invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...
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fallu 6-10 mois pour faire le tour du mon<strong>de</strong>. En 2002, le SRAS (syndrome respiratoire aigu<br />
sévère), apparu en Chine, a mis 3 mois pour faire le tour <strong>de</strong> la planète. Quant au virus <strong>de</strong> la<br />
grippe ‘mexicaine’, apparue en Avril 2009, quelques semaines lui ont suffi. L'avion a remplacé<br />
le bateau <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> <strong>de</strong>s expansions foudroyantes.<br />
La phase d’expansion ne se termine pas lorsque l’espèce a atteint les limites extrêmes <strong>de</strong> l’aire<br />
qui lui est potentiellement accessible : elle peut se poursuivre par l’occupation <strong>de</strong> sites situés à<br />
l’intérieur <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te aire mais non encore colonisés. C’est le cas par exemple <strong>de</strong> Sargassum<br />
muticum (straménopiles). Depuis les années 1990s, dans l’Atlantique, l’espèce est présente du<br />
Portugal à la Norvège, <strong>et</strong> sa progression ultérieure vers le Sud <strong>et</strong> le Nord a été très limitée<br />
(Fig. 12 ; Boudouresque <strong>et</strong> Ribera, 1995 ; Sánchez-Fernán<strong>de</strong>z, 2005). Mais ce n’est qu’entre<br />
2004 <strong>et</strong> 2007 que S. muticum a colonisé la côte Ouest <strong>de</strong> l’Ecosse (Harries <strong>et</strong> al., 2007).<br />
Contrairement à ce que l'on pourrait penser a priori, le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> dispersion <strong>de</strong>s larves par les<br />
courants, qui caractérise beaucoup d'espèces marines, ne rend pas leur expansion, quand elles<br />
sont introduites, plus rapi<strong>de</strong> que pour les espèces continentales : les vitesses d'expansion<br />
moyennes ne diffèrent en eff<strong>et</strong> pas significativement (mais voir Minchin <strong>et</strong> Eno, 2002). Du<br />
reste, pour les espèces marines, la vitesse d'expansion n'est pas corrélée à la durée <strong>de</strong> séjour <strong>de</strong><br />
leurs larves dans le plancton (Grosholz, 1996). Selon McCallum <strong>et</strong> al. (2003), toutefois, la<br />
conclusion <strong>de</strong> Grosholz (1996) selon laquelle il n'y a pas <strong>de</strong> différences entre milieu terrestre<br />
<strong>et</strong> marin est biaisée par le choix <strong>de</strong> ses modèles.<br />
Un flux <strong>de</strong> gène (gene flow) important au sein <strong>de</strong> la population introduite, donc entre le centre<br />
<strong>et</strong> les marges <strong>de</strong> l'aire, peut ralentir l'expansion marginale. En eff<strong>et</strong>, il peut empêcher les populations<br />
périphériques, qui rencontrent <strong>de</strong>s milieux différents <strong>de</strong> celui où s'est produite l'introduction,<br />
<strong>de</strong> s'adapter au nouvel environnement (Sakai <strong>et</strong> al., 2001).<br />
6.3. La phase <strong>de</strong> persistance : modèle A (boom and bust)<br />
Le modèle A (boom and bust) <strong>de</strong> cinétique d'une espèce introduite est la régression naturelle,<br />
interrompant sa phase d'expansion ou survenant à la fin <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te phase, lors <strong>de</strong> la phase<br />
<strong>de</strong> persistance (Fig. 48 ; Boudouresque, 1999a ; Boudouresque <strong>et</strong> Verlaque, 2012).<br />
C'est le cas par exemple (i) <strong>de</strong> Colpomenia peregrina (chromobiontes, straménopiles), dans<br />
l'Atlantique, au début du 20 ième siècle ; elle a connu un développement initial spectaculaire,<br />
couvrant plus ou moins complètement les parcs à huîtres ; quelques années après, C. peregrina<br />
était ‘rentrée dans le rang’, ne tenant plus qu'une place discrète dans les peuplements<br />
littoraux (Sauvageau, 1906, 1908b). (ii) En Méditerranée, Codium fragile var. tomentosoi<strong>de</strong>s<br />
(chlorobiontes, Archaeplastida) a connu une phase d'exubérance dans la région marseillaise au<br />
début <strong>de</strong>s années 1960s ; il était alors rej<strong>et</strong>é en gran<strong>de</strong> quantité sur les plages, lors <strong>de</strong>s tempêtes,<br />
constituant <strong>de</strong>s laisses suffisamment importantes pour que les autorités municipales les<br />
fassent enlever avec <strong>de</strong>s engins motorisés ; il a <strong>de</strong>puis régressé (Bellan-Santini <strong>et</strong> Picard,<br />
1984 ; Boudouresque, 1994). (iii) De même, Codium fragile var. tomentosoi<strong>de</strong>s était très<br />
abondant en 1954 dans le Massachus<strong>et</strong>ts (USA), mais y serait <strong>de</strong>venu rare par la suite (Coleman,<br />
1996, 1997). Dans le Dors<strong>et</strong> (Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne), Farnham (1997) indique que l'espèce<br />
indigène Codium tomentosum, qui avait décliné en raison <strong>de</strong> la compétition avec C. fragile,<br />
reconstitue ses populations. (iv) A Malinska (Croatie), Caulerpa taxifolia (MAAS ; chlorobiontes,<br />
Archaeplastida) a progressé entre 1994 <strong>et</strong> 1999, puis a naturellement décliné à partir<br />
<strong>de</strong> 2000, sans que la cause en soit déterminée (Iveša <strong>et</strong> al., 2006) ; une régression similaire<br />
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