28.03.2017 Views

Table des matières

onvautmieuxqueca_votre_livre-1.1

onvautmieuxqueca_votre_livre-1.1

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

c’est plutôt pas de réponse du tout. Aucun respect de la personne qui postule. Il faut se<br />

faire humilier avec le sourire et la pêche. Et quand vous arrivez à avoir un entretien pour<br />

un job qui nécessite <strong>des</strong> qualifications mais qu’il est encadré par un CAE, donc CDD de<br />

20h hebdo, non renouvelable, payé au SMIC, comme cela m’est déjà arrivé, et que la<br />

femme qui vous reçoit ose vous demander quelles sont vos motivations pour le poste,<br />

mais là, vous avez envie de lui sauter à la gueule.<br />

Quant au monde du travail, je pense qu’il a beaucoup évolué depuis les années 90.<br />

Je ne sais pas comment ils sont arrivés à dresser les salariés les uns contre les autres<br />

comme c’est le cas aujourd’hui, faire que dans une entreprise, on est toujours en<br />

concurrence avec ses collègues, qu’on ne peut compter sur l’aide de personne en cas de<br />

conflit avec la direction. J’ai principalement travaillé dans <strong>des</strong> petites entreprises, donc pas<br />

de syndicat, avec un passage d’une dizaine d’années dans le public. Quand je suis<br />

revenue dans le privé, je me suis pris une claque. Je ne me reconnaissais pas dans ce<br />

que l’on me demandait d’être. (Peut-être parce qu’on ne me demandait plus « d’être ») Je<br />

me suis aperçue que ma valeur dans l’entreprise ne dépendait plus de mes compétences<br />

mais de ma docilité. Aujourd’hui, quand un salarié ose ouvrir sa gueule, il est forcément<br />

catalogué caractériel. La classe ouvrière a disparu, la notion de travailleur-euse aussi.<br />

Cette conscience de classe a été gommée et les employés sont devenus <strong>des</strong> larbins,<br />

flexibles, dociles et silencieux. Il ne faut pas faire de vague et ne jamais rien exprimer de<br />

personnel. Les titres <strong>des</strong> postes à pourvoir ont <strong>des</strong> noms ronflants, vi<strong>des</strong> de sens. J’ai<br />

l’impression qu’on endort les gens avec ces titres. Chacun se croit plus important que<br />

l’autre.<br />

Avant il y avait <strong>des</strong> O.S. <strong>des</strong> O.Q. qui savaient qu’ils faisaient partie de la classe<br />

ouvrière, <strong>des</strong> agents de maîtrise ou <strong>des</strong> contremaîtres qui étaient identifiés comme faisant<br />

partie <strong>des</strong> cadres, maintenant il n’y a que <strong>des</strong> chefs de projet, <strong>des</strong> responsables de ceci<br />

ou <strong>des</strong> responsables de cela et dans le tertiaire c’est encore pire, ils ne sont souvent<br />

responsables que d’eux-mêmes. Y’a que le titre qui est ronflant, le salaire lui l’est moins,<br />

mais avec un titre ronflant on a l’impression d’être au-<strong>des</strong>sus du lot et on se croit faire<br />

partie <strong>des</strong> dirigeants on croit donc qu’on n’a pas grand-chose de commun avec son voisin<br />

de bureau, celui qui en bave autant que vous, mais fait comme si tout allait bien, parce<br />

qu’il faut être un « winner ».<br />

Cette « loi du travail », c’est vraiment l’expression de tout ce que je viens d’écrire.<br />

Si on la laisse passer, nous ne serons plus <strong>des</strong> hommes et <strong>des</strong> femmes, travailleurs<br />

travailleuses, nous ne serons plus que <strong>des</strong> larbins.<br />

858

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!