invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...
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Crawley, 1986 ; Newsome <strong>et</strong> Noble, 1986 84 ; Occhipinti-Ambrogi, 1992 ; Bright, 1998 ; Sakai<br />
<strong>et</strong> al., 2001 ; Shea <strong>et</strong> Chesson, 2002 85 ; Clay, 2003 ; Torchin <strong>et</strong> al., 2003 ; Colautti <strong>et</strong> al.,<br />
2004 ; Blumenthal, 2005, 2006 ; MacLeod <strong>et</strong> al., 2010 ; mais voir Agrawal <strong>et</strong> Kotanen, 2003),<br />
ou l’absence <strong>de</strong> prédateurs généralistes susceptibles <strong>de</strong> s’adapter à sa consommation (Shea <strong>et</strong><br />
Chesson, 2002).<br />
C'est le cas, en Br<strong>et</strong>agne, du mollusque Crepidula fornicata, qui n'a pratiquement pas <strong>de</strong> prédateurs<br />
(Hamon, 1996 ; Soulas <strong>et</strong> al., 2001) <strong>et</strong>, en mer Noire <strong>et</strong> mer Caspienne, du cténophore<br />
Mnemiopsis leidyi 86 (Ivanov <strong>et</strong> al., 2000). En Méditerranée, le chlorobionte introduit Caulerpa<br />
taxifolia (MAAS) est fortement évité par l'oursin Paracentrotus lividus (Boudouresque<br />
<strong>et</strong> al.,1996) ; même le mollusque Ascoglosse Oxynoe olivacea, qui appartient à un genre spécialisé<br />
dans la consommation <strong>de</strong>s Caulerpa, préfère brouter l'espèce indigène C. prolifera<br />
plutôt que C. taxifolia (Gianguzza <strong>et</strong> al., 2001). En Galice (Espagne), les gastropo<strong>de</strong>s Littorina<br />
littorea <strong>et</strong> Aplysia punctata préfèrent les MPOs indigènes à Sargassum muticum 87 (Cacabelos<br />
<strong>et</strong> al., 2010). En Nova Scotia (Canada), l'oursin Strongylocentrotus droebachiensis préfère<br />
Laminaria longicruris à l'espèce introduite Codium fragile var. tomentosoi<strong>de</strong>s ; s'il consomme<br />
c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière, en l'absence <strong>de</strong> la première, ses gona<strong>de</strong>s ne se développent pas (Scheibling<br />
<strong>et</strong> Anthony, 2001 ; Sumi <strong>et</strong> Scheibling, 2005). Dans le golfe du Maine (USA), le bryozoaire<br />
introduit Membranipora membranacea, originaire d'Europe, est libéré <strong>de</strong> son principal<br />
prédateur, le nudibranche Polycera quadrilineata (Pratt <strong>et</strong> Grason, 2007). En Californie, l'hybri<strong>de</strong><br />
invasif entre Spartina foliosa (magnoliophyte indigène) <strong>et</strong> S. alterniflora (espèce introduite<br />
<strong>de</strong>puis la côte atlantique d'Amérique du Nord) est moins palatable que chacune <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
espèces parentes ; les oies Branta cana<strong>de</strong>nsis l'évitent fortement <strong>et</strong> favorisent donc l'expansion<br />
<strong>de</strong> l'hybri<strong>de</strong> (Grosholz, 2010).<br />
Inversement, l'insuccès <strong>de</strong>s MPOs <strong>de</strong>s Caraïbes, tout au moins <strong>de</strong> ceux qui peuvent surmonter<br />
la barrière <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssalure, à franchir le canal <strong>de</strong> Panama <strong>et</strong> à s'installer dans le Pacifique, serait<br />
dû à la plus forte pression d'herbivorie qui règne côté Pacifique par rapport au côté Atlantique<br />
(Hay <strong>et</strong> Gaines, 1984). De même, sur la côte Est <strong>de</strong>s USA, le crabe européen Carcinus maenas<br />
est limité en abondance <strong>et</strong> en extension géographique (il n'a par exemple pas réussi à coloniser<br />
la baie <strong>de</strong> Chesapeake), par le crabe prédateur indigène Callinectes sapidus (DeRivera<br />
<strong>et</strong> al., 2005).<br />
Dans le domaine continental, le rat Rattus rattus héberge beaucoup moins <strong>de</strong> parasites en<br />
Amérique (où il est d'introduction relativement récente) qu'en Europe (introduction plus ancienne)<br />
(Clay, 2003). Chez les oiseaux introduits en Nouvelle Zélan<strong>de</strong> à partir <strong>de</strong> l'Irlan<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Br<strong>et</strong>agne, 62 à 70% <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> poux <strong>de</strong> l'aire d'origine sont absents (MacLeod<br />
<strong>et</strong> al., 2010). Globalement, les espèces introduites ont en moyenne <strong>de</strong>ux fois moins <strong>de</strong><br />
parasites que dans leur région d'origine (Torchin <strong>et</strong> al., 2003). En Europe, Carpobrotus edulis<br />
<strong>et</strong> l'hybri<strong>de</strong> C. cf acinaciformis (magnoliophytes) ont une production primaire réduite <strong>de</strong> 32%<br />
si on les cultive sur un sol <strong>de</strong> leur région d'origine, l'Afrique du Sud ; cela indique que leur<br />
succès en Europe est favorisé par l'absence <strong>de</strong> pathogènes présents dans le sol d'Afrique du<br />
Sud (Van Grunsven <strong>et</strong> al., 2009). Plusieurs raisons peuvent expliquer pourquoi une espèce<br />
introduite perd une partie <strong>de</strong>s parasites <strong>de</strong> sa région d'origine (MacLeod <strong>et</strong> al., 2010) : (i) Par<br />
hasard, en raison <strong>de</strong> l'hétérogénéité <strong>de</strong> la distribution <strong>de</strong>s parasites, la population fondatrice<br />
84 La théorie est nommée ‘Predator release effect’ par Newsome <strong>et</strong> Noble (1986).<br />
85 La théorie est nommée ‘Natural enemy escape opportunities’.<br />
86 Avant l'introduction <strong>de</strong> son prédateur Beroe ovata (voir plus loin).<br />
87 L’oursin Paracentrotus lividus, toutefois, ne manifeste pas <strong>de</strong> préférence entre l’espèce introduite Sargassum<br />
muticum <strong>et</strong> les espèces indigènes (Vacchi <strong>et</strong> al., 2010).<br />
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