invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...
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dans le golfe <strong>de</strong> Gabès, en Tunisie (Zaouali, 1993 ; Jarboui <strong>et</strong> Ghorbel, 1995 ; Chedly Raïs,<br />
comm. pers.).<br />
(7) En Amérique du Nord (côte pacifique), le crabe introduit Carcinus maenas (crabe vert)<br />
domine le crabe indigène Hemigrapsus oregonensis. Sur la côte Est (Atlantique), il domine (à<br />
taille égale) le crabe indigène Callinectes sapidus (crabe bleu) 117 ; le crabe récemment introduit<br />
H. sanguineus domine le crabe plus anciennement introduit Carcinus maenas pour l'accès<br />
à la nourriture, mais le contraire peut s'observer (cela dépend <strong>de</strong> la proie). Dans tous les cas, la<br />
compétition se fait surtout pour l'occupation <strong>de</strong>s abris (coquilles vi<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> blocs) par<br />
les juvéniles (Jensen <strong>et</strong> al., 2002 ; MacDonald <strong>et</strong> al., 2007).<br />
(8) En Turquie, l’annéli<strong>de</strong> lessepsien Pseudonereis anomala remplace Perinereis cultrifera ;<br />
ce <strong>de</strong>rnier est sans doute désavantagé par l'absence <strong>de</strong> sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> dispersion pélagique, contrairement<br />
à l'espèce introduite (Ergen <strong>et</strong> al., 2002).<br />
(9) L'étoile <strong>de</strong> mer lessepsienne Asterina burtoni 118 a remplacé, en Israël, l'espèce indigène A.<br />
gibbosa (Boudouresque, 1999b ; Galil, 2000) <strong>et</strong> la méduse Rhopilema nomadica a remplacé<br />
Rhizostoma pulmo (Galil, 2000 ; Cevik <strong>et</strong> al., 2002).<br />
(10) Dans la lagune <strong>de</strong> Venise (Italie), l'huître japonaise Crassostrea gigas a presque complètement<br />
remplacé Ostrea adriatica ; le bryozoaire Tricellaria inopinata a remplacé plusieurs<br />
espèces <strong>de</strong> Bugula ; <strong>de</strong> même, les palour<strong>de</strong>s Scapharca inaequivalvis 119 <strong>et</strong> Ruditapes philippinarum<br />
y ont remplacé Cerasto<strong>de</strong>rma glaucum <strong>et</strong> Tapes <strong>de</strong>cussatus, respectivement (Occhipinti<br />
Ambrogi, 2000a, 2000b ; Pranovi <strong>et</strong> al., 2006). Dans le bassin d’Arcachon, la palour<strong>de</strong><br />
‘japonaise’ Ruditapes philippinarum représentait, en 2008, 95% <strong>de</strong>s effectifs <strong>et</strong> 97% <strong>de</strong> la<br />
biomasse <strong>de</strong> palour<strong>de</strong>s, réduisant à une abondance négligeable les palour<strong>de</strong>s indigènes Ruditapes<br />
<strong>de</strong>cussatus <strong>et</strong> Venerupsis aurea, qu’elle a suplantées <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années 1990s<br />
(Caill-Milly <strong>et</strong> al., 2008). Dans la baie <strong>de</strong> Vilaine (Sud <strong>de</strong> la Br<strong>et</strong>agne), la palour<strong>de</strong> indigène<br />
R. <strong>de</strong>cussatus n’est plus observée (D’Hardivillé <strong>et</strong> al., 2010).<br />
(11) Au Liban, où le téléostéen herbivore indigène Sarpa salpa était commun au début du<br />
20 ème siècle, il est <strong>de</strong>venu très rare, sans doute en raison <strong>de</strong> la compétition avec Siganus rivulatus<br />
<strong>et</strong> S. luridus, herbivores lessepsiens qui occupent à peu près la même niche écologique<br />
120 <strong>et</strong> qui sont <strong>de</strong>venus très abondants. La supériorité <strong>de</strong>s Siganus pourrait se manifester<br />
dans l'occupation <strong>de</strong>s nurseries, puis dans l'utilisation <strong>de</strong>s ressources alimentaires par les<br />
adultes (Bariche, 2002). Dans le Sud-Est <strong>de</strong> la Turquie (Adrasan), Sarpa salpa ne s’observe<br />
plus qu’exceptionnellement, remplacé également par Siganus rivulatus <strong>et</strong> S. luridus (Ballesteros,<br />
2012). A Rho<strong>de</strong>s (Grèce) les Siganus représentent plus <strong>de</strong> 99% <strong>de</strong> la biomasse <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />
<strong>de</strong>nsité <strong>de</strong>s téléostéens herbivores, l’espèce indigène Sarpa salpa ne représentant aujourd’hui<br />
que moins <strong>de</strong> 1 % (Kalogirou <strong>et</strong> al., 2011). A Paros <strong>et</strong> Antiparos (Grèce), Siganus luridus a<br />
117 Le crabe bleu Callinectes sapidus (indigène) est protégé par sa taille adulte, supérieure à celle du crabe vert<br />
Carcinus maenas (introduit), ce qui lui perm<strong>et</strong> l'escape in size. Toutefois, si une perturbation (surpêche, maladie)<br />
faisait chuter les effectifs adultes <strong>de</strong> C. sapidus, un regime shift au profit <strong>de</strong> C. maenas serait possible (MacDonald<br />
<strong>et</strong> al., 2007).<br />
118 Asterina burtoni est synonyme <strong>de</strong> A. wega.<br />
119 Scapharca inaequivalvis est synonyme d’Anadara inaequivalvis.<br />
120 Dans une station où Siganus luridus est arrivé recemment <strong>et</strong> cohabite avec le téléostéen indigène Sarpa<br />
salpa, l’île <strong>de</strong> Linosa (Italie), Azzurro <strong>et</strong> al. (2007) montrent que leurs préférences alimentaires sont en fait différentes<br />
: S. luridus préfère Dictyota dichotoma (phéophycées, straménopiles), alors que S. salpa préfère Sargassum<br />
vulgare (phéophycées, straménopiles).<br />
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