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invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...

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eaux avant le déballastage (Carlton, 1998 ; Raaymakers, 2002 ; voir § 11.6). D'une façon générale,<br />

l'établissement <strong>de</strong> listes noires (black lists ou dirty lists) constituerait un progrès certain<br />

: toutes les espèces qui, ici ou là dans le mon<strong>de</strong>, ont révélé un comportement invasif, <strong>de</strong>vraient<br />

y être inscrites, <strong>et</strong> leur transport contrôlé ou strictement interdit. La méthodologie pour<br />

l'établissement <strong>de</strong> telles listes commence à être bien établie dans le domaine continental (Vilà<br />

<strong>et</strong> al., 2000). Mais en fait, l'inscription d'une espèce sur une liste noire risque d'être trop tardive<br />

: l'espèce dont la dangerosité est bien démontrée a probablement déjà été introduite dans<br />

la plupart <strong>de</strong>s régions où elle pouvait l'être. C'est la raison pour laquelle <strong>de</strong>s listes blanches<br />

(white lists ou clean lists) seraient beaucoup plus efficaces, sur le modèle <strong>de</strong> ce qu'a institué la<br />

législation néo-zélandaise : les espèces inscrites sur les listes blanches, les seules dont le<br />

transport soit autorisé, sont celles dont la non-dangerosité a été démontrée, ou est très probable<br />

(Simberloff, 1998). Les listes blanches, basées sur le principe <strong>de</strong> précaution <strong>et</strong> sur<br />

l'inversion <strong>de</strong> la charge <strong>de</strong> la preuve, sont la seule forme efficace <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s introductions<br />

d'espèces 163. Par ailleurs, le respect <strong>de</strong> la législation laisse à désirer ; en Californie, où<br />

le Fe<strong>de</strong>ral Noxious Weed Act <strong>et</strong> le California Fish and Game Co<strong>de</strong> 2300 banissent Caulerpa<br />

taxifolia <strong>et</strong> 8 autres espèces du genre Caulerpa (importation, possession <strong>et</strong> vente), ces espèces<br />

sont toujours en vente dans le commerce aquariologique, en particulier en raison <strong>de</strong>s difficultés<br />

taxonomiques pour distinguer les espèces autorisées <strong>et</strong> interdites (Frisch-Zaleski <strong>et</strong> Murray,<br />

2006).<br />

‘The risk assessment, for non-indigenous species, is currently an art rather than a science.’<br />

Daniel Simberloff (1998)<br />

Prédire le risque (risk assessment) pour une substance chimique ou un aménagement littoral<br />

est déjà difficile. Prédire ce risque pour une espèce introduite est toutefois infiniment plus<br />

difficile : les espèces se reproduisent, les espèces se déplacent (parfois sur <strong>de</strong> longues distances),<br />

<strong>et</strong> enfin les espèces évoluent. L'introduction d'une espèce constitue donc une sorte <strong>de</strong><br />

‘roul<strong>et</strong>te russe’, que Carlton <strong>et</strong> Geller (1993) ont nommée roul<strong>et</strong>te écologique. Le concept <strong>de</strong><br />

liste blanche, plutôt que <strong>de</strong> liste noire, apparaît donc comme le seul capable <strong>de</strong> minimiser le<br />

risque, sans jamais l'abolir. En matière d'espèces introduites, comme dans tous les autres domaines,<br />

le risque zéro n'existe pas (Carlton <strong>et</strong> Geller, 1993 ; Simberloff, 1998). Néanmoins,<br />

si l'on examine la liste <strong>de</strong>s espèces marines introduites en France, on constate que 95% <strong>de</strong>s<br />

introductions auraient pu être facilement évitées, sans contraintes disproportionnées pour le<br />

public <strong>et</strong> les professionnels.<br />

11.5. Les introductions liées à l'aquaculture <strong>de</strong>s mollusques<br />

Lors <strong>de</strong>s <strong>transferts</strong> <strong>de</strong> bassin à bassin, il serait nécessaire <strong>de</strong> débarasser les mollusques <strong>de</strong><br />

leurs épibiontes. Le brossage s'avère inefficace. Le trempage dans l'eau douce également. En<br />

163 Dans le cas <strong>de</strong>s listes noires, il faut démontrer qu'une espèce serait nuisible si elle était introduite, ce qui est<br />

toujours difficile, compte tenu <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s scientifiques. L'inversion <strong>de</strong> la charge <strong>de</strong> la preuve (reversal of<br />

the bur<strong>de</strong>n of proof), qui caractérise les listes blanches, contourne l'incertitu<strong>de</strong> scientifique, puisqu'il appartient<br />

au <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> démontrer qu'une introduction éventuelle n'aura pas <strong>de</strong> conséquences nuisibles (Watson-<br />

Wright, 2005). C<strong>et</strong>te inversion <strong>de</strong> la charge <strong>de</strong> la preuve régit <strong>de</strong>puis longtemps l’industrie pharmaceutique : ce<br />

n’est pas à l’Administration <strong>de</strong> la santé publique qu’il appartient <strong>de</strong> démontrer qu’un nouveau médicament est<br />

dangereux pour que sa commercialisation soit interdite, mais au laboratoire pharmaceutique <strong>de</strong> démontrer qu’il<br />

est efficace <strong>et</strong> non-dangereux <strong>et</strong> qu’il peut donc être autorisé. Bien sûr, c<strong>et</strong>te pratique peut s’avérer insuffisante,<br />

comme <strong>de</strong>s exemples récents l’ont démontré.<br />

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