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invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...

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(par exemple, actuellement, le réchauffement climatique). (iii) Enfin, il peut être dû à la levée<br />

d'un déficit <strong>de</strong> fitness génétique grâce à l'arrivée <strong>de</strong> nouveaux individus <strong>et</strong> donc <strong>de</strong> nouveaux<br />

génotypes (sur-introduction), ou grâce à <strong>de</strong>s mutations (Crooks <strong>et</strong> Soulé, 1996 ; Bright, 1998 ;<br />

Taylor <strong>et</strong> Hastings, 2005). La question <strong>de</strong> ces mutations mérite discussion ; dans <strong>de</strong> très p<strong>et</strong>ites<br />

populations (moins <strong>de</strong> 100 individus), une amélioration <strong>de</strong> la fitness (sans arrivée <strong>de</strong><br />

nouveaux individus) est peu probable : on peut plutôt prévoir sa dépression due à l'inbreeding,<br />

avec perte <strong>de</strong> variabilité génétique ; jusqu'à 1 000 individus, la sélection naturelle ne peut pas<br />

contrebalancer la dérive génétique (aléatoire), <strong>et</strong> les mutations bénéfiques, si elles se produisent,<br />

ont peu <strong>de</strong> chance d'être sélectionnées ; ce n'est que dans <strong>de</strong>s populations <strong>de</strong> plusieurs<br />

milliers d'individus que <strong>de</strong>s mutations positives peuvent être sélectionnées. Il y a donc feedback<br />

entre l'accroissement <strong>de</strong> la population <strong>et</strong> ses chances d'amélioration génétique. Plus le<br />

séjour <strong>de</strong> l'espèce introduite se prolonge, plus les chances d'une ‘innovation’ génétique améliorant<br />

son invasiveness ont une chance <strong>de</strong> se produire (Crooks <strong>et</strong> Soulé, 1996).<br />

Un exemple <strong>de</strong> lag time en milieu marin est constitué par le mollusque bivalve Brachidontes<br />

pharaonis le long <strong>de</strong>s côtes d'Israël. C<strong>et</strong>te espèce lessepsienne a été signalée en Méditerranée<br />

orientale en 1869, 7 ans seulement après l'ouverture du canal <strong>de</strong> Suez ; elle s'y est progressivement<br />

répandue, atteignant la Sicile, tout en restant rare. Ce n'est que dans les années 1990s<br />

qu'elle est <strong>de</strong>venue invasive (jusqu'à 300 individus/100 cm²) sur les platiers <strong>de</strong>s côtes levantines.<br />

La cause première en serait la dégradation <strong>de</strong>s plateformes à verm<strong>et</strong>s (Dendropoma), où<br />

l'espèce indigène (Mytilaster minimus) est absente, ce qui y a diminué la sédimentation <strong>et</strong> a<br />

rendu l’habitat favorable à Brachidontes pharaonis. Dans un <strong>de</strong>uxième temps, ces peuplements<br />

<strong>de</strong>nses <strong>de</strong> B. pharaonis ont constitué une source saturante <strong>de</strong> larves, qui ont concurrencé<br />

M. minimus dans ses habitats habituels (Rilov <strong>et</strong> al., 2004). En mer Baltique, la progression<br />

récente <strong>de</strong> la moule Dreissena polymorpha, d'affinités tempérées chau<strong>de</strong>s <strong>et</strong> originaire <strong>de</strong> la<br />

mer Caspienne, serait due à l'augmentation <strong>de</strong> la température <strong>de</strong>s eaux (Galil <strong>et</strong> al., 2007).<br />

Dans le port <strong>de</strong> Los Angeles (Californie), l'isopo<strong>de</strong> perforant le bois Limnoria tripunctata a<br />

été introduit à la fin du 19 ième siècle ; ce n'est que dans les années 1960s qu'il a proliféré, provoquant<br />

même l'effondrement d'un ponton ; c'est la réduction <strong>de</strong> la pollution qui serait à l'origine<br />

<strong>de</strong> sa prolifération (Crooks <strong>et</strong> Soulé, 1996). Un exemple en milieu continental est constitué<br />

par Senecio squalidus, une plante du Sud <strong>de</strong> l'Europe, en Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne. Vers 1794,<br />

elle s'est échappée d'un jardin botanique à Oxford ; son expansion a été très lente jusque dans<br />

les années 1950s : Oxford, Londres <strong>et</strong> Cork (Irlan<strong>de</strong>) ; à partir <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te date, elle a envahi rapi<strong>de</strong>ment<br />

toutes les îles britanniques, en se déplaçant principalement le long <strong>de</strong>s voies ferrées.<br />

De même, l'arbre brésilien Melaleuca quinquenervia, introduit dans les Evergla<strong>de</strong>s (Flori<strong>de</strong>)<br />

au début <strong>de</strong>s années 1900s, n'a commencé à ‘exploser’ que dans les années 1950s ; parmi les<br />

causes possibles, une mutation favorable est envisagée. Au Danemark, le lag time <strong>de</strong> l'apiacée<br />

Hieracleum pubescens a été <strong>de</strong> 100-150 ans (Jørgensen, 1996). La jussie Ludwigia 95, originaire<br />

d'Amérique du Sud <strong>et</strong> introduite dans le Sud-Est <strong>de</strong> la France vers 1820, n’a commencé<br />

à progresser que dans les années 1970s (Dutartre, 2003).<br />

Le mo<strong>de</strong> d'expansion, à partir du site d'introduction, se fait soit <strong>de</strong> proche en proche (diffusion<br />

dispersal), soit par sauts (saltation dispersal) (Sakai <strong>et</strong> al., 2001).<br />

La vitesse d'expansion d'une espèce introduite est très variable (Tabl. XI, XII). Chez les<br />

MPOs <strong>de</strong> Méditerranée, l’expansion la plus rapi<strong>de</strong> a été celle <strong>de</strong> Caulerpa cylindracea (Verlaque<br />

<strong>et</strong> al., 2003 ; Ruiz <strong>et</strong> al., 2011). C<strong>et</strong>te vitesse varie en fonction <strong>de</strong>s paramètres suivants :<br />

95 Il y a en France <strong>de</strong>ux espèces <strong>de</strong> jussie : l'une est diploï<strong>de</strong>, Ludwigia peploi<strong>de</strong>s subsp. montevi<strong>de</strong>nsis <strong>et</strong> l'autre<br />

est décaploï<strong>de</strong>, L. grandiflora subsp. hexap<strong>et</strong>ala (Dan<strong>de</strong>lot <strong>et</strong> al., 2005).<br />

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