05.07.2013 Views

invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...

invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...

invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

gion d'origine ; Clay, 2003), mais auquel une ou plusieurs espèces indigènes concurrentes, qui<br />

occupent une niche similaire, sont sensibles <strong>et</strong> auxquelles le parasite va être transféré (Crawley,<br />

1986 ; Combes, 1995). En Afrique du Sud, la moule native Perna perna est plus sensible<br />

aux parasites digènes que l'espèce européenne Mytilus galloprovincialis, ce qui avantage c<strong>et</strong>te<br />

<strong>de</strong>rnière (Sakai <strong>et</strong> al., 2001).<br />

De même, la présence ou l'absence <strong>de</strong>s espèces symbiontes mutualistes <strong>de</strong> l'espèce candidate<br />

constitue un facteur <strong>de</strong> succès (ou d'échec) important. Par exemple, une orchidée ne peut réussir<br />

son introduction sans l'espèce <strong>de</strong> Fungi (opisthochontes) à laquelle elle est obligatoirement<br />

associée (Crawley, 1986).<br />

L'allélopathie joue également un rôle important (‘novel weapons hypothesis’). Dans le domaine<br />

continental, <strong>de</strong> nombreuses espèces produisent <strong>de</strong>s substances toxiques au niveau <strong>de</strong><br />

leurs racines. Dans leur région <strong>et</strong> écosystème d'origine, leurs partenaires, avec lesquels elles<br />

ont co-évolué, ont développé <strong>de</strong>s résistances. Au contraire, dans la région d'introduction, les<br />

espèces natives peuvent y être très sensibles (Fitter, 2003 ; Callaway <strong>et</strong> Ri<strong>de</strong>nour, 2004). Le<br />

succès <strong>de</strong> l'astéracée Centaurea maculosa, originaire d'Europe, très invasive en Amérique du<br />

Nord, est dû à la production <strong>de</strong> catéchine contre laquelle les plantes indigènes n'ont pas <strong>de</strong><br />

résistance (Bais <strong>et</strong> al., 2003 ; Fitter, 2003).<br />

La faible diversité génétique <strong>de</strong> l'espèce introduite, due à l'eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> fondation, est généralement<br />

considérée comme un facteur défavorable à son succès <strong>et</strong> surtout à sa compétitivité.<br />

Toutefois, dans le cas <strong>de</strong> la fourmi argentine Linepithema humile, sa très faible diversité génétique<br />

en Californie <strong>et</strong> en Europe, où elle est introduite, constitue sans doute la clé <strong>de</strong> son succès<br />

vis-à-vis <strong>de</strong>s espèces indigènes : la diminution <strong>de</strong> l'agressivité inter-colonies qui en résulte<br />

a en eff<strong>et</strong> permis la constitution <strong>de</strong> gigantesques super-colonies, extrêmement efficaces du<br />

point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la compétition avec les espèces indigènes (Tsutsui <strong>et</strong> al., 2000 ; Starks, 2003).<br />

Inversement l'hybridation avec une espèce indigène, ou l'hybridation entre espèces introduites<br />

(voir § 4.12), peut constituer un facteur <strong>de</strong> succès (Gammon <strong>et</strong> al., 2007).<br />

Un certain nombre d'auteurs, dont Vilà <strong>et</strong> Weiner (2004) se sont posé la question <strong>de</strong> savoir si<br />

les espèces invasives étaient <strong>de</strong> meilleurs compétiteurs que les espèces natives. On peut toutefois<br />

s'interroger sur la pertinence <strong>de</strong> la question ; en eff<strong>et</strong>, une espèce invasive a franchi avec<br />

succès un certain nombre <strong>de</strong> barrières (filtres) (Fig. 38) qui ont éliminé les moins compétitives<br />

<strong>de</strong>s espèces candidates ; dans ces conditions, il serait étonnant qu'il ne s'agisse pas d'espèces<br />

compétitives, tout au moins dans le nouveau contexte <strong>de</strong> l'écosystème ou <strong>de</strong> la région<br />

receveuse.<br />

5.5. Existe-t-il <strong>de</strong>s espèces <strong>et</strong> <strong>de</strong>s régions ‘à risque’ ?<br />

Est-il possible d'i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s espèces <strong>et</strong> <strong>de</strong>s régions donneuses ou receveuses ‘à risque’, <strong>et</strong><br />

donc <strong>de</strong> prévoir <strong>de</strong>s introductions, <strong>et</strong> tout particulièrement <strong>de</strong>s introductions constituant une<br />

menace pour la région receveuse ? Les gestionnaires <strong>de</strong> l'environnement sont avi<strong>de</strong>s d'informations<br />

<strong>de</strong> ce type.<br />

- (1) Les espèces ‘à risque’ sont a priori : (i) Des espèces qui ont une large valence<br />

écologique (eurytopie, polyphagie, <strong>et</strong>c.), capables par exemple d'innovations comportementales<br />

ou alimentaires, donc <strong>de</strong>s généralistes. (ii) Des herbivores (par rapport aux producteurs<br />

79

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!