invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...
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Afrique du Sud, In<strong>de</strong> <strong>et</strong> Brésil), le coût économique est évalué à 314 GUS$/an, soit 240<br />
US$/habitant/an (Pimentel <strong>et</strong> al., 2001). Pour l'Union Européenne, le coût économique est<br />
estimé à 12 G€/an. Au niveau mondial, le coût <strong>de</strong>s espèces introduites dépasserait les 100<br />
GUS$/an (OTA, 1993 ; McNeely, 1996a ; Westbrooks <strong>et</strong> Eplee, 1996 ; Bright, 1998 ; Ellstrand<br />
<strong>et</strong> Schierenbeck, 2000 ; Kolar <strong>et</strong> Lodge, 2001 ; Magee <strong>et</strong> al., 2001 ; Clout, 2002). Selon<br />
Pimentel <strong>et</strong> al. (2001), une extrapolation du coût mondial, à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong>s 6 pays<br />
mentionnés plus haut, atteint 1 400 GUS$/an, soit 5% <strong>de</strong> l'économie mondiale.<br />
En milieu marin (§ 9.3 à 9.7), les conséquences économiques négatives <strong>de</strong>s introductions<br />
d'espèces peuvent être dues à leur compétitivité vis-à-vis <strong>de</strong>s espèces indigènes, ou au fait<br />
qu'il s'agisse <strong>de</strong> parasites ou d'agents pathogènes passant <strong>de</strong> leur hôte habituel (l'espèce introduite)<br />
à un hôte indigène nouveau (transfert latéral) ; un tel saut s'accompagne habituellement<br />
d'une très gran<strong>de</strong> virulence (Boudouresque <strong>et</strong> Ribera, 1994 ; Ribera <strong>et</strong> Boudouresque,<br />
1995 ; Barber, 1997 ; Schmitz <strong>et</strong> Simberloff, 1997).<br />
9.3. Gêne à la pêche <strong>et</strong> à l'aquaculture<br />
En Europe, le mollusque filtreur introduit Crepidula fornicata est un compétiteur <strong>de</strong>s huîtres<br />
Crassostrea gigas, <strong>de</strong>s moules Mytilus edulis <strong>et</strong> <strong>de</strong>s coquilles Saint-Jacques pour la collecte<br />
du phytoplancton 137 (Piquion, 1985 ; Hamon, 1996 ; Blanchard, 1997 ; Soulas <strong>et</strong> al.,2001 ;<br />
Blanchard <strong>et</strong> al., 2010). Dans le cas <strong>de</strong>s moules, toutefois, l'impact négatif (augmentation <strong>de</strong><br />
la mortalité) ne serait pas dû à la compétition pour le plancton, mais à la dépense énergétique<br />
pour fabriquer plus <strong>de</strong> byssus (Thieltges, 2005). Crepidula fornicata peut <strong>de</strong>venir aussi abondant<br />
que les huîtres, comme c'est le cas dans le golfe normano-br<strong>et</strong>on. Entre le cap Fréhel <strong>et</strong> le<br />
Mont Saint-Michel, le stock <strong>de</strong> Crepidula a été estimé à 149 000 t <strong>de</strong> masse humi<strong>de</strong>, dont<br />
80 000 t en baie <strong>de</strong> Cancale (Ile <strong>et</strong> Vilaine), où la biomasse d'huîtres n'est que <strong>de</strong> 20 000 t<br />
(Glo, 1995 ; Blanchard, 1999). Dans la baie <strong>de</strong> Saint-Brieuc, où Crepidula est arrivée en<br />
1974, elle représente aujourd'hui 250 000 t (Hamon, 1996) ; dans le même temps, le stock <strong>de</strong><br />
coquilles saint-jacques, estimé à 30 000 t en 1970 (<strong>et</strong> par ailleurs surexploité), est tombé entre<br />
12 000 <strong>et</strong> 18 000 t ; la production est passée <strong>de</strong> 12 000 t/a à 3 000-4 000 t/a (Soulas <strong>et</strong> al.,<br />
2001). Pour la côte Ouest du Cotentin, le stock <strong>de</strong> Crepidula est passé <strong>de</strong> 150 000 t en 1985 à<br />
750 000 t en 1992. Dans certains secteurs (îles Chausey), la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> Crepidula est <strong>de</strong>venue<br />
telle (jusqu'à 10 000 ind./m², 20 kgMH/m²) que les pêcheurs travaillant à la drague ou au chalut<br />
ont dû les abandonner (Blanchard, 1995 ; Boucher, 1995 ; Soulas <strong>et</strong> al., 2001). Dans le<br />
bassin <strong>de</strong> Marennes-Oléron (Charente-Maritime, France), on procè<strong>de</strong> au dragage <strong>de</strong>s crépidules<br />
<strong>de</strong>puis 1983 ; on a dépensé 90 000 € en 1995 pour ramasser (par dragage) 1 500 t <strong>de</strong><br />
Crepidula (le stock est estimé à 15 000-20 000 t), puis pour les détruire à terre ; une expérience<br />
a été réalisée pour les détruire par cuisson à bord du bateau <strong>et</strong> les rej<strong>et</strong>er en mer, ce qui<br />
reviendrait moins cher, mais ne peut être appliqué qu'à <strong>de</strong>s tonnages limités, afin d'éviter un<br />
apport conséquent <strong>de</strong> matière organique (Soulas <strong>et</strong> al., 2001). Ces opérations doivent être recommencées<br />
chaque année (Piquion, 1985 ; Gaubert, 1995). Dans le golfe normano-br<strong>et</strong>on, la<br />
137 Dans le bassin d'Arcachon, Montaudouin <strong>et</strong> al. (1999) ont réalisé <strong>de</strong>s expériences pour tester l'eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> Crepidula<br />
fornicata sur l'huître Crassostrea gigas ; ils montrent que la croissance <strong>et</strong> l'état physiologique <strong>de</strong> l'huître<br />
ne diffèrent pas significativement entre les témoins <strong>et</strong> les quadrats où elle est confrontée à une biomasse égale <strong>de</strong><br />
crépidules. Ces conclusions doivent toutefois être considérées avec pru<strong>de</strong>nce. En eff<strong>et</strong>, les quadrats expérimentaux<br />
<strong>de</strong>s auteurs ne mesurent que ¼ <strong>de</strong> m² <strong>et</strong> ne sont pas environnés <strong>de</strong> crépidules, <strong>de</strong> telle sorte que la ressource<br />
(phytoplancton) qui y arrive n'est pas limitante. Il est possible <strong>de</strong> penser que, si les huîtres avaient été<br />
immergées dans <strong>de</strong>s bancs <strong>de</strong> crépidules <strong>de</strong> plusieurs centaines d'hectares (comme c'est le cas dans certaines<br />
régions), les résultats auraient pu être différents.<br />
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