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invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...

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3.10. Validité <strong>de</strong> ces critères<br />

Les critères exposés ci-<strong>de</strong>ssus, qui ne sont généralement pas tous réunis, perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> juger<br />

<strong>de</strong> la probabilité qu'une espèce soit introduite, <strong>et</strong> non <strong>de</strong> formuler une certitu<strong>de</strong>. Le fait<br />

qu'une espèce soit <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille, <strong>et</strong> ne passe donc pas facilement inaperçue, <strong>et</strong> que son statut<br />

taxonomique soit clair, facilite le diagnostic (voir § 3.1). Ce n'est sans doute pas un hasard<br />

si <strong>de</strong>s groupes dont la taxonomie est complexe <strong>et</strong> plus ou moins confuse, tels que les Ulva (y<br />

compris les ‘Enteromorpha’), les Cladophora (chlorobiontes, Archaeplastida), les Audouinella<br />

(rhodobiontes, Archaeplastida), <strong>et</strong> les ectocarpacées (phéophycées, chromobiontes, straménopiles)<br />

ne comportent pas d'espèces présumées introduites (Ribera <strong>et</strong> Boudouresque, 1995 ;<br />

Wyatt <strong>et</strong> Carlton, 2002). Il en va <strong>de</strong> même <strong>de</strong>s espèces du plancton, dont la distribution géographique<br />

originelle est mal connue, <strong>et</strong> dont un p<strong>et</strong>it nombre seulement sont considérées<br />

comme introduites (Wyatt <strong>et</strong> Carlton, 2002).<br />

Ces critères sont toutefois suffisamment robustes pour que, dans <strong>de</strong> nombreux cas, <strong>de</strong>s espèces<br />

aient été perçues immédiatement comme introduites, lors <strong>de</strong> leur découverte, alors qu'elles<br />

étaient nouvelles pour la science, <strong>et</strong> que par conséquent leur région d'origine était inconnue.<br />

C'est le cas du chromobionte Colpomenia peregrina en Br<strong>et</strong>agne (Sauvageau, 1906), du bryozoaire<br />

Tricellaria inopinata dans la lagune <strong>de</strong> Venise (d'Hondt <strong>et</strong> Occhipinti-Ambrogi, 1985),<br />

<strong>de</strong> l’annéli<strong>de</strong> Sabellidae Terebrasabella h<strong>et</strong>erouncinata en Californie (Culver <strong>et</strong> Kuris, 2000),<br />

<strong>de</strong> la méduse Rhopilema nomadica en Israël (Spanier <strong>et</strong> Galil, 1991) <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'éponge Celtodoryx<br />

girardae dans le golfe du Morbihan (France) ; dans le cas <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière espèce, il s'agit<br />

même d'un genre nouveau (Perez <strong>et</strong> al., 2006). Ce n'est qu'ultérieurement (parfois <strong>de</strong>s décennies<br />

plus tard) que ces espèces ont été découvertes dans leur région d'origine. Dans le cas<br />

d'Oculina patagonica, lors <strong>de</strong> sa découverte en Italie, l'espèce n'était connue qu'à l'état fossile,<br />

en Argentine (Zibrowius, 1974).<br />

Inversement, certaines espèces ont été considérées comme introduites lors <strong>de</strong> leur découverte<br />

dans une région, mais <strong>de</strong>s données ultérieures ont montré qu'elles y étaient indigènes. C'est le<br />

cas du crabe Automate branchialis, initialement considéré comme une espèce lessepsienne (cf<br />

§ 4.11) lorsqu'il a été découvert en Israël (Galil <strong>et</strong> al., 2002). C'est toutefois un cas exceptionnel.<br />

Le contraire est beaucoup plus fréquent.<br />

Carlton (1996b) nomme ‘espèces cryptogéniques’ 45 les espèces dont on peut difficilement<br />

préciser si elles sont indigènes ou introduites, en l'absence d'inventaires anciens fiables, <strong>et</strong><br />

suggère que beaucoup d'entre-elles sont en fait <strong>de</strong>s espèces introduites ; il en résulterait que le<br />

nombre <strong>de</strong>s espèces introduites serait beaucoup plus élevé qu'on ne le pense habituellement ;<br />

dans la baie <strong>de</strong> San Francisco (USA), la prise en compte <strong>de</strong>s espèces cryptogéniques (peutêtre<br />

introduites) ferait passer le nombre <strong>de</strong>s espèces introduites <strong>de</strong> 234 à 359 (Cohen <strong>et</strong> Carlton,<br />

1998). Dans l'Atlantique du Sud-Ouest (Argentine, Malouines <strong>et</strong> Uruguay), on recense 31<br />

espèces probablement introduites <strong>et</strong> 46 espèces qui pourraient constituer <strong>de</strong>s introductions<br />

cryptogéniques (Orensanz <strong>et</strong> al., 2002). Il est troublant <strong>de</strong> constater que, dans la baie <strong>de</strong> Chesapeake<br />

(USA), le nombre d'introductions reconnues est corrélé avec la taille <strong>de</strong>s taxons, alors<br />

que le nombre d'espèces en mer est inversement corrélé à la taille <strong>de</strong>s taxons (Ruiz <strong>et</strong> al.,<br />

2000). Grâce aux outils moléculaires, McIvor <strong>et</strong> al. (2001) ont par exemple montré que Polysiphonia<br />

harveyi (rhodobiontes), espèce d'abord considérée comme cryptogénique, était bien<br />

45 Cryptogénique, du grec kryptos, secrêt <strong>et</strong> du latin generare, engendrer.<br />

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