invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...
invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...
invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
serait limité ; quand il est élevé, <strong>de</strong> nouvelles espèces ne pourraient pas trouver leur place. En<br />
fait, le nombre d'espèces dans un écosystème ne semble pas avoir <strong>de</strong> limite (Stohlgren <strong>et</strong> al.,<br />
2008). Le fait que, <strong>de</strong>puis l'apparition <strong>de</strong> la vie sur Terre, il y a 3 850 à 3 500 Ma, le nombre<br />
d'espèces n'ait jamais cessé d'augmenter, malgré <strong>de</strong>s crises d'extinction, <strong>et</strong> que c<strong>et</strong>te augmentation<br />
se soit même accélérée <strong>de</strong>puis 66 Ma, date <strong>de</strong> la collision entre notre planète <strong>et</strong> un astéroï<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> 10 km <strong>de</strong> diamètre ( 81), plai<strong>de</strong> en faveur <strong>de</strong> l'absence <strong>de</strong> limites aux capacités d'accueil<br />
d'un habitat.<br />
Sur la base <strong>de</strong> plusieurs modèles mathématiques, Moore <strong>et</strong> al. (2001) considèrent qu'il n'y a<br />
pas <strong>de</strong> relation entre la diversité spécifique d'un écosystème <strong>et</strong> sa résistance aux espèces introduites.<br />
Le succès d'espèces introduites dans <strong>de</strong>s écosystèmes à diversité spécifique élevée<br />
confirme ces modèles (Clay, 2003 ; Stohlgren <strong>et</strong> al., 2008 ; Davis, 2009). En Australie, il n'y a<br />
pas <strong>de</strong> différences significatives du nombre d'espèces introduites en milieu marin en fonction<br />
<strong>de</strong> la diversité spécifique, <strong>et</strong> en particulier entre les régions tropicales (à diversité très élevée)<br />
<strong>et</strong> tempérées (Hewitt, 2002). En Méditerranée, il ne semble pas y avoir <strong>de</strong> lien entre la diversité<br />
spécifique <strong>de</strong> la communauté receveuse <strong>et</strong> le succès <strong>de</strong> Caulerpa taxifolia (MAAS) <strong>et</strong> <strong>de</strong> C.<br />
cylindracea (Ceccherelli <strong>et</strong> al., 2002). Il en va <strong>de</strong> même du rhodobionte Lophocladia lallemandii<br />
en Toscane : il envahit fortement (jusqu’à 43% <strong>de</strong> la masse sèche <strong>de</strong>s producteurs<br />
primaires) les forêts à Cystoseira, assemblage à forte structuration spatiale <strong>et</strong> à diversité spécifique<br />
très élevée (Bedini <strong>et</strong> al., 2011). Globalement, la Méditerranée est un hot spot pour la<br />
diversité spécifique, marine <strong>et</strong> terrestre, <strong>et</strong> en même temps un hot spot pour les introductions<br />
d'espèces (Cuttelod <strong>et</strong> al., 2008). Dans les eaux douces <strong>et</strong> les estuaires <strong>de</strong> Californie, Moyle <strong>et</strong><br />
Light (1996) ne notent aucune relation entre la diversité <strong>de</strong> l'ichtyofaune <strong>et</strong> le succès <strong>de</strong>s introductions<br />
<strong>de</strong> téléostéens. De même, le rôle <strong>de</strong> la faible diversité spécifique est contesté par<br />
Prieur-Richard <strong>et</strong> Lavorel (2000), qui soulignent plutôt le rôle <strong>de</strong> la diversité fonctionnelle.<br />
Quand la résistance d'écosystèmes à forte diversité spécifique se vérifie, elle est due à <strong>de</strong>s<br />
inoculats très faibles d'une seule espèce introduite à la fois ; <strong>de</strong>s inoculats plus importants <strong>et</strong> la<br />
co-invasion par plusieurs espèces ne confirment pas la résistance <strong>de</strong>s habitats à diversité spécifique<br />
élevée (Hewitt <strong>et</strong> Huxel, 2002). La meilleure résistance aux espèces introduites <strong>de</strong>s<br />
habitats à diversité spécifique élevée, vérifiée expérimentalement dans une prairie du Texas<br />
(USA), ne serait pas due à la diversité elle-même, mais aux facteurs extrinsèques qui la contrôlent<br />
(perturbations au niveau du sol, disponibilité <strong>de</strong> la lumière) (Foster <strong>et</strong> al.,2002).<br />
Il convient <strong>de</strong> remarquer que, en milieu marin, les régions situées à l'extrémité d'un ‘corridor’<br />
sont presque toujours <strong>de</strong>s zones où la diversité spécifique est naturellement faible (lagunes<br />
littorales), ou bien <strong>de</strong>s zones où les activités humaines ont diminué la biodiversité (milieux<br />
pollués <strong>et</strong> perturbés), <strong>de</strong> telle sorte que le lien entre ‘succès <strong>de</strong>s introductions’ <strong>et</strong> ‘faible biodiversité’<br />
(ou ‘milieu perturbé’) peut n'être que fortuit (Williamson <strong>et</strong> Brown, 1986 ; GESAMP,<br />
1997 ; Wolff, 1999 ; Boudouresque <strong>et</strong> Verlaque, 2002b).<br />
La raison pour laquelle il semble y avoir <strong>de</strong>s résultats contradictoires, concernant le lien<br />
entre diversité <strong>et</strong> succès <strong>de</strong>s <strong>invasions</strong> <strong>biologiques</strong> (Fridley <strong>et</strong> al., 2007 ; Francour <strong>et</strong> al.,<br />
2010), pourrait être que la compétition interspécifique a tantôt <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s négatifs sur les partenaires<br />
(théorie classique), tantôt <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s favorables (‘facilitation’) ; dans ce <strong>de</strong>rnier cas, la<br />
diversité spécifique favoriserait les introductions (Dunstan <strong>et</strong> Johnston, 2004) ; il faut aussi<br />
considérer le fait que les patrons <strong>de</strong> diversité <strong>et</strong> d’invasibilité sont tous les <strong>de</strong>ux liés <strong>de</strong> façon<br />
81 La crise qui marque le passage <strong>de</strong> l’ère secondaire à l’ère tertiaire a été popularisée par l’extinction <strong>de</strong>s dinosaures.<br />
Il s’agit en fait <strong>de</strong> l’extinction d’une partie <strong>de</strong>s dinosaures, si l’on considère que les oiseaux actuels sont<br />
en réalité <strong>de</strong>s dinosaures.<br />
67