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onvautmieuxqueca_votre_livre-1.1

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« dévalorisation » s’est enflée de façon épouvantable.<br />

Pourquoi ? À cause du contexte économique, où le chômage est massif, l’humain<br />

est devenu une ressource si abondante que la bonne santé d’une pizza est plus<br />

importante que celle du chauffeur qui la livre. Ce n’est pas une métaphore illustrative, je<br />

fais là référence au témoignage d’un livreur dont le manager s’est enquis de l’état de la<br />

pizza avant l’état de son employé, et il y aurait <strong>des</strong> milliers d’autres exemples de la sorte,<br />

comme ceux où l’on prive d’aller aux toilettes, de boire de l’eau, de soins médicaux après<br />

un accident du travail. Les droits humains sont ici bafoués sans complexe et je comprends<br />

parfaitement que les employés, les ouvriers, les agents, les chômeurs et même les cadres<br />

(qui n’échappent pas non plus au harcèlement) ne répliquent pas, semble en apparence<br />

se « laisser faire » : la « guerre » syndicale prend du temps, de l’énergie, met parfois en<br />

danger l’employé (qui se fait harceler) ; l’appel à l’inspection du travail reste parfois sans<br />

voix, car eux aussi sont surmenés, et lorsque la bataille juridique se met en œuvre, cela<br />

prend parfois <strong>des</strong> années. Quant à « ouvrir sa gueule », taper du poing sur la table, hé<br />

bien c’est risqué de perdre son emploi, et les gens ont légitimement peur d’avoir faim. Pire<br />

encore, les sans-emplois sont stigmatisés, d’horribles préjugés courent sur cette<br />

population chaque année plus massive, poussant les gens à repousser pourtant une lettre<br />

de démission ou un licenciement qui sauverait pourtant leur vie.<br />

Au risque de surprendre, je tiens à dire que certains témoignages de sans-emploi<br />

m’ont gonflé d’espoir. Incroyablement fortes, ces personnes qu’on dit exclues sont on ne<br />

peut plus intégrées à mon sens à ce qu’on appelle la vie : écolo, décroissante,<br />

débrouillarde, sociable, hyperactive dans leur environnement proche, j’ai eu la chance de<br />

lire ces témoignages de personnes que la société abîme, mais qui se « vengent » avec<br />

une lumière et un élan vers le monde extraordinaire. J’aimerais que tous puissent avoir la<br />

chance de s’imprégner de ces histoires et qu’on en finisse définitivement avec ces idées<br />

que les chômeurs seraient <strong>des</strong> fainéants ou que sais je encore. C’est un préjugé stupide,<br />

injustifié et injustifiable, qui ne sert qu’à rassurer une conception du monde erronée.<br />

Alors voilà, j’ai fait <strong>des</strong> opérations de synthèse dans ma tête, additionnant mon<br />

expérience personnelle, tous les témoignages que j’ai lus et édités, tous les témoignages<br />

de mes proches, toutes les recherches sur le travail que j’ai faites pour l’homme formaté et<br />

mon petit bouquin sur les biais de pôle emploi et le résultat est fort personnel, et il me<br />

semble qu’il faille donner du pouvoir aux gens de faire face aux rouleaux compresseurs<br />

que sont les entreprises et les organisations inhumaines.<br />

Ce pouvoir, c’est tout simple, il s’agirait d’un revenu inconditionnel à tous permettant<br />

de vivre avec décence, quelle que soit la situation. Un revenu attribué aussi aux salariés<br />

afin que ce revenu ne soit pas atteint <strong>des</strong> préjugés comme ceux <strong>des</strong> allocations. Ainsi, les<br />

personnes n’auraient pas peur de taper le poing sur la table lorsqu’il advient quelque<br />

chose d’inacceptable au travail, n’aurait pas peur de faire <strong>des</strong> démarches pour améliorer<br />

les entreprises, n’aurait pas peur d’engager <strong>des</strong> procédures judiciaires lorsque les lois<br />

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