Les Bassa Du Ca ... Marcel eugène WOGNON).pdf - Rencontre de ...
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<strong>de</strong> lui, il eut cette réponse directe: «Si Dieu est maître dans son<br />
royaume, moi aussi je le suis sur la tombe <strong>de</strong> mon père ». A quoi sert la<br />
colère d'un chef vis-à-vis d'un autre? Le pasteur rapporte qu'il repartit<br />
comme venu, sans parvenir à infléchir la fierté du vieux N segbe qui ne<br />
comprenait pas qu'un chef <strong>de</strong> son statut puisse se plier aux volontés d'un<br />
autre chef.<br />
Nous verrons par la suite, au cours <strong>de</strong>s multiples colonisations, la<br />
résistance opposée à toute entrave à la liberté <strong>de</strong> celui qui se croit « tout»<br />
sur la tombe <strong>de</strong> son père. Le Basaa n'a jamais compris ni admis qu'une<br />
autorité au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> celle du clan (la tombe <strong>de</strong>s ancêtres) fût plus profitable<br />
au grand groupe qu'à sa cellule familiale. Parti <strong>de</strong> Ngok Lituba, un peu<br />
vers la fin du Monyen-Age, on voit notre Basaa installé dans cette zone<br />
côtière qu'on appelle Sawa ou bord <strong>de</strong> la mer. Ici il est mêlé à tout ce qui<br />
caractérise le melting-pot camerounais. Il y vit comme cultivateur, pêcheur<br />
et chasseur. Son commerce avec les Malimba, <strong>Du</strong>ala et Bakoko est très<br />
intense. Beaucoup <strong>de</strong>s produits importés <strong>de</strong>puis 1472 se trouvent déjà<br />
assimilés dans sa consommation journalière: rhum, sel, pagnes,<br />
verroteries, ustensiles <strong>de</strong> cuisine, etc.<br />
<strong>Les</strong> premiers Européens disent <strong>de</strong> lui qu'il est «socialement<br />
évolué »17 mais peu malléable.<br />
Cela part du caractère trop marqué <strong>de</strong> sa société à classes; on peut<br />
même parler <strong>de</strong> castes. Cette société du type patriarcal est fondée sur le<br />
droit d'aînesse, et <strong>de</strong> l'aîné <strong>de</strong> la famille à l'esclavage intégré, l'on compte<br />
neuf classes bien hiérarchisées, d'où le proverbe bien connu dans<br />
l'étiquette réglant les rapports entre individus qui exprime cette réalité<br />
Mbok dinoo di moo : la société ressemble aux doigts d'une main, les uns<br />
sont grands. les autres petits.<br />
Nous noterons avec juste raison que le <strong>Bassa</strong> parti <strong>de</strong> la savane <strong>de</strong><br />
Ngok Lituba, ayant rencontré bien d'autres sociétés. ne gar<strong>de</strong> plus tous les<br />
éléments spécifiques <strong>de</strong> sa culture. C'est ainsi que chez les Basaa dits<br />
Buala, sur les bords du Mbend, les noms et les habitu<strong>de</strong>s épousent ceux <strong>de</strong>s<br />
<strong>Du</strong>ala qu'ils ten<strong>de</strong>nt à imiter, cependant que le nom patronymique, la<br />
désignation clanique restent typiquement Basaa, avec quelques altérations,<br />
telle que: Ndôg Hém au lieu <strong>de</strong> Nfôg Ném comme à Babimbi par<br />
exemple. De ce Basaa, il sera trop peu question durant la colonisation<br />
germano-française. Ceci nous amène à parler <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> 1884-1960.<br />
17 Nicol Yves, <strong>Les</strong> Bakoko, La Rose, Paris, 1929<br />
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