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invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...

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auparavant 20 (P<strong>et</strong>ersen <strong>et</strong> al., 1992 ; Carlton, 1996a, 1996d, 1999 ; Minchin <strong>et</strong> Eno, 2002). (v)<br />

La carpe Cyprinus carpio, un téléostéen d'eau douce, sans doute natif <strong>de</strong> l'Est <strong>de</strong> l'Europe <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> Turquie, semble avoir été introduite par l'homme en Europe occi<strong>de</strong>ntale ; en ce qui concerne<br />

la France, elle y serait arrivée au 13 ième siècle. (vi) L'huître portugaise Crassostrea angulata<br />

<strong>et</strong> l'huître japonaise C. gigas sont très proches morphologiquement 21 <strong>et</strong> donnent <strong>de</strong>s hybri<strong>de</strong>s<br />

viables (Huv<strong>et</strong> <strong>et</strong> al., 2001 ; Sol<strong>et</strong>chnik <strong>et</strong> al., 2002) ; c'est la raison pour laquelle la<br />

plupart <strong>de</strong>s auteurs considèrent qu'il s'agit <strong>de</strong> la même espèce, <strong>et</strong> que C. angulata correspond à<br />

une introduction d'extrême orient (peut-être <strong>de</strong> Taiwan) au Portugal, au 15 ième ou au 16 ième<br />

siècle (Edwards, 1976 ; Zibrowius, 1991 ; Carlton, 1996a, 1996d, 1999 ; Drinkwaard, 1999 ;<br />

Huv<strong>et</strong> <strong>et</strong> al., 2000 ; Galil, 2001 ; Sol<strong>et</strong>chnik <strong>et</strong> al., 2002) ; les différences morphologiques <strong>et</strong><br />

physiologiques proviendraient du fait que les populations européennes <strong>de</strong> C. angulata, fondées<br />

par un p<strong>et</strong>it nombre d'individus introduits, ne représenteraient qu'une partie <strong>de</strong> la variabilité<br />

génétique <strong>de</strong> C. gigas, celle <strong>de</strong>s populations <strong>de</strong> Taiwan (Huv<strong>et</strong> <strong>et</strong> al., 2000). (vii) De<br />

même, le scléractiniaire Oculina patagonica, originaire semble-t-il <strong>de</strong> l'Atlantique tempéré<br />

sud-américain, pourrait avoir été introduit en Méditerranée (Sud-Est <strong>de</strong> l'Espagne) au 16 ième<br />

ou au 17 ième siècle (Fig. 9 ; Zibrowius, 1991 ; Fine <strong>et</strong> al., 2001). (viii) Le chlorobionte Halimeda<br />

opuntia est d'origine indo-pacifique, ainsi que le montre l'étu<strong>de</strong> génétique <strong>de</strong> ses populations.<br />

Au Brésil <strong>et</strong> dans les Caraïbes, sa présence n'est attestée que <strong>de</strong>puis le début du 18 ième<br />

siècle, ce que confirme l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> carottes <strong>de</strong> sédiments. Il a donc pu être introduit, via le fouling,<br />

par les premières circum-navigations ; il est d'ailleurs possible que les populations du<br />

Brésil <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Caraïbes correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>ux introductions indépendantes (Kooistra <strong>et</strong> Verbruggen,<br />

2005). (ix) Enfin, toutes les espèces <strong>de</strong> moules du genre Mytilus qui ont été décrites<br />

<strong>de</strong> l'hémisphère Sud correspondraient à <strong>de</strong>s introductions anciennes involontaires à partir d'espèces<br />

<strong>de</strong> l'hémisphère Nord 22 (Tabl. III ; Carlton, 1999).<br />

Dans le domaine continental, <strong>de</strong> nombreuses espèces ont été introduites il y a plusieurs millénaires,<br />

au néolithique, par les premiers agriculteurs. C'est le cas par exemple du coquelicot<br />

Papaver rhoeas <strong>et</strong> du bleu<strong>et</strong> Centaurea cyanus 23 (embryophytes, Archaeplastida). Le mouflon<br />

<strong>de</strong> Corse (Ovis gmelini ssp. musimon var. corsicana = O. ammon) serait le <strong>de</strong>scendant <strong>de</strong><br />

moutons amenés par les hommes néolithiques, <strong>et</strong> r<strong>et</strong>ournés à l'état sauvage 24 25 (Fig. 10). En<br />

20 Plus exactement, Mya arenaria est originaire du Pacifique Nord, où c<strong>et</strong>te palour<strong>de</strong> vivait au Miocène. A la fin<br />

du Miocène, elle est entrée dans l'Atlantique Ouest. Elle a atteint l'Europe à la fin du Pliocène, mais elle s'y est<br />

éteinte au début du Pléistocène, <strong>de</strong> même que dans le Pacifique. Elle a été réintroduite dans le Pacifique Nord<br />

(San Francisco) au 19 ième siècle, <strong>et</strong> a été introduite en mer Noire vers 1960 (Lasota <strong>et</strong> al.,2004).<br />

21 Bien que <strong>de</strong>s différences génétiques entre Crassostrea angulata <strong>et</strong> C. gigas aient été mises en évi<strong>de</strong>nce<br />

(Drinkwaard, 1999 ; Sol<strong>et</strong>chnik <strong>et</strong> al.,2002), leur appartenance à un cla<strong>de</strong> unique ne fait pas <strong>de</strong> doute (Reece <strong>et</strong><br />

al., 2008).<br />

22 Des passages antérieurs (Pléistocène), du Nord vers le Sud, non liés à l'Homme, sont également envisagés<br />

(Hilbish <strong>et</strong> al., 2000).<br />

23 Il est curieux <strong>de</strong> constater que la régression actuelle du bleu<strong>et</strong> est souvent perçue comme une atteinte à la<br />

biodiversité, alors qu'il s'agit en fait d'une introduction très ancienne (Lambinon, 1994). Nous sommes ici aux<br />

frontières entre l'écologie <strong>et</strong> la défense du patrimoine culturel.<br />

24 On appelle feral (nom anglais correspondant au français ‘har<strong>et</strong>’ dans le cas <strong>de</strong>s chats), ou ‘marron’, un animal,<br />

ou une population, <strong>de</strong>scendant d'un animal domestique r<strong>et</strong>ourné à l'état sauvage. Le phénomène s'appelle le<br />

‘marronnage’.<br />

25 Par la suite, le mouflon <strong>de</strong> Corse a été introduit délibérément en Autriche, Hongrie, Italie, Allemagne, Suisse,<br />

Roumanie, Pologne <strong>et</strong> même au Texas <strong>et</strong> à Hawaii (Planhol, 2004 ; Mattei, 2006). En France, il a été introduit<br />

dans les Cévennes, afin <strong>de</strong> favoriser la chasse ; les chasseurs l'ont rapi<strong>de</strong>ment quasi-exterminé ; c'est le Parc<br />

national <strong>de</strong>s Cévennes qui a permis la reconstitution d'une p<strong>et</strong>ite population. Il est intéressant <strong>de</strong> noter que le<br />

mouflon sauvage (Ovis ammon) a vécu en Europe du Sud jusque vers 300 000 ans BP ; il constituait une proie<br />

majeure pour l’Homme (Monchot, 1996) ; son extinction locale (il a subsisté en Asie) est sans doute attribuable à<br />

l’Homme, <strong>de</strong> telle sorte que son ‘introduction’ en Europe du Sud est en réalité une réintroduction.<br />

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