore possible par l'école, alors que l'inégalité et l'injustice<br />

s'accroissent partout dans la société. Et que ce voile, ce cache-misère, contribue en fait à<br />

renforcer encore ce mécanisme. Nuits d'insomnie...<br />

Sur tout ça, il faudrait pouvoir avoir une réflexion collective réellement constructive,<br />

avec <strong>des</strong> gens soucieux de parvenir à une véritable amélioration, mais à la place, ceux qui<br />

nous dirigent agissent de façon purement idéologique, et les autres sont condamnés à<br />

réfléchir seuls dans leur coin : il n'existe presque aucun cadre pour poser à plat de façon<br />

constructive les problèmes qui minent le métier. Dans la plupart <strong>des</strong> salles de profs, la<br />

communication est pourrie par une foultitude de problèmes annexes, aigreur à cause d'un<br />

emploi du temps pourri, d'heures sup' collectionnées par certains pendant que d'autres<br />

voient leur service éclaté sur deux ou trois établissements, vieilles histoires de favoritisme<br />

interne, multiplication <strong>des</strong> statuts (titulaires/TZR/stagiaires/vacataires, certifiés/agrégés...),<br />

caporalisation et réunionite contre laquelle d'autres essaient de se protéger,<br />

con<strong>des</strong>cendance <strong>des</strong> vieux à l'égard <strong>des</strong> jeunes entrant dans le métier, ou encore parce<br />

que chacun tente de résister à l'explosion de notre temps de travail par <strong>des</strong> ruses qui font<br />

retomber le fardeau sur les autres... Sauf dans les établissements ZEP, où les jeunes<br />

profs sont le plus souvent obligés de se montrer solidaires et coopératifs, ailleurs, chacun<br />

pense trouver son salut tout seul. Individualisme de merde, qui nous fait couler tous<br />

ensemble. Les conversations s'épuisent dans les mesquineries, les radotages,<br />

l'insignifiance du quotidien, alors qu'on sent qu'il y a tellement de choses qui devraient<br />

nous préoccuper, qui devraient être discutées, analysées, et changées... Et les syndicats<br />

n'aident en rien à créer de la solidarité, ou du lien. Et enfin, hors du monde professionnel,<br />

nous vivons sous le regard constamment méprisant de tous, entre leçons de pédagogie<br />

délivrées par <strong>des</strong> profanes qui n'ont jamais mis un pied dans une classe, con<strong>des</strong>cendance<br />

(« Ah, c'est vraiment un métier que je ne pourrais pas faire ! Tu as bien du courage... ») et<br />

remarques méprisantes sur nos 18 (ou 15) heures hebdomadaires et nos quatre mois de<br />

vacances (qui n'existent que dans leurs fantasmes)... Après une année de stage en lycée<br />

et de « formation » centrée exclusivement sur le lycée, j'ai été affecté en collège (sans<br />

aucune formation adaptée) dans une région socialement sinistrée, loin de chez moi (une à<br />

deux heures quotidiennes de transports), avec <strong>des</strong> classes bourrées au maximum, <strong>des</strong><br />

élèves d'un niveau très faible, de très nombreux problèmes de discipline (dont l'enseignant<br />

est perpétuellement suspecté d'être en fait lui-même responsable), dans un établissement<br />

qui venait d'ouvrir : <strong>des</strong> millions dans les ordinateurs, mais pas un manuel pour les élèves,<br />

pas un livre pour le CDI, resté vide pendant <strong>des</strong> mois. Et à nouveau la même solitude :<br />

impossible de communiquer avec qui que ce soit au travail pour trouver <strong>des</strong> solutions,<br />

améliorer ma pratique professionnelle, faire part de mes difficultés. L'isolement dans<br />

l'échec, un sentiment permanent de culpabilité, d'incompétence, de nullité, mon boulot me<br />

paraît complètement vide de sens. Je perds le sommeil, fais le vide autour de moi, copine,<br />

amis, famille, tout le monde me devient insupportable, je cesse simultanément de préparer<br />

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