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invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...

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Lepido<strong>de</strong>rma albohirtum) ; le crapaud a proliféré (on estime sa population à 100 millions<br />

d'individus), se nourrissant d'à-peu-près tout ce qu'il trouve, y compris <strong>de</strong>s prédateurs du scarabée-cible,<br />

mais pas <strong>de</strong> ce scarabée, qui a modifié son comportement pour échapper au crapaud<br />

; non seulement le scarabée <strong>de</strong> la canne à sucre est plus abondant qu'auparavant, mais<br />

Rhinella marina constitue un nouveau problème : on ne sait pas comment s'en débarasser, <strong>et</strong> il<br />

continue à progresser, <strong>de</strong> 30 à 50 km/an, à travers l'Australie (Hedgp<strong>et</strong>h, 1993 ; Boll, 2002 ;<br />

Aldhous, 2004). Ses sécrétions, qu’il est capable <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>er à plus d’un mètre quand il se sent<br />

menacé, sont en outre très toxiques ; elles le protègent contre ses prédateurs potentiels <strong>et</strong><br />

constituent un problème pour la santé humaine ; elles peuvent causer la mort <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its animaux<br />

(chats, chiens). Rhinella marina a atteint le Parc national <strong>de</strong> Kakadu, près <strong>de</strong> Darwin<br />

(Aldhous, 2004). (ii) Un autre exemple d'erreur est celui <strong>de</strong> l'introduction <strong>de</strong> la mangouste<br />

dans <strong>de</strong> nombreuses îles (Caraïbes, Hawaii, Fiji, <strong>et</strong>c.), pour lutter contre les rats. Certes, en<br />

l'absence <strong>de</strong> prédateurs, les rats étaient <strong>de</strong>venus diurnes ; cependant, en présence <strong>de</strong> la mangouste,<br />

obligatoirement diurne, les rats ont rapi<strong>de</strong>ment repris un comportement nocturne,<br />

échappant à la mangouste. C<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière s'est alors attaquée aux espèces indigènes, y compris<br />

aux oeufs <strong>de</strong> tortues marines menacées (Coblentz, 1998). (iii) Le Lépidoptère d'Argentine<br />

Cactoblastis cactorum, dont l'introduction avait été un succès en Australie (voir page 177), a<br />

été introduit dans les Caraïbes en 1957, sans prendre en compte la riche flore <strong>de</strong> cactées indigènes<br />

du genre Opuntia du continent voisin. Il y est arrivé acci<strong>de</strong>ntellement en 1989 <strong>et</strong> s'attaque<br />

maintenant à 5 espèces, dont le très rare cactus sémaphore Opuntia spinosissima, considéré<br />

comme une espèce menacée (Simberloff, 1995 ; Strong <strong>et</strong> Pemberton, 2000). (iv) A<br />

Moorea (Polynésie française), on a introduit l'escargot terrestre du SE américain Euglandina<br />

rosea pour lutter contre l'escargot géant africain Achatina fulica, introduit auparavant. Il s'est<br />

en fait attaqué aux 7 espèces endémiques d'escargots du genre Partula, considérées aujourd'hui<br />

comme éteintes (Strong <strong>et</strong> Pemberton, 2000). La même erreur, avec pour conséquence la<br />

disparition d'une vingtaine d'espèces endémiques, a été commise à Hawaï <strong>et</strong> dans d'autres îles<br />

du Pacifique (Simberloff, 2000).<br />

Au total, les échecs <strong>de</strong> la lutte biologique sont beaucoup plus nombreux que les succès. Bright<br />

(1998) estime à 10-20% seulement le taux <strong>de</strong> succès. Aux USA, on ne compte que 30% <strong>de</strong><br />

succès chez les insectes exotiques utilisés dans le cadre <strong>de</strong> la lutte biologique ; concernant les<br />

insectes exotiques herbivores utilisés pour lutter contre <strong>de</strong>s magnoliophytes, le taux <strong>de</strong> succès<br />

est <strong>de</strong> 41% ( 177 ) ; mais, succès ou échec, 60% <strong>de</strong>s espèces utilisées pour la lutte biologique se<br />

sont naturalisées. En Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne, sur plus <strong>de</strong> 2 000 espèces d'insectes qui ont été utilisées<br />

pour la lutte biologique, environ 30% se sont naturalisées (Boudouresque <strong>et</strong> Ribera,<br />

1994 ; Williamson <strong>et</strong> Fitter, 1996 ; Louda <strong>et</strong> al., 1997 ; Schmitz <strong>et</strong> Simberloff, 1997).<br />

En milieu marin, pour lutter contre le cténophore Mnemiopsis leidyi en mer Noire, on a envisagé<br />

d'introduire un ou plusieurs prédateurs : <strong>de</strong>s téléostéens (Gadus morhua, Peprilus sp.<br />

plur.ou Oncorhynchus k<strong>et</strong>a) <strong>et</strong>/ou un cténophore, Beroe ovata. Dans l'Atlantique américain,<br />

les butterfish Peprilus burti <strong>et</strong> P. triacanthus sont connus pour se nourrir <strong>de</strong> Mnemiopsis leidyi<br />

<strong>et</strong> pour en contrôler les populations. Beroe ovata se nourrit d'autres cténophores (ou organismes<br />

similaires), dont Mnemiopsis leidyi, <strong>et</strong> ne consomme pas les copépo<strong>de</strong>s du zooplancton.<br />

Il consomme chaque jour au moins 20% <strong>et</strong> jusqu'à 80% <strong>de</strong> son propre poids (Finenko <strong>et</strong><br />

al., 2001 ; Shiganova <strong>et</strong> al., 2001a ; Finenko <strong>et</strong> al., 2003). Gadus morhua se nourrit <strong>de</strong> méduses,<br />

mais on ne sait pas s'il consomme M. leidyi ; en outre, il consomme également <strong>de</strong>s téléostéens<br />

d'intérêt commercial ; le saumon Onchorhyncus k<strong>et</strong>a est dans le même cas (Travis,<br />

177 Succès significatif : 20% ; un certain succès : 21 % ; aucun succès dans les 59% <strong>de</strong> cas restant (Louda <strong>et</strong><br />

al.,1997).<br />

178

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