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onvautmieuxqueca_votre_livre-1.1

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enfin, un appartement. Mais comme un malheur n'arrive jamais seul, mon père, si fidèle,<br />

fait face au dépôt de bilan "surprise" de son entreprise, dont le patron est aujourd'hui<br />

poursuivi pour fraude. Un patron qui avait la confiance de ses 12 employés et qui les a<br />

honteusement trompés. Mon père retrouvera un travail une semaine plus tard, grâce à son<br />

abnégation et la réputation qu'il s'est faite dans son milieu. Mes parents finissent<br />

aujourd'hui de rembourser leurs dettes, la situation tend à s'améliorer, mais si nous avons<br />

bien appris une chose, c'est qu'il nous est impossible à nous, classe "moyenne", d'etre<br />

sûrs de nos arrières, et il nous est interdit, surtout, d'être trop gentils, et ce surtout dans le<br />

milieu du travail.<br />

Et moi, ancienne étudiante, avec tous ces remous, j'ai pris la décision de mettre fin<br />

à mes étu<strong>des</strong>. Pourtant, j'étais plutôt bonne, mais la vie d'étudiante salariée et les 70h par<br />

semaines qu'elle engendrait m'ont pousse à la déprime, aux burn out trimestriels à chaque<br />

période de partiels. Et puis ce constat; mon père, son doctorat ne l'aura pas mis à l'abri.<br />

Alors j'ai abandonné, pour le travail et l'illusion d'une vie plus stable et plus agréable. J'ai<br />

trouvé ma place dans la restauration, un métier qui me passionne mais qui peut être le<br />

pire comme le meilleur. Je suis évidemment comme beaucoup passée par ces entreprises<br />

qui n'ont que faire du bien être de leur salariés, j'ai été sous payée, j'ai fait <strong>des</strong> heures<br />

supplémentaires à n'en plus finir, parfois jusqu'à me retrouver à travailler 7/7 pendant tout<br />

un mois, jusqu'à 15h par jour. Tout ça pour un Smic. J'ai vécu la stigmatisation aussi, qui<br />

dans mon cas est positive, puisque je m'appelle Goncalves et que "les portugais sont <strong>des</strong><br />

bosseurs et font bien le menage". Parce que je suis une femme, et que "les femmes sont<br />

consciencieuses" voire corvéables à merci. Parce que je suis pas trop moche, au point<br />

d'être présentée par certains de mes employeur à leurs amis comme un "atout charme".<br />

Je ne me plaindrait jamais d'avoir la certitude de toujours trouver du travail, lorsque<br />

d'autres galèrerons toute une vie. Ce dont je me plains, ce sont ces à priori insensés qui<br />

me placent dans une position avantageuse dont on attendra toujours que je sois<br />

reconnaissante, tandis que mes amis renois, reubeus, avec qui je partage l'histoire<br />

commune de l'immigration de nos grands parents, se trouvent eux dans une stigmatisation<br />

de bien plus malsaine dont je ne peux qu'avoir pleinement conscience. L'importance du<br />

nom et de la couleur de peau,ou du genre au travail est indéniable, et qu'elle soit positive<br />

ou négative, cette stigmatisation constante n'a pas lieu d'être.<br />

Aujourd'hui, la vie tend à s'améliorer. J'ai trouvé un travail dans une entreprise<br />

familiale avec <strong>des</strong> employeurs formidables, du genre de ceux qui ont compris la<br />

symbolique même de l'entreprenariat. Du genre de ceux qui vous prennent tels que vous<br />

êtes, avec vos potentiels, en essayant de vous tirer vers le haut sans jamais changer votre<br />

personne. Du genre qui vous interdit de vous inquiéter du travail pendant vos week-end,<br />

car ils ont compris que votre productivité dépend de votre bien être. Du genre qui a<br />

compris que quand on fait 42h par semaine, un Smic ne suffit pas. Du genre à ne pas te<br />

faire de réflexion quand tu débarqués pas maquillée alors que tu es la seule fille du staff et<br />

qu'une semaine grande partie. Du genre à adhérer à l'idée de méritocratie, tout<br />

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