invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...
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également suspectée <strong>de</strong> servir <strong>de</strong> vecteur au transfert d’autres parasites (Nosema ceranae,<br />
virus) (Core <strong>et</strong> al., 2012).<br />
Il existe <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> double transfert. Taenia saginata (platyhelminthes, métazoaires) était un<br />
parasite à <strong>de</strong>ux hôtes successifs : le lion <strong>et</strong> <strong>de</strong>s antilopes. Dans un premier temps, il a été capturé<br />
par l'homme (remplaçant le lion), quand l'homme est <strong>de</strong>venu prédateur. Dans un <strong>de</strong>uxième<br />
temps, l'homme l'a transféré aux bovidés, quand il les a domestiqués, <strong>de</strong> telle sorte que<br />
les <strong>de</strong>ux hôtes sont <strong>de</strong>venus l'homme <strong>et</strong> le bœuf. De même, Taenia solium était un parasite<br />
dont les <strong>de</strong>ux hôtes étaient la hyène <strong>et</strong> <strong>de</strong>s herbivores ; il a d'abord été transféré à l'homme,<br />
puis l'homme l'a transféré au porc, <strong>de</strong> telle sorte que les <strong>de</strong>ux hôtes successifs sont <strong>de</strong>venus<br />
l'homme <strong>et</strong> le porc.<br />
Le parasite n'est généralement pas mortel pour son hôte originel, avec lequel il a coévolué. Ce<br />
n'est en eff<strong>et</strong> pas l'intérêt du parasite <strong>de</strong> tuer son hôte, ou <strong>de</strong> le tuer trop vite pour qu'il ait eu le<br />
temps <strong>de</strong> le transm<strong>et</strong>tre à d'autres. Par exemple, les trois chauves-souris qui servent <strong>de</strong> réservoir<br />
au virus ébola ne présentent aucun signe <strong>de</strong> maladie. En revanche, chez l'homme, 70%<br />
<strong>de</strong>s 1 848 personnes infectées sont mortes, du reste trop rapi<strong>de</strong>ment pour qu'il y ait contagion<br />
importante <strong>et</strong> développement d'une épidémie. De même, les chauves-souris qui hébergent le<br />
virus SRAS n'en semblent pas affectées. Le fait que Plasmodium vivax, un <strong>de</strong>s agents du paludisme,<br />
soit moins virulent chez l'homme (l'issue est rarement fatale) que P. falciparum<br />
pourrait indiquer un transfert plus ancien pour P. vivax: 45 000 à 80 000 ans ? La co-évolution<br />
entre l'homme <strong>et</strong> son parasite a eu le temps <strong>de</strong> réduire la virulence du parasite <strong>et</strong>/ou la sensibilité<br />
<strong>de</strong> l'homme (Mu <strong>et</strong> al., 2005). Chez Plasmodium falciparum, en revanche, le transfert du<br />
chimpanzé vers l'homme se serait produit il y a environ 6 000 ans, en Afrique 32 ; le temps<br />
écoulé n'est pas suffisant pour que la perte <strong>de</strong> virulence se soit produite : P. falciparuma tué<br />
jusqu’à 2 millions <strong>de</strong> personnes par an. En 2009, il a infecté 225 millions <strong>de</strong> personnes <strong>et</strong> en a<br />
tué 781 000 (données <strong>de</strong> l’OMS, Organisation Mondiale <strong>de</strong> la Santé).<br />
Les <strong>transferts</strong> incompl<strong>et</strong>s constituent un cas particulier. C'est le cas <strong>de</strong> Toxoplasma gondii<br />
(apicomplexes, alvéolés). Le cycle biologique <strong>de</strong> ce parasite comporte <strong>de</strong>ux hôtes. Le premier<br />
est un rongeur, le second un félin prédateur du premier hôte, habituellement le chat. Comme<br />
c'est souvent le cas chez les parasites à plusieurs hôtes, T. gondii manipule le comportement<br />
du rongeur pour faciliter sa prédation par le chat ; il se loge généralement dans le cerveau.<br />
L'homme est souvent contaminé par T. gondii, en tant que premier hôte ; mais le transfert est<br />
incompl<strong>et</strong>. En eff<strong>et</strong>, c'est une impasse (<strong>de</strong>ad-end) pour le parasite, puisque il est très improbable<br />
que <strong>de</strong>s chats mangent <strong>de</strong>s hommes. Toutefois, on a montré que le comportement <strong>de</strong><br />
l'homme est manipulé par le parasite ; en particulier, le machisme (<strong>et</strong> l'accroissement <strong>de</strong> la<br />
‘prise <strong>de</strong> risques’ qui lui est associé ?) sont accrus 33 (Webster, 2001 ; Lafferty, 2006).<br />
Les Echinococcus (platyhelminthes, métazoaires) constituent d'autres exemples <strong>de</strong> <strong>transferts</strong><br />
incompl<strong>et</strong>s. Echinococcus granulosus est parasite <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux hôtes successifs, le chien <strong>et</strong> le<br />
mouton. Echinococcus multilocularis est parasite du renard <strong>et</strong> du campagnol Arvicola terrestris.<br />
Dans les <strong>de</strong>ux cas, l'homme constitue une impasse pour le parasite ; il y détermine toutefois<br />
<strong>de</strong>s affections très graves, surtout dans le cas d’E. multilocularis. C'est également le cas<br />
32 En fait, un premier transfert se serait produit il y a 50 000-100 000 ans. L'homme aurait alors emporté avec<br />
lui, hors d'Afrique, Plasmodium falciparum. Toutefois, la faiblesse <strong>de</strong>s effectifs <strong>de</strong>s populations humaines concernées<br />
expliquerait la possible absence <strong>de</strong> conséquences majeures. Le véritable transfert s'est bien produit en<br />
Afrique, vers 6 000 ans BP, lors du développement <strong>de</strong> l'agriculture <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'expansion démographique qui en a<br />
résulté (Joy <strong>et</strong> al., 2003).<br />
33 Toxoplasma gondii est également responsable, chez la femme enceinte, <strong>de</strong> graves malformations du fœtus.<br />
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